Neptune 2

By henovaa

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Après la tempête vient le beau temps, cependant Alma l'attend encore. Trois mois après que sa vie se soit tra... More

Note de l'auteure
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24 - Ezra
Chapitre 25
Chapitre 26 - Noa
Chapitre 27
Chapire 28
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33 - Ezra
Chapitre 34
Chapitre 35
Remerciements

Chapitre 29

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By henovaa

♪ Rescue - Lauren Daigle ♪

__

Je suis réveillée par un bruit contre la porte. Lorsque j'ouvre les yeux, le blond est déjà debout. Il a passé une serviette autour de sa taille et vient à la rencontre de la personne qui toque.

— Je m'en charge, merci, lance ce dernier en fermant la porte à l'aide de ses pieds.

Je me frotte les paupières. La nuit a été courte. Je ne sais pas à quelle heure nous nous sommes couchés, mais ce qui est sûr, c'est que je n'ai pas mon quota d'heures de sommeil habituel.

Je souris légèrement. Il me le rend immédiatement et me tend sa main pour que je puisse me lever. Je l'attrape et me met à genoux. Il m'enlace et nous fait basculer sur le côté, mais je l'entraîne sur le sol pour ne pas que le plateau tombe.

—  Ezra ! m'écrié-je, morte de rire.

Il rit légèrement et me serre contre lui. Il réussit même à se relever en me tenant toujours dans ses bras. Je fais passer mes jambes de part et d'autre de ses hanches. Je pourrais rester là toute la vie.

—  Qu'est-ce que tu veux manger ? me demande-t-il en me déposant sur le canapé.

Toi.

— Des pancakes avec du sirop d'érable s'il te plaît.

Je crois que ça faisait facilement un an que je n'avais pas mangé le matin, mais là, je meurs de faim.

—  Tu as pu chargé ton téléphone ? lui demandé-je.

—  Oui, on branchera le tien dans l'auto.

—  Tu as des nouvelles ?

—  Romy nous attend à midi dans le centre avec Maylin, c'est tout. Elle ne m'a rien dit d'autre.

Je hoche la tête et avale mon verre de jus d'orange. Il prépare son café en gardant un œil sur moi. Je ne sais pas ce qu'il ressent et j'ai besoin de savoir.

— Est-ce que ça va ?

— Je crois que oui, me répond-il en feignant un léger sourire, j'ai bien dormi.

Je souris légèrement, un peu rassurée. Il nous faudra du temps pour encaisser la nouvelle, c'est certain. Mais on s'en sortira, j'en suis convaincue.

— On a combien de temps devant nous ?

— Assez de temps pour en profiter, réplique-t-il, un petit sourire au coin.

Je manque d'avaler de travers. Parfois, sa répartie me surprend tellement que je n'arrive pas à cacher ce que je ressens.

— Tu es toute rouge, me fait-il remarquer.

— Il fait chaud aujourd'hui, rétorqué-je.
—    J'ai allumé la climatisation, déclare-t-il sans quitter son foutu sourire aux lèvres.

Je lève les yeux en l'air et termine mon pancake dans le calme. Il boit rapidement son café et retourne s'allonger sur le lit.

—    Nos vêtements ont dû sécher, peut-être qu'on aura pas besoin d'aller en acheter.

—    Là maintenant, j'aimerais plutôt te retirer ce que tu portes, réplique-t-il en me regardant dans le blanc des yeux.

Je ne peux m'empêcher de sourire bêtement. Il a ce don d'aborder des choses aussi importantes avec une douceur infinie.

Je m'assieds sur le rebord du lit, un peu en retrait. Il se relève et appuie son dos contre le cadre du lit.

—    Donc... Tu veux me retirer ton t-shirt, continué-je.

—    Et ce que tu portes en bas, rétorque-t-il d'une voix un peu plus grave que d'ordinaire.

Il me tire contre lui. Je passe mes jambes de chaque côté de ses hanches et me retrouve à califourchon.

—    Et quelle genre d'activité me proposes-tu ? sourié-je.

—    À toi de deviner, conclue-t-il en déposant ses lèvres sur les miennes.

Sa bouche est chaude. Nos corps s'embrasent et se cherchent. Ce que j'adore avec Ezra, c'est qu'il a beau être le cliché parfait de l'américain magnifique, sa personnalité est vraiment différente.

Il est calme, doux et patient. C'est un vrai romantique et je sais qu'il m'aime. Je le sens. Je n'ai pas besoin qu'il me le prouve, parce que je n'ai qu'à le regarder pour me sentir aimée.

—    Ça devrait interdit d'être aussi belle le matin, me soupire-t-il en plongeant sa tête dans mon cou.

—    C'est plutôt moi qui devrais dire ça, répliqué-je, amusée.

Le reste n'est autre qu'amour et tendresse. Nous nous aimons une nouvelle fois de la manière la plus douce possible. On est jeunes et la vie nous bousille un peu trop souvent en ce moment, et malgré tout, on arrive à se trouver des petits moments comme ça, précieux, qui me font croire qu'on arrivera à s'en sortir.

Les regrets m'assaillent. J'aurais dû lui dire ce que j'avais sur le cœur bien avant. Peut-être que ça nous aurait donné plus de temps.

—    Tout va bien ? me murmure-t-il contre ma tempe alors que nous sommes confortablement enlacés.

—    Oui. Je pensais juste que... J'aurais dû t'en parler avant.

—    Du déménagement ?

—    Non, de ce que je ressentais.

Il soupire et me fait basculer au-dessus de lui.

—    Je te connais. Ne t'empoisonne pas avec ce genre de pensées, d'accord ? Je ne sais même pas si j'aurais su te répondre. Peut-être que ça aurait été trop tôt. Tu as choisi le moment parfait.

Je souris, rassurée et dépose un baiser sur sa joue.

—    Tiens tiens, je connais une personne qui m'a dit que les moments parfaits n'existent jamais...

—    Cette personne revient sur ses propos et déclare que certains moments peuvent être parfaits si on les passe avec Alma Myaz, conclue-t-il en me chatouillant les côtes.

Je n'arrive pas à me retenir et gesticule dans tous les sens, beaucoup trop sensible. Il continue, et très vite, la situation dérape. C'est nos éclats de rire qui réchauffent la pièce, alimentée par le bonheur.

Faites que mon cœur se souvienne à jamais de ce genre de moments.

***

Lorsque nous sortons de l'hôtel, il pleuvote légèrement. Comme prévu, nos vêtements de la veille sont presque secs. Seul le jean du blond fait de la résistance, ce qui agace Ezra. Je sais qu'il est maniaque et qu'il déteste lorsque il paraît négligé, mais à côté de moi et ma combinaison toute froissée, je pense que ça peut passer.

—    Il faut que je m'achète un bas, me lance-t-il en entrant dans sa voiture.

—    Ça te gêne autant que ça ?

—    C'est horrible, je ne vais pas réussir à passer un jour dans un jean mouillé.

Je souris et ne rajoute rien. Je me souviens qu'à New York, il avait trempé ses pieds dans l'eau et que son bas avait été éclaboussé. Ça l'avait énervé, mais il n'avait rien laissé paraître pour ne pas gâcher l'instant présent.

—    Tu te souviens lorsqu'on a couru sur la plage à Coney Island ? murmuré-je.

Concentré sur la route, il ne tourne pas la tête vers moi, mais je peux apercevoir très clairement son sourire en coin.

—    Je t'ai suivi sans même réfléchir.

—    J'ai adoré ce moment, lui confié-je, nostalgique.

—    Moi aussi. Un jour, je t'emmènerais sur les plages québécoises. Il y en a de très jolies. Mais je préfère le lac, au moins, l'eau n'est pas salé.

—    Tu as vraiment appris à nager grâce à Charlie où il disait ça pour se vanter ?

—    Non, c'est vrai. C'était notre premier été dans sa maison de vacances. Son père nous a aussi appris à pêcher et à faire du feu. Je crois que je n'oublierais jamais le jour où son poisson était plus lourd que lui et qu'il est tombé à l'eau, ricane-t-il en secouant la tête.

Je ris, amusée. J'imagine deux jeunes garçons de douze ans qui passent leur été ensemble au bord d'un lac. Qu'est-ce que ça doit être génial que de vivre des vacances avec ses amis, je n'en ai jamais eu l'occasion.

Parce que je n'en avais pas vraiment, avant.

—    Je m'achète juste un jean et on ressort, promis, me lance-t-il en se garant sur le parking de Walmart.

Et il a encore une fois tenu sa promesse. Après quinze minutes passées à l'intérieur du magasin géant, le blond ressort avec un jogging gris qui tombe sur merveilleusement bien sur ses hanches. Malheureusement pour lui, il ne restait que des pantalons skinny, et il a horreur de ça.

—    Ne te moque pas, me menace-t-il.

J'étouffe mon rire en passant mon nouveau pull noir au-dessus de ma tête. Il fait trop frais pour que je garde mon dos nu.

—    Je trouve que ça te va vraiment bien. En plus, tu portais déjà quelque chose de gris, ça reste uniforme.

—    C'est confortable au moins, tente-t-il de s'y faire.

—    On va rejoindre les filles ?

—    Maylin te manque un peu trop si tu veux mon avis, plaisante-t-il, oui, elles nous attendent sur la rue Sainte-Catherine.

—    On va faire du shopping en fin de compte ?

—    Elles vont récupérer leurs robes pour le bal de fin d'année. Tu as déjà la tienne ?

J'écarquille soudainement les yeux. Dans toute cette pagaille, j'ai complètement oublié de trouver ma robe de bal.

—    Ne t'en fais pas, il y a des centaines de choix.

—    Je n'y ai même pas pensé... C'est vraiment grave, soupiré-je.

—    Hey, miss curieuse, ce n'est rien. C'est juste un stupide bal de danse pour clôturer le secondaire. Et tu es déjà ma reine, me dit-il en plantant son regard dans le mien.

Je lui souris et enlace ses doigts aux miens, émue.

—    Tu me feras l'honneur d'être mon cavalier ? lui demandé-je, le cœur battant.

—    Avec grand plaisir, réplique-t-il en me souriant.

***

Nous arrivons avec une vingtaine de minutes de retard. Les filles sont déjà entrées dans une boutique. Je suppose que c'est là où elles ont fait leurs essayages. Arya y avait été il y a deux semaines avec sa mère. C'est le genre de moment mère/fille que tu ne vis jamais deux fois et que tu es impatiente de partager. Moi, en plus de ne pas y être allée, j'ai une génitrice qui n'a même pas daigné me rappeler que cela allait arriver. Elle doit être au courant, je sais qu'elle est très amie avec la mère de ma meilleure amie. Il faut croire que sa vraie nature est bien cachée.

—    Tu as déjà des idées ? me demande le blond à ma droite.

Je secoue la tête. Ce n'est pas par manque de choix, bien au contraire. Il y en a tellement que je ne sais pas par quoi commencer. C'est juste que je suis un peu prise au dépourvu, et qu'en plus, je ne sais pas combien je peux me permettre de mettre dedans.

—    Les filles font leurs dernières retouches, tu peux regarder si des robes t'intéressent ? Tu n'es pas obligée d'en mettre une tu sais, se reprend-il aussitôt, c'est-...

—    Ezra, sourié-je, je vais faire un petit tour. Et j'aimerais beaucoup avoir tes conseils si tu es d'accord ?

—    Vraiment ? me répond-il, touché.

Je me mets sur la pointe des pieds et lui arrache un baiser furtif.

—    Absolument.

Il sourit et me tend son bras. C'est comme ça que nous nous retrouvons à arpenter les allées sans vraiment savoir quoi chercher. Je sais juste que je veux une robe longue et si possible de couleur, avec une paire de gants assortis. Je ne suis pas prête à dévoiler mes avant-bras. Personne d'autre n'est au courant et je n'ai franchement pas le courage d'affronter une bataille de plus en cette fin d'année scolaire déjà très mouvementée.

—    J'aime bien celle-ci, pointé-je du doigt une longue robe bleue avec une fente sur le devant.

—    Elle est jolie. Ok, on l'essaie, me dit-il en la prenant dans ses mains.

Je souris. Il est impliqué et ne cherche pas à m'imposer son style. Il se contente juste de me proposer des modèles.

—    Et celle-là ? me dit-il en me tendant une robe rose pâle courte.

—    Elle est réservée, il y a un panneau au-dessus, répliqué-je.

—    En effet, entendis-je soudainement dans mon dos.

Nous nous retournons. Je reconnaîtrais cette voix parmi des centaines.

—    Salut Alice, lancé-je.

—    Tu n'as toujours pas trouvé ta robe ? me répond-elle, les sourcils froncés.

—    Hum non, avoué-je, gênée.

—    Il y a du choix ici, ça devrait aller. Mais celle-là, c'est la mienne.

—    Pas de soucis, réplique Ezra en lui tendant.

—    Donc vous vous êtes remis ensemble ?

J'échange un regard silencieux avec le blond. Je ne sais pas quoi répondre. Non, nous ne sommes pas en couple, et pourtant, j'ai l'impression de l'être.

—    C'est privé, finit par répondre Ezra.

—    Okay... De toute façon c'était pour être polie, conclue-t-elle en s'éloignant.

J'émets un petit sourire. Elle n'a pas changé, ça c'est clair.

—    Toujours fidèle à elle-même, soupire le blond en partageant le même rictus amusé que moi.

—    Tant mieux, il n'y en a pas deux comme elle.

—    Ouais, ça c'est certain.

Nous continuons nos recherches. Ezra me propose une robe verte foncée qui me rappelle trop celle que j'ai porté à son anniversaire, alors je refuse. J'attrape une robe drapée noire sous le regard du blond qui semble la valider. Je voulais de la couleur, mais peut-être que ma valeur sûre me rassurera.

—    Je peux déjà essayer ces deux-là ?

—    Attends, on a pas été vers les teintes chaudes. Il y a du rouge là-bas.

—    Tiens tiens... Ça me rappelle quelqu'un qui m'avait dit que de me voir avec du vert ou du rouge, c'était chouette, chuchoté-je, amusée.

Il se penche vers moi, le sourire aux lèvres.

—    Je n'ai pas dit chouette, j'ai dit vision du paradis. Et j'adorerais te voir avec, au moins pour les essayages.

—    Pourquoi pas, capitulé-je.

Il me tend son bras et me guide jusqu'au fond du magasin, juste à côté des cabines d'essayage. Je remarque immédiatement une robe longue, de couleur rouge, qui est en satin. Il y a une petite fente sur le devant. Je la décroche du cintre et découvre que le dos est nu et ficelé, tout ce que j'apprécie.

Je me retourne vers le blond.

—    Qu'est-ce que tu en penses ?

—    Je dis que c'est l'heure des essayages, conclue-t-il en me la prenant des mains.

Nous nous dirigeons vers les cabines. Je ne sais pas lequel de nous deux est le plus impatient, mais ce dont je suis sûre, c'est que je n'oublierai jamais ce moment.

—    Hey !

Je souris. Une brune est en train de se faire retoucher sa robe par une vendeuse. Maylin a choisi un tissu bleu nuit absolument splendide. Elle est courte et dévoile ses jambes et son buste est habillé d'un nœud. En plus d'être original, ça lui va divinement bien.

—    Tu es magnifique ! lancé-je en m'avançant vers elle.

—    Merci ! Tu vas essayer les tiennes ?

—    Oui, je n'ai pas pu y aller avant.

—    Tu ne me montres pas, je veux la surprise !

—    C'est noté !

Je souris et retourne auprès du blond qui était resté à l'entrée des cabines. Nous attendons la venue d'une vendeuse, et rapidement, l'une d'entre elles se présentent à nous.

—    Allo, je suis Déborah ! Tu es venu essayer ?

—    Bonjour, oui, c'est pour mon bal de fin d'année.

—    Génial ! Tu veux bien me suivre ? On va aller au fond, ici ce sont seulement les retouches... Tu peux venir aussi, fait-elle à Ezra.

Nous dépassons les quelques filles qui font des retouches. Aucune trace de Romy quand j'y pense, peut-être qu'elle avait déjà terminée. Nous débouchons sur une énorme cabine unique, ce qui m'intimide légèrement. Le miroir est tellement grand que je saurais voir immédiatement mes défauts.

—    Mais tu as un chum parfait, il te porte même tes tenues ?

Je reviens sur Terre. Ezra me sourit et me tend les trois robes que nous avons choisi. Je lui souris.

—    C'est vraiment le meilleur.

—    Tu peux fermer le rideau, si tu as besoin de quoique ce soit tu n'hésites pas !

Je hoche la tête et me retrouve seule, entourée de deux murs blancs. Je soupire et me déshabille en me demandant quelle robe je vais enfiler en premier.

J''attrape la noire entre mes doigts et l'examine. Bien que ce soit ma couleur préférée, c'est celle qui me tente le moins. Autant en finir maintenant.

Je la passe autour de ma tête. Elle est toute légère et le côté drapé me plait bien, il met en valeur mes hanches. Je souris, satisfaite, et ouvre le rideau. Mais en regardant le regard de la vendeuse bloqué sur mes avant-bras, je me raidis.

J'avais oublié un détail.

—    J'aurais besoin de gants, lui lancé-je gênée, en cachant mes bras dans mon dos.

Elle s'avance vers moi et m'attrape par les épaules.

—    Tu es magnifique, et je suis d'accord pour les gants, ça rajoutera un côté accessoire ! Tu as des préférences ?

—    Noirs et en velours ou satin, si c'est possible bien sûr, sourié-je, rassurée.

—    Je vais te chercher ça !

Je soupire. C'est difficile de s'y faire. J'ai tellement peur du jugement des autres.

—    Qu'est-ce que tu en penses ?

Je me tourne vers le blond, assis derrière moi.

—    Tu es merveilleuse. Mais je veux te voir essayer les autres, chacune mérite une chance.

—    Je sais, ne t'en fais pas, je vais enfiler la bleue.

—    Tu m'appelles si tu as besoin d'aide, je pense être à la hauteur en attendant que Déborah revienne.

Je souris et me regarde une dernière fois dans la glace. Comme je m'y attendais, elle me va bien. Il faudrait peut-être resserrer la taille, mais je suis à l'aise. C'est un choix classique, et c'est justement ce que je cherche à éviter.

Je fais demi-jour et ferme le rideau derrière moi. J'attrape comme convenu la robe bleue électrique. Ce que j'apprécie, c'est surtout sa couleur. Elle contraste parfaitement avec la couleur de mes cheveux et ma peau légèrement dorée.

Elle est un peu plus longue que la première et la fente qui dévoile ma jambe gauche ne me plaît pas, car elle dévoile un peu trop à mon goût. Je sors quand même et me présente face à Ezra et à la vendeuse qui est revenue avec deux paire de gants. Je la remercie et enfile celle en velours. Ils montent jusque mes avant-bras et les dissimulent parfaitement, c'est exactement ce que je recherchais.

—    Le bleu te sublime, me lance le blond, impressionné.

—    Elle te va très bien ! Qu'est-ce que tu penses de la fente et des paillettes ?

—    Les paillettes, c'est discret, mais la fente est un peu grande... Ça serait possible de rajouter quelques points ?

—    Bien sûr ! Je te laisse essayer la dernière et une fois que tu auras fait ton choix, on pourra faire les retouches aujourd'hui si nécéssaire. Si c'est une question de quelques points, je peux te régler ça en dix minutes.

Je souris et retourne une dernière fois dans la cabine. Il ne me reste plus que la rouge. Je l'enfile et demande de l'aide à Déborah pour m'aider à ajuster le dos. Je suis incapable de le nouer toute seule.

Lorsqu'elle entre, elle s'arrête net, le sourire aux lèvres. Je rigole, gênée de sa réaction. Je ne me suis pas encore vue.

—    C'est moche ?

—    Pas du tout. Tu sais quoi, je ne vais rien dire, tu le découvriras par toi-même.

Je hoche la tête. Elle ficelle le dos sans pour autant m'étouffer, mais juste assez pour que mon buste soit légèrement relevé. Contrairement à la précédente robe, la fente est légère et ne me paraît pas énorme.

—    Tu es prête ?

—    Oui, affirmé-je en ouvrant le rideau.

Lorsque je me vois dans la glace, j'en perds ma voix. C'est la première fois de ma vie que je me trouve aussi jolie. La couleur rouge fait ressortir à merveille ma peau et mes cheveux. La fente dévoile ma jambe droite et la sublime au passage. Sans oublier mon dos nu, dévoilé tout en restant élégant.

—    On dirait qu'elle a été faite pour toi, me complimente Déborah, il n'y a rien à retoucher.

Je lui souris et me retourne. Le blond s'est levé et me regarde intensément. Je n'arrive pas à juger sa réaction.

—    Qu'est-ce que tu en penses ?

—    Je me demande si tu es réelle, répond-il du tac au tac.

Un grand sourire s'étale sur mes lèvres. C'est exactement ce que j'avais besoin d'entendre. Déborah me tend la paire de gants en velours que je passe une nouvelle fois. Je tourne sur moi-même et me regarde face au miroir.

—    Je crois qu'on va partir sur celle-ci. Je ne t'ai pas demandé son prix ?

—    La robe est à deux cent cinquante dollars et les gants à cinquante.

Je déchante rapidement. Je ne peux pas payer une telle somme sans en parler à mes parents avant, ce qui signifie que je dois appeler non seulement mon père, mais aussi ma mère. Je retourne en cabine, un peu déçue. Je tends à travers le rideau la robe et les gants que j'ai choisi à Déborah.

—    Je dois appeler mes parents pour savoir si je peux régler aujourd'hui.

—    Pas de problème, je te mets tout ça de côté au niveau des caisses. Passe une bonne fin de journée ! Et profitez bien de votre bal !

Nous la remercions chaleureusement. Elle a été adorable, et surtout, c'est la deuxième personne à connaître ce que je m'inflige. Elle ne m'a pas jugé une seule seconde, et j'apprécie vraiment son geste.

—    Je t'attends à l'entrée, je vais essayer de retrouver les filles.

—    Ça marche, à tout à l'heure.

Je ne prends même pas la peine de fermer le dos de ma combinaison et passe mon pull au-dessus. Je devrais peut-être me racheter une nouvelle paire de talons, mais ce sera avec mes économies. Dépenser trois cents dollars pour seulement deux articles... Pas si sûre que mes parents acceptent.

Lorsque je retrouve mon garçon préféré, il est en très bonne compagnie. May et Romy l'ont rejoint.

—     Alma ! Alors, ces essayes ? m'interroge Romy, le sourire aux lèvres.

—    C'était génial... Je dois juste appeler mes parents avant de payer, je ne sais p-...

—    Ça ne sera pas nécéssaire je crois, me coupe Maylin.

Je fronce les sourcils. Et lorsque je baisse les yeux, je me rends compte que les filles ne sont pas les seules à porter un sac au nom de la boutique. Le blond en a un également. Je sais que je ne devrais pas, mais ça m'agace.

—    Tu vas te faire rembourser immédiatement, déclaré-je en l'attrapant par le bras.

Nous nous écartons légèrement des filles. Je ne peux pas m'empêcher d'être énervée. Il vient de dépenser cinq cents dollars en l'espace de deux jours et le pire, c'est qu'il ne m'a pas concerté. Surtout pour l'achat de ma tenue.

—    Alma, attends, laisse-moi t'expliquer. Je voulais te l'offrir parce que j'y tenais. On a qu'un seul bal de promo dans toute notre vie, je tenais à ce que tu aies ce petit souvenir. Désolé, je ne pensais pas que tu le prendrais mal.

Je me calme un peu. Je comprends son intention. Je me rapproche de lui et l'enlace.

—    Je sais que tu n'avais pas de mauvaises intentions, mais ça m'embête vraiment que tu aies dépensé autant Ezra, vraiment...

—    On s'en fiche de l'argent, ok ? Si ça avait été vingt dollars, je les aurais aussi payé. Je voulais juste que tu aies la robe que tu souhaitais avoir.

—    Et c'est le cas. Merci Ezra, sourié-je.

Je dépose un léger baiser sur sa joue, mais ce dernier s'empare de mes lèvres en riant. Nous éclatons de rire comme deux enfants.

—    Vous êtes vraiment trop mignons, lance Romy, presque plus heureuse que moi.

Je lui souris. Je l'ai vraiment mal jugé et je m'en veux terriblement. Il faudra que je trouve un moment idéal pour m'excuser auprès d'elle.

—    On va manger ? Je meurs de faim, nous lance Maylin.

—    C'est un double-date ? interroge le blond.

—    On dirait bien, répliqué-je en attrapant son bras.

Si on m'avait dit qu'un jour, je me retrouverais à Montréal à la recherche d'un restaurant en compagnie de Romy et de sa copine, je n'y aurais jamais cru... Et encore moins lorsque celle-ci est l'une de mes plus proches amies que j'ai connu il y n'y a même pas deux mois.

Je souris au blond qui replace une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille. C'est lui, la rencontre de ma vie. Peu importe ce qu'il se passera entre nous ces deux prochaines années, je sais qu'il y aura un avant et un après lui.

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