♪ Hope Ur Ok - Olivia Rodrigo ♪
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Je relis une page de mon journal, la dernière en date. C'est celle après la soirée d'anniversaire d'Ezra, dont il a réussi à s'échapper et probablement en très bonne compagnie. Alma et lui sont de très mauvais menteurs, mais je ne leur en tiens pas rigueur. Après tout, ils font ce qu'ils souhaitent. La seule chose qui me déplaît, c'est que leur histoire impacte un peu trop Arya. Mais c'est une personne entière et beaucoup trop curieuse, alors j'imagine que parfois, ça fait un peu trop pour elle.
— Noa ? entendis-je derrière la porte de ma chambre.
Je me redresse. Je ne m'attendais pas à le voir débarquer aussi rapidement.
— Tu peux passer, affirmé-je.
Mon ami d'enfance entre dans ma chambre. Ce lieu où il m'a trouvé inconscient un beau dimanche ensoleillé, presque parti. L'endroit qui nous a aussi valu des fous rires et des disputes à force de s'affronter à Mario Kart. Combien de fois avons-nous terminé à nous balancer des coussins jusqu'à ne plus pouvoir respirer ? Je l'examine un instant. Il est parti précipitamment, puisqu'il a enfilé son sweat-shirt à l'envers. Je le reconnais, d'ailleurs. C'est le cadeau de ma blonde. Elle était persuadée que ça lui serait utile.
— Tu as mis ton sweat à l'envers, lui fais-je remarquer.
— Noa... On s'en fiche, affirme-t-il, d'un ton grave.
— Tu es venu plus vite que je ne l'avais imaginé. Tu as tout lu ou tu t'es arrêté à la fameuse page ?
Je sais qu'il s'est arrêté et qu'il a tout laissé en plan pour me rejoindre. J'espère qu'il n'était pas avec Alma à ce moment-là.
— Tu connais déjà la réponse.
Il s'assied sur ma chaise de bureau, en face de moi. Il fixe un instant le parquet, là où une petite trace blanche mousseuse n'a jamais disparu. Le liquide s'est échappé de ma bouche avant de glisser le long de mon corps jusqu'à s'infiltrer dans le bois. Ma mère a eu beau avoir frotté durant des semaines, elle n'est jamais partie.
— Je ne suis pas venu te demander pourquoi tu l'as fait où ce genre de trucs, lance-t-il. Je sais très bien que même si l'on avait que onze ans, tu savais très bien ce que cela signifiait.
— Alors qu'est-ce que tu veux ?
— Je veux savoir pourquoi tu n'as jamais voulu m'en parler après. Tu as fui toutes sortes de discussion, tu as prétendu aller mieux trop vite. Tu n'as vu le psychologue que deux fois Noa, continue mon ami.
— Une séance chez le psy ça équivalait à presque une semaine de paye. Je refusais de faire subir ça à ma mère, avoué-je.
Ce n'est même pas faux. Lorsque mon père a appris pour ma tentative de suicide, il a annoncé à ma mère qu'il allait demander une réouverture du dossier pour ma garde. Elle a alors proposé de m'emmener chez un thérapeute, mais je savais pertinemment que ça lui coûtait beaucoup trop cher. Personne ne demande un paiement d'une séance en deux fois.
— Je n'ai jamais voulu remettre ça sur la table par peur de replonger, avoué-je. Il y a des jours où je ne vais vraiment pas bien. L'écriture, ça me permets de me sauver un peu de cet enfer. Et maintenant, je vous ai vous.
— Arya et moi étions là aussi avant, rétorque-t-il, incompréhensif.
J'esquisse un sourire. Quand on était petits, c'était le duo parfait. Sa tante et la mère de ma blonde s'amusaient à parler de leur mariage en plaisantant tandis que les deux s'enfuyaient en hurlant que c'était dégoûtant. Ils ne se sont jamais rendus compte qu'avant ma tentative, je n'étais qu'une pièce rapportée à leur amitié. Pour Arya, je n'existais quasiment que par le biais de son meilleur ami. Et pour Ezra, j'étais le copain qu'il n'avait jamais vraiment eu, mais lorsque son amie de toujours débarquait, forcément, il se tournait plus vers elle.
— C'était différent Ezra. Je ne vais pas te l'expliquer parce que ça ne nous apporterait rien.
— Tu as écrit que tu pensais que j'étais amoureux d'elle, mais c'était faux. Elle t'aimait déjà tellement, soupire-t-il, un léger sourire au coin.
Je le sais maintenant. Peut-être que les mots de l'amour de ma vie m'aurait sauvé autrefois. Je n'en sais rien. À l'époque, tout me paraissait si négatif.
— Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
— Que tu ne recommenceras jamais, réplique-t-il d'un ton sérieux.
Je m'affaisse légèrement. Je m'étais préparé à tout, sauf à ça. Aujourd'hui, je vais bien, mais des fois j'ai l'esprit qui se noircit en un rien de temps. Je suis pourtant bien entouré, mes notes sont corrects dans les matières que j'apprécie, et surtout, je vis enfin l'amour que j'ai tant voulu vivre depuis que je la connais.
Arya est la femme de ma vie. C'est stupide de dire ce genre de bêtises à mon âge, d'autant plus que la plupart des gens ne pensent pas la même chose, mais notre histoire est différente. C'est le genre de fille qui laisse une trace en toi pour toujours. C'est celle qui me comprend à peine mais qui fait tout pour me rassurer, qui est si timide lors de nos moments intimes alors qu'en plus d'être splendide, elle est si sûre d'elle dans la vie de tous les jours. C'est la fille qui va se soucier de ce qui se passe entre deux de ses amis, mais pas seulement par curiosité non, mais parce que ça lui fait mal de les voir s'abîmer.
Pour elle, j'accepterais d'apprendre des chansons en tamoul et de danser devant cinq cents personnes le jour de notre mariage. La nourriture épicée sera ma préférée, et nos enfants auront des prénoms sri-lankais.
Tout ça, si le poison ne me reprend pas un jour.
Parce que honnêtement, je n'en sais rien. Je ne sais pas de quoi sera fait demain. C'est pour ça que je préfère dire qu'elle est la femme de ma vie. Peut-être que la vie nous séparera plus vite que prévu.
— Tu as lu la page où je parle de sexe ? Je crois que c'est l'une de mes préférées, sourié-je, nostalgique.
Mon ami émet un léger sourire. Il ne reviendra pas sur sa question parce qu'il sait que je l'ai évité.
— Tu écrivais comme un enfant de onze ans, je suis sûr que tu ne dirais pas pareil aujourd'hui, réplique-t-il.
— Certainement pas, rétorqué-je.
Nous rions de bon cœur. Avec Ezra, tout est simple. C'est un chum qui a des valeurs et qui tente de toujours aider les autres, parfois à ses propres dépends. Je l'ai vu dès le début, principalement avec moi.
Après ce qu'il s'est passé avec Alma, il s'est renfermé d'un seul coup. Je sais ce qu'il s'est passé chez lui avec Charlie, mais je ne comprenais pas sa méchanceté envers son ancienne blonde, parce que je savais qu'elle aussi souffrait.
L'arrivée de Romy l'a soulagé, j'en ai conscience, même si ça n'a pas plu à Arya. Des fois, elle est un peu trop entière, c'est son unique défaut. Mais maintenant qu'elle sait que rien n'arrivera entre eux, je suppose qu'elle a tenté de soulager sa meilleure amie.
— Vous vous êtes enfuit où, avec ta personne préférée ? Le soir de ta fête, précisé-je.
Il fronce les sourcils, faisant semblant de ne pas comprendre.
— Je parle d'Alma, pas de moi, continué-je.
— On... Je ne sais pas si je peux t'en parler sans que tu te fâches, m'avoue-t-il.
Mince. J'étais persuadé que les choses s'étaient enfin arrangées.
— Tu peux tout me dire, peu importe ce qu'il s'est passé. Ce que je t'ai dit à New York... C'est différent, je ne savais pas que tu avais autant souffert. Charlie ne m'en a parlé que le soir où-...
— Où tu as failli démolir mon joli visage ? plaisante-t-il.
— Je ne vais pas m'excuser encore une fois hein, continué-je sur le ton de la plaisanterie.
— Tu avais raison, j'ai agi comme un idiot. Mais l'avoir aussi près de moi, c'était vraiment difficile.
— Qu'est-ce qui a changé ?
— Je sais qu'elle ne l'a pas bien vécu non plus. J'ai compris que je l'aimerais toute ma vie et que je devais m'y habituer, déclare-t-il, sincère.
Je souris. Ils se complètent tellement bien. Alma paraît forte, mais elle ne l'est pas. Je sais pertinemment que le calme et la douceur de mon ami l'aident à relativiser au quotidien.
— Qu'est-ce que tu fais ici alors ? Va la rejoindre, lui lancé-je en indiquant ma porte.
— Je ne peux pas.
— Pourquoi ?
— Parce qu'après avoir couché avec elle, je suis parti comme un lâche. Elle a eu le courage de venir jusque chez moi, et tout ce que j'ai trouvé à lui dire, c'est d'aller se faire d'autres chum, souffle-t-il, nerveux.
J'ai promis de ne plus le frapper, mais il en mérite vraiment une.
— Tu n'es-...
— J'ai peur Noa, m'avoue-t-il.
Il s'arrête subitement et détourne le regard, gêné de sa confidence. C'est la première fois que je l'entends dire ça. Depuis toujours, je l'ai placé sur un piédestal, le pensant bien meilleur que moi, surtout au niveau de la santé mentale.
Mais aujourd'hui, c'est lui qui a besoin de moi. Je me redresse et m'assieds au bout du lit, face à lui. Je le sens rien qu'à son regard, il a besoin de se confier.
— Pourquoi ?
— Parce que je ne sais pas si j'arriverais à m'en remettre une seconde fois si elle devait me quitter. Je te l'ai dit, je l'aimerais toute ma vie. Elle est gravée en moi pour toujours, c'est comme ça.
— Et tu préfères ne pas tenter, si je comprends bien ?
— Je préfère me tenir à distance d'elle, mais je ne veux pas la perdre.
— Pourquoi tu as couché avec elle alors ?
Il soupire et se tourne vers la fenêtre. Je suppose qu'il se repasse les scènes dans sa tête. Je n'ai aucune idée de comment cela s'est déroulé, mais je suppose que c'était inattendu.
— Je l'ai vu quitter la fête lorsque tu as parlé à Romy, avoué-je.
Ezra se retourne.
— Tu m'as vu la suivre ?
Je hoche la tête.
— Je ne pensais pas qu'elle le prendrait mal, et j'avais peur qu'elle se fasse mal ou tombe sur un fou, alors je l'ai suivi. On se serait cru dans un film, elle ne voulait pas s'arrêter ni me donner d'explications. Arrivés sur son perron, j'ai réussi à lui prendre ses clés mais elle m'a hurlé dessus. Je n'en pouvais plus, j'avais envie de lui hurler à la figure que je l'aimais. Je l'ai poussé à l'intérieur et au moment où je m'apprêtais à parler, elle m'a embrassé.
J'enregistre les informations et tente de comprendre ce qu'il s'est passé. On dirait carrément une scène de film à l'eau de rose, il a raison.
— Ensuite ?
— Tu veux un dessin crétin ? rétorque-t-il en me balançant un coussin.
Je n'arrive pas à dissimuler mon sourire. Si je devais voter, je serais pour qu'ils se remettent ensemble. À deux, ils vont plus loin. Ils se complètent parfaitement, chacun puise sa force dans l'autre.
— Je ne vais pas te dire ce que tu devrais faire, mais peut-être que tu devrais lui expliquer pourquoi tu lui as dit ça. Il reste trop peu de temps avant la fin de l'année, on ne sait pas où on sera l'an prochain.
— Je verrais, je ne sais pas. Elle m'a quand même dit d'aller au diable, ça avait l'air d'être un truc méchant. J'ai pas eu le temps de regarder ce que ça signifiait, me dit-il en passant sa main dans ses cheveux bouclés.
Cette fois, j'éclate de rire. Il ne met pas longtemps à me suivre. Notre française a parfois des expressions indéchiffrables, heureusement que Google existe pour nous sauver. J'attrape mon cellulaire et y jette un œil.
Je perds rapidement mon sourire.
— Alors, ça veut dire quoi ?
— Ça veut dire que tu peux aller chez le bonhomme, annoncé-je, d'un ton grave.
Mon ami soupire. Au même moment, je reçois deux messages qui se suivent. Évidemment, j'ouvre en premier celui de ma blonde.
« Je viens de sortir de chez Maylin, grosse dispute. Alma n'a même pas pris ma défense. Tu sais où est Ezzy ? Il ne répond pas. »
Je fronce les sourcils. Je sais qu'il est avec moi, mais c'est le message suivant qui m'intrigue encore plus et qui me fait comprendre que mon ami a sûrement dû être le sujet de la dispute des filles.
« Party chez moi ce vendredi, vingt heures ! Merci d'amenez vos ami.e.s célibataires pour cette demoiselle et moi, we need to enjoy our new beginning* ! Xoxo, A&M ».
Le message de Maylin est joint d'une photo où les deux filles trinquent avec un verre de vin à la main. Voyant ma tête déconfite, Ezra s'approche de moi et lit le contenu de ce que je viens de recevoir. Nous échangeons un regard, silencieux. Les filles ont visiblement annoncé la couleur du prochain party.
Je crois bien que cette fin d'année va être bien mouvementée.
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Hello hello ! On se retrouve avec un peu de retard pour le chapitre 26, et pour la première fois avec un POV externe ! Je vous avais demandé de voter en sondage Instagram et Noa l'avait emporté haut la main, alors le voici :)
Je ne sais pas vous, mais ça me rassure de voir qu'Ezra et Noa se sont enfin réconciliés pour de bon... c'est déjà ça de gagné 🫠 (genre c'est pas moi qui écrit les scènes jpp)
On se retrouve lundi (à l'heure je vous promets) pour un chapitre bieeeeeeeeeeen sympa 😊😊
D'ici là prenez soin de vous,
Muchooooo Love,
Anissa <3 (IG: @henovaaa)