Neptune 2

Por henovaa

8.8K 550 1K

Après la tempête vient le beau temps, cependant Alma l'attend encore. Trois mois après que sa vie se soit tra... Más

Note de l'auteure
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 25
Chapitre 26 - Noa
Chapitre 27
Chapire 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33 - Ezra
Chapitre 34
Chapitre 35
Remerciements

Chapitre 24 - Ezra

190 15 39
Por henovaa

Leaving My Love Behind - Lewis Capaldi

__

La petite flasque posée devant moi n'a pas réussi à m'enlever le délicieux goût de ses lèvres. Frustré, je me lève et décide de prendre une
douche froide. L'eau glacé ne me procure aucun effet. Ma peau laiteuse a beau rougir, je ne ressens rien.

C'est tout le contraire de ce que j'ai vécu cette nuit.

Je m'étais juré de ne plus rien laisser arriver entre nous. Je tiens à elle et je sais que cela dépasse un quelconque sentiment amical pourri que j'essaie de m'infliger. Alma coule dans mes veines, et je dois apprendre à vivre avec.

J'attrape une serviette et l'enroule autour de mes hanches. Tout est d'un calme parfait en ce dimanche. La maison est déjà rangée, comme s'il n'y avait pas eu de fête hier soir. De toute façon, mes amis n'ont pas tardé à chasser les autres en se rendant compte que la brune et moi avions disparu hier. Je ne sais pas ce qu'elle leur a dit. Peut-être qu'elle dort encore. Lorsque je l'ai quitté, le soleil venait à peine de se lever. J'ai mis au moins une bonne heure avant de me défaire d'elle. Je ne voulais pas partir, parce que je savais pertinemment que c'était la dernière fois.

Je n'ai pas le choix, je dois l'éloigner.

J'enfile un boxer et un short molletonné gris. Lexie ne devrait pas tarder à rentrer. Elle a dû passer une soirée de rêves avec maman. Et moi, j'ai des comptes à régler avec celle qui nous a mis au monde. Ça ne sera pas pour tout de suite, j'en ai bien conscience. Elle préfère fuir encore une fois à l'autre bout du monde. J'attendrai aussi longtemps qu'elle le décide. La patience est une de mes meilleures qualités, et dans ce genre de situation, ce sera mon meilleur atout.

Je descends et m'installe confortablement sur le canapé. Mon téléphone est posé sur la table basse. Je ne l'utilise pas souvent à vrai dire, mais pour une fois, je décide de faire un tour sur Instagram. La plupart des publications défilent dans mon fil d'actualité, mais celui de Romy retient mon attention. C'est une photo d'elle et moi, hier soir devant les escaliers. Je souris et la commente. Elle a été géniale, comme toujours.

Je tourne soudainement la tête en entendant la porte sonner. Ma sœur a encore oublié ses clefs, et ça fait trois fois cette semaine. Je grogne et me lève en traînant le pas.

— Sérieux Lexie, lancé-je en ouvrant, je t'ai dit d-...

— Tu as oublié ça, je me suis dit que tu en aurais peut-être besoin.

Je reste stoïque un instant. Je m'attendais à tout, sauf à ça. Alma se tient sur le perron, vêtue d'un énorme jogging et d'un sweat trois fois trop grand pour elle. Je me maudis de la trouver aussi attirante malgré ce qu'elle porte. Mais son doux sourire et ses yeux pétillants me font fondre sur place.

Ça va être très difficile de tirer un trait sur elle.

Je baisse les yeux sur ce qu'elle me tend. Ma veste de costume. C'est une excuse pour venir me voir. Je n'en ai absolument pas besoin au quotidien, et elle le sait pertinemment. Elle s'invite presque à l'intérieur. Je m'écarte et la laisse passer.

— C'est gentil, merci, lancé-je en fermant la porte derrière elle.

— Ta soeur n'est pas là ?

— Elle ne devrait pas tarder.

Je me tiens à bonne distance d'elle, et elle le ressent. Son langage corporel est terrible. Elle n'a pas besoin d'ouvrir la bouche pour que je l'entende.

— La fête s'est terminée rapidement hier, me lance-t-elle.

— Ce n'est pas commun que l'hôte quitte sa propre soirée.

— Qu'est-ce que tu leur as dit ?

— Que j'en avais assez. Ce n'est même pas faux en plus. Et toi ?

— Que j'avais mal à la tête. Ils m'ont cru.

— Moi aussi.

C'est déjà ça. Nos amis n'ont pas besoin de savoir ce qu'il se trame entre nous, ils ont déjà subi assez de dommages collatéraux comme ça.

— On devrait en parler Ezra, dit-elle dans un ton doux.

Elle est tellement adorable. Hier, elle était divine. Je la revois encore descendre les escaliers en se tenant à la rambarde dans sa robe en satin. J'en ai eu le souffle coupé. Sa façon de marcher, de me regarder, comme si j'étais la seule chose qu'elle désirait m'a rendu dingue. Elle seule sait me faire sentir aussi important.

— Il n'y a pas grand-chose à dire, on s'est laissé emporter, déclaré-je d'un ton détaché.

L'éclat dans son regard s'estompe soudainement. Je me déteste, parce qu'elle a besoin de tout sauf ça en ce moment. Il va falloir que je garde un œil sur elle après ça.

— On a couché ensemble Ezra, c'est plus que de s'être laisser emporter.

— Ce n'était que du sexe Alma. Peut-être que ça compte pour toi, mais pour moi, c'est différent.

J'ai l'impression de tenir son cœur entre mes mains et de le réduire en poussière. C'est insupportable comme ressenti. Ses yeux s'assombrissent et elle ne fixe que le sol, désormais.

— Alors... ce n'était que du sexe.

— Je pensais ce que je t'ai dit, avoué-je en me rapprochant. Plus jamais ça, continué-je en remontant ses manches.

Elle s'écarte et se réfugie vers l'îlot de la cuisine. Je ne la suis pas. Elle a besoin de distance pour encaisser ce que je lui dis.

— C'est mieux comme ça Alma.

— Tu mens. Je suis certaine que si je m'approche de toi, tu réagiras comme tu l'as fait hier soir. Sinon tu ne m'aurais jamais couru après.

Elle a parfaitement raison. Elle s'approche de moi et enroule ses bras autour de mon cou. Je ne sourcille pas. Si je n'écoutais pas ma conscience, je crois que je l'embrasserais jusqu'à en perdre mon souffle.

— J'étais inquiet.

— Tu l'es encore, me susurre-t-elle contre mes lèvres.

Bordel Ezra. Concentre-toi.

— Je sais que tu iras bien si on arrête ce genre de bêtises.

— C'est ce qui me fait du bien.

Moi aussi, mon ange.

— Alma, je ne suis pas le seul à qui tu pourras plaire. Tu peux très bien faire ça avec quelqu'un d'autre.

J'ai la gorge tranchée de lui avoir dit ça. Je ne supporterais pas de la voir avec un autre gars. Elle se détache de moi, comme si mes propos l'avaient brûlé.

— Est-ce que je rêve ? Tu viens de me dire que tu préfèrerais me voir avec d'autres garçons ?

— Tu m'as très bien compris. Je ne peux t'offrir que mon amitié. Ça s'arrête là. Je ne veux plus rien d'autre.

— Va au diable, lance-t-elle en se précipitant vers la porte d'entrée.

Je me force à ne pas la rattraper comme j'ai pu le faire hier. La vérité, c'est que si je n'écoutais que mon cœur, je crois que j'irais jusqu'en Chine pour la retrouver. Alma est le feu qui m'anime. Mais comme bien trop souvent, cela finit par s'embraser.

Je remonte dans ma chambre. Quatre paquets sont posés près de mon lit. Je ne les ai toujours pas ouvert.

Je n'aime pas avoir l'attention porté sur moi. C'est probablement le comble pour quelqu'un qui enchaîne deux sports à niveau régional et qui est tête de classe. J'ai toujours préféré l'ombre. Peut-être que c'est psychologique, je n'en sais rien. Parfois j'ai l'impression que c'est ma solution pour ne pas montrer aux autres que je souffre.

J'attrape le premier paquet du tas. À la couleur du papier cadeau violet, je reconnais immédiatement le destinataire. Je souris en imaginant mon amie s'acharner pour le faire, vu le nombre de bout de dock tape* qu'il contient. Je l'ouvre sans aucune délicatesse. Un sweat-shirt gris avec une virgule brodée à droite tombe dans mes mains. Il est suivi d'un petit mot :

« Pour que tu arrêtes de toujours mettre le même. Le gris te va bien au teint Ezzy ! Love you, ton amie préférée »

Arya a toujours des idées très précises, c'est vraiment incroyable. Le sweat me plaît, et c'est quelque chose qui me sera utile.

Le cadeau de Charlie – et de Tommy, accessoirement — est bien différent. Les amoureux ont décidé de m'offrir un volant en fourrure. Je ne plaisante pas. Les plumes oranges ne m'ont pas tout de suite paru géniales, mais c'est... inventif.

Je découvre par la suite un nouveau casque audio. Je me plaignais souvent de celui que j'ai. Je comptais le changer très bientôt, mais mon ami a été plus rapide que moi. Un papillon adhésif* y est collé. Je l'attrape entre mes doigts.

« J'ai jeté le ticket, tu ne pourras pas me rembourser ! »

Argh, il a tout prévu.

Celui de Romy est tout bonnement adorable. Elle m'a offert une place de concert pour aller voir Ariana Grande en concert avec elle l'automne prochain. Je fais mine de ne pas l'apprécier, mais je crois que je connais toutes ses chansons par cœur. Et la blonde y est pour beaucoup, c'est vrai.

Enfin, j'attrape le dernier paquet. Je ne sais pas de qui il est, aucun nom n'y est inscrit. Je l'ouvre délicatement. C'est un carnet marron, le même qu'Alma et Noa ont. Je fronce les sourcils. Je ne sais pas écrire.

Je l'ouvre et tombe stupéfait. La première page est une photo de Noa et moi, prise durant notre première année de secondaire. Cette fois, c'est moi qui ai les cheveux longs tandis que mon ami les porte courts, presque à ras. Je crois que je ne l'ai jamais vu autant sourire que sur cette photo. Et déjà, il m'arrivait deux têtes en dessous.

« Au frère que la vie m'a donné. J'espère que jamais rien ne nous séparera, exceptée la mort ».

Je tourne la page et cette fois-ci, je tombe des nues. Chaque page représente un souvenir que nous partageons. Le premier est la date de notre rencontre. Le second est notre première sortie, au bowling avec Arya. Il y a même collé le ticket sur lequel il avait inscrit le score. Je feuillette les pages une par une. Il y en a au moins une cinquantaine. Les mots se font plus courts, l'écriture parfois tremblante.

Soudain, je remarque des petites tâches sur une des pages. 15 janvier 2014. Trois jours avant sa tentative. Je passe mes doigts dessus. Ce sont des larmes qui ont imprégnées le papier.

« C'est vraiment dur de faire semblant avec toi. J'ai vraiment envie de mourir, Ezra. Est-ce que tu m'en voudras si je pars ? Aujourd'hui, on a été patiner avec Arya. Elle est tellement jolie. Je ne sais pas si je te l'ai déjà dit, mais je crois que c'est la plus belle fille que je connaisse. Est-ce que tu es amoureux d'elle ? Je n'arriverais pas à rivaliser avec toi. Tout le monde t'adore, et je comprends pourquoi. Tu es tellement génial.

J'aurais dû rentrer avec Arya et toi, aujourd'hui. Ma mère n'est pas venue me chercher et ils m'ont trouvé. Ils m'ont traîné jusque dans le bassin et m'y ont jeté en éclatant de rire. Je suis resté tellement de temps sous l'eau que j'ai manqué d'air, et ça ne m'a même pas dérangé.

Si j'avais pu m'étouffer, je l'aurais fait. Mais l'eau était tellement glacée que je n'ai pas pu le supporter. Je suis tellement faible que j'en ai honte.

Toi, tu n'as peur de rien. Est-ce que tu pourras m'aider à être aussi courageux que toi ? Je crois que je n'arriverais jamais à ne pas me laisser faire.

Peut-être que je le mérite. »

Je ferme les yeux et jette le carnet sur mon lit, à bout de souffle. Noa a tenu un journal cette année. Et je n'ai jamais vu sa souffrance alors qu'elle était juste sous mes yeux.

« 18 janvier 2014.

Maman vient de partir. Elle n'a pas pensé à me laisser quelque chose au frigo, mais ça ne fait rien. Je n'aurais plus besoin de manger, désormais.

Le bal a été une torture hier. Je ne comprends pas pourquoi Arya a tenu à nous y emmener. En plus, elle a passé sa soirée assise à côté de nous et elle n'a même pas dansé. Sauf lorsque tu l'as invitée. Faible que je suis, je vous ai regardé jusqu'au bout. Je suis sûr que vous arriverez à vous amuser sans moi.

J'ai trouvé les pilules dont j'avais besoin. Elles étaient dans le placard interdit. Maman en a un où elle y range les choses que je n'ai pas le droit de toucher. Il y avait une bouteille d'alcool et des cigarettes, mais je n'ai pas osé les prendre. Et même du chocolat venant de Paris.

Aujourd'hui, je vais mourir. Je ne suis pas triste, bien au contraire. J'ai pris une bonne douche et je me suis peigné les cheveux. Les tiens sont tellement beaux. J'aurais aimé les porter longs, comme toi. J'ai enfilé mon plus beau costume. Il me va un peu petit, alors j'ai mis des chaussettes longues.

Je vais m'allonger sur mon lit en pensant à toi. Parce que tu es ma personne préférée, je crois. Tu es le seul qui a tenté de m'aider. J'espère que tu n'es pas trop en colère contre moi. Ils t'ont tellement tapé que je m'en suis caché les yeux. Je n'ai pas ton courage, et je ne l'aurais jamais . Merci d'avoir essayé de me sauver, mais je crois que je n'arriverais jamais à respirer correctement dans ce monde. Je parle comme un fou, je sais. C'est ce que dit papa.

S'il te plaît, dis à Arya que je l'aime. Enfin, pas comme les adultes, tu sais. Au moins je vais mourir sans avoir fait tu-sais-quoi, et ça ne me dérange pas, parce que c'est vraiment dégoûtant. Dis-lui juste que quand je suis près d'elle, mon cœur se met à battre si fort qu'il pourrait bondir sur elle.

Dis à maman que ce n'est pas de sa faute. C'est de la mienne.

Adieu Ezra,

Noa. »

J'arrache la page et la détruit instantanément dans mes mains. Mon cœur se serre tellement que c'en est douloureux. Est-ce que c'est possible d'être aussi aveugle ? Comment avons-nous pu ne pas nous en rendre compte ?!

La suite, je la connais, et je la hais toujours autant. Je le revois encore allongé, les yeux fermés. Du haut de mes onze ans, je me suis approché de son lit d'un pas lourd, comme si je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Je pensais qu'il dormait en habit du dimanche. Je l'ai secoué si fort qu'il est tombé de son lit. C'est là que j'ai compris que quelque chose clochait. J'ai immédiatement appelé les secours. De la bave avait coulé partout sur ses draps, et elle moussait presque que j'ai cru qu'il avait avalé du savon.

Tout ça parce qu'il avait oublié de me rendre mon cahier de sciences et que j'en avais besoin pour faire mon devoir. Si je n'avais pas été aussi studieux, il serait vraiment parti.

J'enfile un t-shirt et le nouveau sweat, et je fonce prendre ma voiture. Le carnet est à ma gauche.

J'ai besoin de le voir. Je dois comprendre ce qu'il s'est passé. Je ne sais pas ce que signifie ce cadeau, mais je crois que la discussion que nous avons toujours évité va enfin arriver.

Seguir leyendo

También te gustarán

12.7K 226 19
Jess et Sasha sont ennemis depuis le collège. Ils se détestent plus que tout, mais bizarrement ils vont magnifiquement bien ensemble. Que va-t-il se...
18K 459 37
Une nouvelle ville, un nouveau lycée.Tout allait très bien jusqu'à ce que je le rencontre.Celui qui se prend pour le roi du lycée, j'aurais dû faire...
64.8K 3K 71
« Un coeur pur qui aime un coeur noir peuvent avoir une histoire très particulière.. » L'histoire d'une jeune fille âge de 19 ans qui vit une vie trè...
72.8K 1.9K 42
Découvrez le quotidien de Dalia , jeune fille de 18 ans , détestée de tous dans son lycée. Un nouveau professeur fera son apparition et chamboulera l...