Alors que Conny apportait la corde, Livaï s'approcha d'Ayame.
Malgré la haine que chacun portait vers l'autre, ils regrettaient déjà les rares moments appaisants qu'ils avaient vécu. Car oui, sans une explication solide, jamais il ne la laissera rester au bataillon.
D'un coup sec le caporal-chef Livaï fit s'évanouir Ayame Sato, qui le fixa d'un regard furieux jusqu'au bout.
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- Ce n'est pas une ennemie, caporal ! soutenait Armin.
Livaï lui lança un regard tranchant.
- T'a vu comme moi. Elle a essayé de tuer un soldat du bataillon. On ne peut pas faire confiance à une femme pareil.
- Elle a parlé des Norian, osa Jean.
- Et elle n'a jamais rien fait à part cette fois ! insista Sasha.
- Et Luke s'est enfui, c'est louche ! renchérit Conny.
Mikasa, elle, restait silencieuse.
C'était la nuit. Ils étaient tous rassemblé autour d'un feu. Ils avaient deux otages à interroger. Le premier était Ayame Sato, et le deuxième était un soldat des brigades spéciales qu'ils venaient d'attraper.
Tout le monde se posait des questions sur ce qu'il s'était passé. Ils avaient entendus les cris de Luke, puis Ayame essayait de le tuer. Heureusement que le caporal était intervenue.
Pendant que chacun avaient le dos tourné vers Ayame, Luke s'était volatilisé dans la nature.
Ayame était à genoux, les mains liées derrière son dos à un arbre. On lui avait même bandé les yeux. Elle écoutait ce qu'il se passait, silencieuse. De toute façon, ce n'était pas la première fois qu'on la traitait comme un chien.
Je ne dirais rien. Ils n'ont qu'à tous crever. Cet enfoiré de nain en premier ! De toute façon, je n'ai qu'un seul but ! Me venger de ma famille !
À cette pensée, Ayame remua. Qu'est-ce qu'elle racontait exactement ? Son but était de se venger ? Vivait-elle dans ce désir depuis toute petite ? Quand elle avait rejoint Ken Sato, ou quand Kenny lui avait proposé cette collaboration, son but final était-il de se venger ?
Bien-sûr que non !
Dans le noir, privé de sa vue, son esprit semblait plus posée pour réfléchir. Depuis que les Norian l'avait attaqué, elle n'avait pensé qu'à se protéger par le meurtre. Entre temps, sa boule positive était décédé des mains de Kenny lui-même. Elle avait déjà perdu Nifa... voulait-elle perdre le seul endroit qui l'avait réellement accueillie ?
Elle se mordit la lèvre à cette pensée.
- Alors, chers soldat, discutons, commença la voix du caporal-chef Livaï.
Elle sut qu'on ne lui adressait pas la parole lorsqu'elle entendu la voix d'un deuxième homme. Sûrement celui que l'escouade avait attrapé pour trouver où sont Eren et Historia.
- Vous vous croyez fier, bande de criminel !
Ayame entendit des gémissements.
- Tu vas nous dire où sont Eren et Historia.
S'ensuivit des répliques, puis des coups. C'était un interrogatoire normale. L'interrogé devait forcément saigner, vu comme elle l'entendait cracher. Elle sentait, autour d'elle, le souffle de ses anciens camarades. Ils étaient troublés. Peut-être n'avaient-ils pas l'habitude d'assister à un acte de violence pur ?
- De toute façon, crachait l'homme avec haine. Vous allez tous être décapiter ! À commencer par votre major Erwin !
Là, un craquement d'os se fit entendre. Le pauvre homme n'aurait pas dû toucher au major, surtout pas devant Livaï.
Erwin va mourir... Lui ?
- Dis moi où sont Eren et Historia ? demanda encore Livaï.
Cette fois, l'état de sa victime était pitoyable. Livaï l'avait bien amoché. En plus de ça, il ne lui restait que quelques dents.
- Je n'en sais rien, je te le jure ! pleurait maintenant l'interrogé. On ne nous a rien dit ! Kenny Ackerman est bien trop prudent !
Trois têtes se levèrent instantanément.
- Ackerman ? répéta Livaï.
Mikasa et Livaï avaient le regard rivé vers l'homme, surpris. Ayame, elle, ouvrit légèrement la bouche. Si elle avait pu bouger, elle aurait sûrement reculé de quelques pas. Kenny serait un Ackerman ? LE Kenny ?
- C'est vrai qu'il garde tout pour lui... murmurait Livaï. Même les choses importantes.
L'interrogatoire repris, alors qu'Ayame était plongée dans ses pensées.
C'était donc pour ça qu'elle n'arrivait pas à battre Kenny. C'était un Ackerman. Elle, qui avait passé six années de sa vie avec lui l'ignorait. Comment avait-elle pu passer à côté d'un tel fait ?
Il ne faisait pas partie de la branche principal, ça, elle le savait, mais c'était un Ackerman. Jusqu'où était-il au courant de l'histoire des Ackerman ?
C'est logique que je ne le sache pas. Kenny ne dit jamais rien. Même moi, je ne suis au courant que de ce qu'il s'était passé durant les six années.
Alors qu'elle était en pleine réflexion, le noir dans lequel elle se trouvait s'éclaircit. On lui avait enlevé son bandeau. Elle ferma les yeux, agressée par la lumière.
- À ton tours, la morveuse, cracha Livaï.
Ayame le fixa de ses prunelles émeraudes. Autour du caporal se trouvait les cinq autres membres de l'escouade, fusil en main, qui écoutaient tout et faisant la garde.
Ayame rencontra le regard de Mikasa et Armin, qui avaient perdu Eren. Conny qui avait appris que sa mère était devenu un titan. Ou encore Jean et Sasha avec qui elle s'était beaucoup entraîné.
Et elle, dans tout cela ? Pourquoi était-elle dans le bataillon ? Elle savait que l'ère où elle y était seulement à cause de son contrat était révolu. Elle se plaisait avec Nifa, Jarode et son escouade, l'escouade Livaï n'était pas mal aussi.
Et puis, les nuits passées avec le caporal, les séances où il lui expliquait la vie à la surface... Tout ça lui plaisait.
Était-ce plus important que sa vengeance ?
- Pourquoi as-tu attaqué Luke Siss ? commença Livaï, un pied sur l'épaule de la femme.
Ayame se contenta de fixer l'homme.
- Ce gamin est partit, je suppose que lui aussi ne voulait pas qu'on l'interroge... poursuivit Livaï.
Il retira son pied, puis, frappa d'un coup sec la femme de son talon. Ayame gémit de douleur, les prunelles émeraudes furieuse. L'arrière de sa tête avait cogné le tronc d'arbre.
- Caporal !
- T'inquiète, Armin, cette gosse vient d'en bas. La manière douce n'est pas faite pour elle.
Ayame saignait maintenant de la joue. Elle fixait Livaï pour lui montrer que ça ne lui faisait rien.
Son visage devint encore plus dur, et il reprit :
- C'est moi qui t'ai emmené au bataillon, corbeau de malheur. Si t'es qu'une traître, je te jure que je te tuerais de mes propres mains.
- Je ne suis pas une traître, répliqua-t-elle.
- Prouve-le. Explique pourquoi t'a voulu tuer l'un des nôtres.
Elle soupira.
- Je doute qu'il soit l'un des nôtres. Je suis même a peu près sûr qu'il ai volé l'uniforme du bataillon.
- Il n'y a pas que ça. Tu es très recherché, je l'ai remarqué. Écoute-moi bien, ici, personne ne te feras confiance tant que tu ne jouera pas carte sur table.
Comme Ayame se taisait, le caporal la plaqua au tronc, sans se soucier du sang qui coulait déjà. Il serra son épaule de sa main, et elle sut qu'elle aurait sûrement un bleu à cet endroit. Ensuite, il la regarda droit dans les yeux.
- Tu n'as donc à l'esprit que cette vengeance ?
Il l'avait entendu lorsqu'elle parlait à Luke. Cette femme voulait se venger.
- Non. Je... Je n'ai jamais vécu seulement pour me venger... Jamais...
Sa voix était maintenant comme brisé. Il avait touché un point sensible, tout le monde s'en était rendu compte.
Le caporal-chef la regarda, agacé. Elle n'avait qu'à expliquer si elle était innocente. Cette petite imbécile n'avait qu'à lui donné une justification.
- Tu commence vraiment à me saouler ! cracha soudain Livaï en attrapant son col. T'es quoi, exactement ? Une hypocrite ? Toutes tes questions, tous tes caractères, c'était du pipeau ?
- N... Non...
- La nuit, tu pensais qu'à me tuer ? Qu'est-ce qui va pas avec toi, hein ?
Ayame serra les dents.
- Ferme-la ! cracha-t-elle. T'en sais rien ! T'en sais rien du tout ! Tu sais pas la pression que ça fait quand tout le monde veut t'éliminer ! T'A PAS D'ENNEMI !
Elle commençait à fatiguer. Livaï, lui, se retint de lui donner un autre coup. Tant qu'à faire, il préférait plutôt être sûr de sa trahison avant de l'abîmer.
- T'es qu'une égoïste. Toutes ces histoires sur reprendre nos terres, t'en a fais quoi ?
Suite à ces paroles, quelque chose trembla en Ayame.
"Jusqu'à quelques jours, je me fichais de "sauver l'humanité" mais maintenant, je veux buter les titans, récupérer nos terres et permettre enfin aux habitants des bas-fonds de remontrer à la surface !"
C'était ce qu'elle lui avait dit il y a quelques jours. Elle y croyait dur comme fer. Pour elle, jamais sa vengeance n'était passé en premier temps.
- Qu'est-ce qui est important pour toi, la morveuse ? Qu'est-ce qui est le plus important !
Oui, Livaï voulait y croire. Il voulait croire qu'elle ne jouait pas un rôle depuis le début. Elle avait sûrement souvent menti, mais il voulait penser que son comportement avec lui n'était pas faux.
Car sinon, ça voudrait dire la perdre.
- RÉPOND PURÉE ! cracha Livaï. LÀ, MAINTENANT, QU'EST-CE QUI COMPTE LE PLUS POUR TOI !
Jean et Conny s'échangèrent un regard perplexe. Le caporal-chef Livaï perdait son sang-froid. Il serrait le col de la femme, son regard d'acier posé sur elle.
Mais malgré ça, elle ne réagissait pas, le regardant avec ses grands yeux verts. La main qui tenait son col tremblante, il la lâcha en la poussant par terre.
Ensuite, il frappa l'arbre à côté, colérique.
- Alors... tu n'étais qu'une menteuse ! chuchota-t-il d'une voix tremblante qui en surpris plus d'un.
Il se tourna vers Ayame. S'il n'était pas fou de rage, il aurait vu son expression troublée et hésitante.
Mais il était furieux de s'être fait berné par elle, d'avoir presque ouvert son coeur, d'avoir accepté qu'elle dorme avec lui...
Il sortit sa lame, se fichant totalement des exclamations autour de lui. Il devait maintenant prendre ses responsabilités. C'était lui qui l'avait emmené au bataillon... Hors de question de la laisser nuire à son escouade.
Mais il jeta sa lame quelques secondes plus tard, se rendant compte qu'il ne pouvait pas faire ça.
Cette fois, c'est avec un regard suppliant qu'il regarda la femme. Si elle continuait à se taire...
- Juste parle ! souffla Livaï dans un élan désespéré. Répond, tant que tu dis la vérité... qu'est-ce que tu ne veux pas perdre !
Le silence lui répondit. Le coeur de Livaï se serra violemment, puis violemment encore que lorsque Furlan et Isabelle étaient morts. Il se rendait lentement compte de tout ce qu'il perdait. Il serra les poings.
Qu'il aurait aimé que ça se passe autrement...
Puis, semblant sortir tout droit des ténèbres pour rejoindre la lumière, une petite voix se fit entendre.
- Le... Le bataillon... je ne veux pas le perdre...
Elle avait murmuré, les joues roses, mais tout le monde avait entendu. Livaï fit quelques pas en avant, et attrapa son menton. Il la regarda droit dans les yeux, et elle fit de même.
- Si tu mens...
- Je suis honnête, coupa-t-elle en reprenant contenance. J'aime le bataillon. Plus que tout.
Une flamme brûlait dans ses prunelles vertes.
Livaï la lâcha, soulagé. Pendant une seconde, il avait eu l'impression que le monde lui tombait dessus. Mais ce soulagement fit bientôt place à l'incompréhension.
- Ayame, appela soudain Mikasa.
Elle parlait d'un ton calme. Comme elle était trop loin, elle s'approcha du lieu où elle était attachée.
- Ici, tout le monde t'apprécie. Mais on se bat pour l'humanité. Tu nous as déjà dit, une fois, que tu ne t'attaquerais jamais au bataillon. Mais tu l'a fais. Dis-nous tout maintenant, joue carte sur table et on te croira.
Armin était surpris de son intervention. Mikasa ne prêtait jamais attention aux autres. Elle ne s'occupait que d'Eren et lui...
- C... C'est vrai ! acquiesça Jean. Tu avais parlé des Norian, alors on peut te croire. Les Norian sont nos ennemis à nous aussi, non ?
- Commence par les bases, idiot, soupira Livaï. Tout le monde ici sait et connait la noblesse des Norian. Mais ce que nous, nous savons, c'est que cette famille a la main prise sur le gouvernement. Ils contrôlent la royauté.
- Alors comme la royauté est entre les mains d'imposteurs, que les Norian ont volé la place d'Historia... Les Norian sont nos ennemis ? termina Armin.
Livaï acquiesça. Il se tourna vers le corbeau. Avec ses cheveux noirs et ses yeux émeraudes, personne ne semblait pouvoir pénétrer dans son esprit. Mais cette fois, comme ça arrivait parfois, il arriva à tout lire en elle.
Elle était gênée, mais surtout, hésitante. Il la voyait essayer de se détacher de ses liens, même si c'était peine perdue. Dans un cas comme ça, elle aurait sûrement aimé avoir son couteau en main, juste au cas où.
- Alors c'est bien toi, la femme que les Norian veulent tuer ! souriait soudain une voix brisé.
Tous se tournèrent vers l'homme qu'ils avaient interrogé il y a quelques
minutes. Ce soldat des brigades spéciales qui affirmait ne rien savoir.
- T'es déjà morte, ma pauvre ! T'aurais pas dû te mettre cette famille-là comme ennemis ! Je sais pas ce que t'a fais, mais ils sont prêts à tout ! A...
Plusieurs coups secs se firent entendre. Ayame ouvrait grand les yeux, le regard posé sur Livaï, qui frappait sans s'arrêter le prisonnier.
- Reste silencieux le pisseux, on t'a rien demandé !
L'homme tomba, inconscient, au bord de la mort.
- Bon, tu vas commencer par nous dire pourquoi les Norian t'en veulent.
Livaï était revenus vers la noiraude, comme si rien ne s'était passé. Dans une autre situation, Ayame aurait pu sourire face à ce geste.
- Je suppose que je n'ai rien à perdre à tout vous dire...
Elle ne vivait pas pour se venger. Elle en avait la certitude. Elle vivait pour survivre quand elle était avec Ken Sato et Kenny Ackerman. Puis, elle avait rencontré Livaï qui l'avait fait entré au bataillon.
Sans s'en rendre compte, tous ceux qui s'y trouvaient finirent par entrer dans son coeur. "L'entraide" qui n'était pas un mot du dictionnaire des bas-fonds, l'avait conquise.
Il était temps maintenant qu'elle s'ouvre elle aussi à eux. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle agissait comme ces imbéciles qui seraient prêt à tout pour ceux qu'ils aiment...
- J'aimerais tout d'abord que tu me rendes mon héritage, Livaï.
Elle pointa du doigt le couteau qu'il avait mit à sa ceinture. Le caporal arqua un sourcil face au mot "héritage". Il prit le couteau et le jeta par terre, devant Ayame. Elle ne pouvait de toute façon pas le prendre, vu qu'elle était attaché.
- Maintenant, tu vas parler, ordonna Livaï, ses prunelles d'acier poser sur Ayame.
Chacun attendait sa réponse. Était-elle réellement une allié ? Jouait-elle la comédie ? Toutes ces questions allaient enfin être résolues.
De eux tous, c'était Livaï qui était le plus concentré. Allait-elle enfin dire la vérité ? Il sentait quand elle cachait quelque chose, est-ce que ce sentiment de malaise allait enfin disparaître ?
Ayame se mit à rire en éclat.
- Maintenant que j'y pense, c'était ridicule de ma part de vous le cacher ! Après tout, même si je vous donnais mon véritable nom, personne ici n'aurait compris mon lien avec la royauté !
Elle bloqua son regard sur Livaï, qui ressenti un étrange frisson. Puis, droit dans les yeux, elle dit :
- Mon nom est Ackerman, caporal. Ayame Ackerman.
...
- Haah ?
À suivre...