Chapitre 12 :
Blue : 23 ans.
Assise sur le grand canapé blanc de ma chambre, je regarde la télé. J'avoue que je ne suis pas très attentive, je suis dans mes pensées. J'essaye de comprendre. J'essaye de trouver les réponses à mes questions.
Je n'y arrive pas, je ne sais même pas par où commencer. Il y a beaucoup trop d'éléments manquants.
Je veux savoir pourquoi est-ce qu'on m'a fait venir ici après cinq ans, et surtout pour entraîner Tatiana.
Tout se bouscule dans ma tête.
Mes sourcils se froncent quand j'entends un énorme bruit provenant du salon. J'hésite à me lever, que font-ils ?
Je finis quand même par me diriger vers ce bruit.
J'ai comme un mauvais pressentiment...
Alors doucement je descends les grands escaliers en marbre. Puis sans faire de bruit, j'arrive au salon.
Ce que je vois me pétrifie, je me fige sur place.
Azarias et Leandro adossés au mur et Tatiana, elle est aussi pétrifiée.
Éros est en train de jouer avec un vieil homme à... la roulette russe?!
Il est en train de tirer des balles! Des balles qui frôlent la tête du vieil homme. Ça à l'air de l'amuser puisqu'il rigole.
Il rigole putain!
Je remarque vite que le vieil homme saigne déjà au ventre. Il pleure et gémit de douleur.
Je vois Tatiana, prête à arrêter Éros.
Quand soudain, un souvenir d'enfance me revient.
Je l'attrape par le bras et l'arrête subitement.
Elle me regarde dans les yeux, les siens sont remplis de larmes.
- Pourquoi tu m'arrêtes Blue?! Il est en train de le tuer!
Ma bouche est sèche, je ne respire pas correctement.
Cette scène qui se déroule devant moi, juste sous mes yeux est horrible.
- Je sais, mais ne l'arrête pas. Il ne faut pas l'arrêter!
- MAIS POURQUOI?! Crie-t-elle.
Blue : 16 ans
- J'ai envie de crever putain. S'exclame Cassie, ma meilleure amie.
- Hein? Pourquoi? T'es bizarre.
- Juste pour voir ce que ça fait. Répond-t-elle en haussant les épaules.
Je ricane légèrement tandis que mon regard se pose sur mon téléphone.
15h30.
- Je vais y aller. Dit-elle en se levant.
Je fronce les sourcils et relève la tête. Hein? Je comprends pas.
- Où vas-tu? On finit les cours qu'à 17 h.
- Oui, je... je sais. Je vais juste faire un petit tour dans le lycée. Tu m'en veux pas?
Je secoue la tête. Je ne lui en veux pas. Son père est mourant, et même si elle ne le montre pas, je sais qu'elle souffre. J'essaye d'être la plus présente pour elle, mais je sais que parfois, elle a juste besoin d'être seule, pour pleurer. Elle n'a jamais aimé pleurer, et encore moins devant les gens.
Sur ce point, on se ressemble énormément. Alors je lui laisse l'espace dont elle a besoin. Sans pour autant l'abandonner. Je ne veux juste pas l'oppresser.
Elle me sourit et s'éloigne doucement.
Je soupire. Que vais-je faire? Le cours ne commence qu'à 16h00 pour se finir à 17h00. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire pendant les trente minutes restantes.
J'allume mon téléphone, quand il s'éteint subitement.
Super! J'ai plus de batterie.
Je souffle pour la énième fois et me lève du banc. Je rentre dans le lycée et me dirige vers la bibliothèque. J'ai un contrôle que je n'ai pas vraiment révisé.
Soudain j'entends de grands bruits. Je me dirige alors vers ceux-ci, et tombe sur un tas de gens qui crient, entassés en cercle, les uns sur les autres.
Ils sont putain d'excités!
Je cherche ce qui peut bien provoquer cet attroupement.
Mes yeux s'écarquillent subitement quand j'entends une voix que je connais que trop bien.
- Espèce connard, je vais te tuer!
Éros.
Oh non, ne me dites pas qu'il est en train de se battre?! C'est la deuxième fois en une journée.
Je me faufile parmi la foule pour me faire une place, et arrive enfin en face d'Éros.
Bah bordel, c'est pas beau à voir.
Éros est assis sur un mec au sol. Il n'arrête pas de le frapper. Il enchaîne les coups tandis que le mec le supplie d'arrêter.
Les flashs de téléphones et les cris me font grimacer.
Pourquoi est-ce qu'ils ne réagissent pas?! Pourquoi personne ne les sépare?!
- Éros! Criai-je.
Mais rien, il continue d'enchaîner les coups. Rien, ni personne ne l'arrête. Il est violent, brutal, féroce. Il veut faire mal à ce pauvre type, déjà mal en point.
- Ferme ta gueule! Cri un mec à mon égard. Laisse-les se battre, soit pas casse-couilles.
Je le fusille du regard, et m'approche doucement d'Éros. Pitié, faites qu'il s'arrête. Il va finir par le tuer. Arrivée à sa hauteur, je pose ma main sur le bras d'Éros. Acte que j'aurai dû éviter, parce qu'une vive douleur se fait ressentir sur ma pommette, et ma main se pose sur celle-ci.
Il vient de me frapper. Éros vient de me frapper!
Un gémissement de douleur s'échappe de mes lèvres et la tête d'Éros se tourne subitement vers moi. Ses yeux s'écarquillent et il grogne.
- PUTAIN! FAIT CHIER! Cri-t-il.
Son regard se plante dans le mien. Et je recule, en sentant ma pommette brûler. J'ai grandement besoin d'eau pour soulager la douleur. Alors je pars précipitamment vers les toilettes des filles.
Je me positionne face au miroir et observe ma pommette. La zone qui me fait mal est toute rouge, il n'y est pas allé de main morte! C'est sûr, demain j'aurai un sacré bleu sur la joue.
La porte s'ouvre soudainement sur Éros, bien amoché. Il referme la porte derrière lui, sa mâchoire est serrée.
- T'ES VRAIMENT CONNE PUTAIN! Explose-t-il soudainement. Pourquoi tu t'es approchée?! Pourquoi tu t'en es mêler?!
- JE VOULAIS SIMPLEMENT T'ARRÊTER! Explosai-je à mon tour avec colère.
Il souffle et passe sa main dans ses cheveux, essayant de canaliser sa colère qui ne cesse d'augmenter. Puis, il s'approche de moi. Il attrape un mouchoir, puis le mouille légèrement.
- Ne bouge pas. Murmure-t-il.
Le papier froid entre en collision avec ma pommette brûlante. Je grimace et gémis légèrement de douleur. Le chaud et le froid combinés, ce n'est vraiment pas agréable.
- Je n'voulais pas te frapper. Chuchote-t-il doucement.
- Pourquoi est-ce que t'as frappé ce type? Demandai-je en sentant son souffle sur ma joue.
- Ça, ça ne regarde que moi trésor. Ne m'en veux pas. Je vais juste te donner un conseil. Si tu me vois frapper quelqu'un, n'intervient pas. Jamais. Sous aucun prétexte. Tu as eu de la chance que ce soit toi. Tu as très bien vu qu'en intervenant, ça te faisait du mal. Mes coups partent tout seuls, je ne les contrôle pas.
Je ne réponds rien, et on continue de s regarder dans les yeux.
- Tu auras un bleu d'ici demain. Dit-il en continuant ses mouvements.
Je hoche simplement la tête incapable de répondre quoi que ce soit.
À vrai dire, je suis encore en état de choc. Éros est si violent, ça m'a vraiment perturbé.
Il était si violent pendant cette bagarre, et maintenant, il est... si... doux?
- Tu devrais mettre de la pommade, je parie que tu en as chez toi?
Je hoche simplement la tête. Il recule et jette le mouchoir humide dans l'eau.
- L'eau ne te servira pas à grand-chose, juste à réduire l'afflux sanguin et donc diminuer le diamètre des vaisseaux sanguins. Tu devrais mettre de la glace aussi.
- Et toi?
- Quoi moi? Demande-t-il en penchant sa tête sur le côté.
- Ton arcade sourcilière est ouverte, ça saigne un peu. Tu ne vas pas appliquer d'eau?
Il fronce les sourcils et se tourne vers le miroir.
- Non, pas maintenant.
- Ça à l'air de faire mal. Répondis-je.
Il hausse les sourcils en reculant jusqu'à la porte.
- N'oublie pas d'appliquer de la glace, je retourne en cours.
Et sans que je puisse ajouter quoi que ce soit, il s'en va, en faisant bien attention à laisser la porte ouverte.
Je secoue la tête et me retourne vers le miroir.
Ce bleu me rend encore plus moche qu'avant.
Je sors enfin des toilettes et me dirige vers la salle de cours en voyant l'heure qui affichait déjà 16h58.
Blue : 23 ans.
Éros avait été clair, on ne doit jamais l'interrompre quand il se bat avec quelqu'un. Il ne contrôle pas ses coups, il n'est plus maître de sa colère et de son corps.
J'en ai eu la preuve formelle.
Je n'ai pas envie que ce soit Tatiana qui se prenne un coup cette fois-ci.
D'autant plus qu'Éros est un tueur à gages à présent. Il est devenu sûrement encore plus fort.
« Il est le plus fort des tueurs à gages de la mafia italienne. Si tu croises son chemin, fuis, il est dangereux. Un jour, un enfant de cinq ans l'avait bousculé, et il l'a tué ; une balle en pleine tête. »
Cette phrase de Romino est claire : Éros est dangereux. Il est horrible. Il a tué un enfant. Alors je n'imagine même pas ce qu'il ferait à Tatiana si elle l'interrompt.
- Tu risques de te prendre un coup, Tatiana. Dis-je en fixant cette scène affreuse.
Je sais pourquoi à chaque fois qu'Éros se bat, personne n'intervient. Personne n'ose l'arrêter.
Tout à coup, le grand poing d'Éros entre en collision avec le ventre du vieil homme.
- T'as essayé de me planter connard?! T'as oublié qui j'étais?! Je suis Éros Garcia putain! C'est moi qui ais tous les pouvoirs ici! C'est clair?!
Et l'homme se prend un autre coup dans le ventre, puis dans le visage.
Je sursaute, choquée par la violence d'Éros.
Et ce qui me choque le plus, c'est Leandro; un mini-sourire en coin est affiché sur ses lèvres.
POURQUOI EST-CE QU'IL SOURIT LUI?! IL TROUVE SA DRÔLE?!
PUTAIN! C'EST HORRIBLE!
Mes yeux s'écarquillent encore plus quand Éros pointe son arme sur la tête du vieil homme.
- T'as de la chance qu'il y a quelqu'un en haut que je ne veux déranger. Crois-moi, si elle n'était pas là, je continuerais de m'amuser avec toi. Mais je refuse qu'elle me voit faire ça. Alors remercie Dieu, c'est ton jour de chance. Tu vas mourir plus vite que prévu!
Mon cœur arrête de battre. Il parle de moi? C'est moi la fille qu'il ne veut pas déranger?
Non, ça doit être Tatiana...
Et subitement, sans que je puisse m'en rendre compte, un énorme bruit résonne, et le vieil homme qui était jusqu'à présent attaché sur une chaise, ferme subitement les yeux.
Il ne bouge plus.
Il ne bouge plus...
Merde, il ne bouge plus!
Sa tête tombe en arrière, et une odeur métallique et morne envahit le salon.
Puis, Éros se retourne, et ce que je vois me déchire le cœur. Éros a du sang dans les cheveux, sur le visage, et ses vêtements.
Il sourit et continue de sourire. Comme s'il n'a aucun putain de regret, alors qu'il vient de tuer quelqu'un!
Mais ses yeux s'écarquillent quand son regard croise le mien.
J'ai arrêté de respirer. J'ai senti la peur envahir mes membres.
Parce que oui, je n'arrivais pas à y croire avant. Je ne voulais pas y croire. Mais maintenant, je sais que c'est vrai, je sais qu'il en est capable. Je viens de le voir de mes propres yeux. Il a pris la vie de quelqu'un. Éros est un véritable tueur. Il est horrible, c'est... c'est un... un monstre.
La peur me paralyse. Je sens le regard de Leandro et Azarias sur moi. Je sais qu'eux non plus ne m'avaient pas remarqué.
La mâchoire d'Éros se contracte, et il ferme les yeux quelques instants.
C'est de moi qu'il parlait, il ne voulait pas que je sois là et que je le vois.
Il avance d'un pas, mais instinctivement je recule. Je suis morte de peur. J'ai peur de ce qu'il peut me faire à moi.
J'ai peur d'Éros.
Alors sans crier gare, je me mets à courir en me dirigeant vers les escaliers pour rejoindre ma chambre.
La peur m'envahit. J'ai les mains moites. Je transpire. Je suffoque. Je suis terrifiée.
J'ai l'impression que c'est moi qui suis en train de mourir...
Je respire vite et fort. J'ai beau essayer de me calmer, ça ne mène à rien. La peur continue d'envahir tous mes membres, chaque parcelle de mon corps.
Soudain je sens une présence derrière la porte. Merde, j'ai encore oublié de la fermer.
Je déglutis et me retourne.
Éros entre dans la chambre, et je recule. Je recule, encore et encore.
- Fait chier... Murmure-t-il en arrêtant d'avancer. Tu n'étais pas censée être là. Tu ne devais pas voir ça.
- Mais... mais je... je l'ai vu. Sors... sors de ma chambre. Dis-je en bégayant, les larmes aux yeux.
La peur, foutu sentiment.
- Non, je ne peux pas.
- S'il te plaît. Dis-je en tremblant, les yeux baissés vers le sol de ma chambre.
- Pas avant que tu n'aies plus peur. Déclare-t-il en s'avançant vers moi.
- Ne t'approche pas! Ne me tue pas! Je ne veux pas mourir maintenant! Criai-je en éclatant en sanglots.
Il s'arrête, fronce les sourcils et lève les mains en l'air, signe qu'il ne fera rien.
- Je ne vais pas te tuer d'accord? Tesoro, c'est moi, Éros. Je ne te tuerai jamais. Je ne te ferai jamais aucun mal.
- Tu n'es plus le même, tu... tu...
- Je sais, je sais, ce que tu as vu était horrible. Je ne voulais vraiment pas que tu le vois, je te le jure.
- Mais je l'ai vu! T'es horrible putain! Tu l'as tué! Sans aucun remord!
Il ferme les yeux et passe ses mains sur ses cheveux, encore humide de sang.
- Sors s'il te plaît. Je t'en supplie... Chuchotais-je en pleurant.
- Arrête de pleurer et de trembler tesoro, n'aies pas peur je t'en prie. Je te fais la promesse que je ne te tuerai pas, jamais. En revanche je continuerai de tuer ceux qui le méritent.
- Pourquoi as-tu tué cet homme?!
- Parce qu'il m'énervait.
- Mais ce n'est pas une putain de raison!
- Pour moi si.
Puis il quitte ma chambre en claquant la porte derrière lui.
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Nouveau chapitre! J'espère sincèrement que l'histoire vous plaît.