TRINITY - Tome 2 : Voir loin...

By Romi-Viki_Cozhker

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L'Institut Électre Even a été attaqué. Ce lieu idyllique pour les jeunes marqués n'est plus un Havre de paix... More

[ Prologue ]
[ 1 ] Réveil, souvenirs et dames
[ 2 ] Sous-sols, monde et Enkephalos
[ 3 ] Gymnase, dispute et glanage d'informations
[ 4 ] Banque, freeze et identité
[ 5 ] Stylo, cachotteries et rêve sinistre
[ 6 ] Entraînement des Masked-men, couteau et fumé
[ 7 ] Revenante, ampoule et matière
[ 8 ] Nouvelle recrue, balade et retrouvailles
[ Inter chapitre 1 ]
[ 9 ] Révélations, à cœur ouvert et soulagement
[ 10 ] Flamme, paillettes et baisé
[ 11 ] Anecdotes, plaisanteries et rougissements
[ 12 ] Cellule, barreau et libération
[ 13 ] Arène, combats et fosse
[ 14 ] Chaînes, ballon de baudruche et fureur
[ 15 ] Une étrangeté de plus, Lev et ébène
[ 16 ] Orage, balade et plage
[ 17 ] Boule de neige, loup et if
[ 18 ] Couettes, proposition et compétition
[ Inter chapitre N°2 ]
[ 19 ] Changement, lumière et question d'âge
[ 21 ] Rencard, billard et soulard
[ 22 ] Chanson, vision et message
[ Inter chapitre N°3 ]
[ 23 ] Appartement, bibelots et balcon
[ 24 ] Échelle, kopecks et rêves
[ 25 ] Brume, lueur et papillon dans le vente
[ 26 ] Proposition de voyage, coquillage et éclairs dans l'eau
[ 27 ] Nuits mouvementées, odeurs et appel à la mobilisation
[ 28 ] Banque, supers vilains et tête brûlée
[ 29 ] Déflagrations, jumeaux contre jumelles et championne
[ Inter chapitre N°4 ]
[ 30 ] Dispute, quatre vérités et douche
[ 31 ] Retour au calme, réconciliation et laisser couler
[ 32 ] Alarme, mêlée et mot
[ 34 ] Hélice, explosion et dôme
[ Epilogue ]
[ 1° chapitre du tome 3 de TRINITY ]

[ 20 ] Moto, noctambule et vent dans les cheveux

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By Romi-Viki_Cozhker

La balade se poursuit un certain temps. Je ne vois plus grand-chose hormis ce qui est éclairé par le phare de la moto d'Arsène. Le soleil est couché depuis bien longtemps. Dans cette partie du pays, au cœur de l'hiver, l'astre s'endort lorsqu'il est, au mieux, dix-neuf heures. Par contre, je commence à avoir sérieusement froid. Arsène a dû s'en rendre compte puisque j'aperçois les lumières de la ville surgir à l'horizon. Nous retournons sur les axes principaux qui mènent à Toronto et la moto ralentit, même si elle persiste à zigzaguer entre les véhicules qu'elle juge trop lents. Nous atteignons vite le downtown. Arsène se gare dans une ruelle. Malgré moi, je suis un peu déçue de descendre, mais je tremble de froid, alors que lui paraît plutôt revigoré par cette petite escapade noctambule.

Pendant que je me frotte les bras, il enfile un anti-vol sur sa bécane et se tourne vers moi. Ses yeux brillent toujours dans l'obscurité, à peine dissipée par les lampadaires, apparemment victimes d'une hécatombe dans ce coin de la ville. Il m'observe rapidement de haut en bas, puis comble l'espace qui nous sépare pour poser ses mains sur mes joues. Je ferme un instant les yeux, savourant cette subite chaleur. Je n'aimais pas forcément me l'avouer avant, mais bon sang qu'est-ce que j'aime cette proximité.

Je suis persuadée que mes joues sont toutes rouges à cause du vent et de la fraîcheur. Mais est-ce que ce n'est que à cause de la météo que je sens de la chaleur sous ma peau ?

Le jeune homme baisse ensuite les mains pour frotter vigoureusement mes épaules et mes bras dans l'espoir d'accélérer ma circulation sanguine.

— Pardon, j'aurais dû écourter la balade. J'oublie parfois que je suis plus résistant au froid, explique-t-il avec des sourcils désolés.

Finalement, il me prend carrément dans ses bras pour me coller à son torse, ou plutôt à sa veste à intérieur laineux. Chaud et ferme... comme un bon matelas... Trixie, à quoi tu penses ? C'est pas le moment de dormir, là. Et puis Arsène ne mérite pas d'être comparé à un banal matelas, enfin.

— C'est pas grave, dis-je entre deux claquements de dents. Bon, mes genoux jouent des castagnettes, mais c'était une super balade. Et puis, j'ai connu pire. Une fois j'ai dû plonger dans une eau à trois degrés, donc bon... me rappelé-je en haussant les épaules.
— Il me faudra un contexte, mais plus tard. Allons plutôt dans un lieu chauffé.

Je hoche la tête. Arsène me prend la main, j'entrelace nos doigts, et il ouvre la marche. Le brun s'arrête et pousse une porte. Lorsque cette dernière se referme derrière nous, je suis frappée par la douce chaleur qui vient détendre et revigorer mes muscles. Je soupire d'aise. Comme ça fait du bien.

Cette chaleur est couplée à une bonne odeur de nourriture et au son d'une musique d'ambiance, des discussions et des rires de convives, réunis autour de tables dans des boxes ou le long d'un bar en bois clair. Mes yeux courent à travers la pièce. Les lieux sont conviviaux, le mobilier en bois et la lumière tamisée leur confèrent une atmosphère à la fois accueillante et intimiste, et les sourires des employés sont amicaux. J'ai l'impression que l'un des petits groupes assis au bar est composé d'habitués échangeant des blagues avec la barmaid. Je ne me sens pas non plus oppressée par un trop grand nombre d'individus desquels il faudrait que je bloque les pensées, m'empêchant par la même occasion de me détendre. Une main passe autour de ma taille, des lèvres déposent un baiser sur mon front. Je sais que ce simple geste me fait sourire comme une idiote... Et je crois que j'aime bien sourire comme une idiote.

Merde. Qu'est-ce que cet homme me fait ?

— L'endroit te plaît ? On peut changer sinon.

Je lève le nez vers son visage. Entre-temps, le jeune homme a passé ses lunettes fumées pour dissimuler la couleur remarquable de ses iris.

— Non, c'est parfait.

Une jeune femme s'avance vers nous — une serveuse, qui nous propose de la suivre vers un boxe. Nous lui emboîtons le pas et nous glissons sur une banquette au cuir légèrement élimé. Avec un sourire, la femme nous tend à chacun un menu, puis s'éclipse. Notre boxe est celui qui est le plus à l'écart, dans le fond de la pièce. Arsène peut se permettre d'enlever ses lunettes, il lui faudra juste faire attention de les remettre lorsqu'un employé repointera le bout de son nez. Il passe une main dans ses cheveux afin de les recoiffer, faisant tomber quelques mèches ébène devant ses yeux. Les plats dont je lis les descriptions sont simples et appétissants. Je suis évidemment tentée par une poutine, en bonne québécoise que je suis, mais réflexion faite, je vais peut-être m'abstenir de finir la soirée avec un transit défectueux. Ce plat, bien qu'excellent, surtout en hiver, n'est pas ce qu'il y a de plus simple à digérer. Surtout que je n'ai jamais eu l'habitude d'engloutir de grandes quantités. Les portions à l'orphelinat étaient plutôt maigres et je n'aimais pas manger avec les autres, alors je me nourrissais presque exclusivement du sang de mes proies nocturnes...

Une chaleur se fait sentir sur ma cuisse. C'est encore Arsène qui y a posé sa main afin d'attirer mon attention. Manifestement, il m'a posé une question, mais je ne l'ai pas entendue. Je secoue la tête pour m'évader de ces souvenirs inutiles.

— Pardon, j'étais perdue dans mes pensées. Tu disais ?
— As-tu choisi ?
— Euh... Une seconde.

Mes yeux parcourent la carte en diagonale, puis je pose le doigt sur un plat qui devrait me plaire.

— Excellent choix.

Arsène remet ses lunettes noires, interpelle un garçon et lui décrit notre commande. Le serveur note tout ça avec beaucoup de sérieux sur son petit calepin déjà bien entamé. Nos plats arrivent en un temps record. Nous sommes en pleine semaine, je suppose que c'est pour cela qu'il y a peu de clients. Mes yeux s'agrandissent en voyant ce qui arrive sur notre table. L'assiette est plus grande que prévu, colorée, et sent super bon. En tournant les yeux vers ce qui trône devant Arsène, c'est ma mâchoire qui se décroche. Tout à l'heure, je n'ai pas écouté ce qu'il a dit, trop occupée à parcourir les lieux du regard. J'aurais dû être plus attentive :

— Tu as vraiment commandé deux poutines ? Pas une, non, deux ? demandé-je à Arsène en levant mon index et mon majeur juste devant ses yeux.
— Bah oui. Pourquoi ?
— Mais où mets-tu tout ça ? Là-dedans c'est essentiellement de la pomme de terre, du fromage fondu, de la moutarde, du concentré de tomates et de l'ail ! D'ailleurs, tu vas puer de la gueule.
— T'inquiète, j'ai pris des chewing-gums, me rassure-t-il. Ensuite, j'ai un métabolisme très rapide qui a besoin de beaucoup de calories pour tenir, surtout avec ce froid. C'est pareil pour Zack. Et enfin, t'as l'air de bien connaître la recette de la poutine, rit-il. Comment ça ce fait ? Trinity cuisine beaucoup ?
— Oh ? Euh, pas vraiment non. Ça, ça me vient plutôt de vieux souvenirs. Ma grand-mère cuisinait tout le temps ce plat lorsque nous allions la voir en hiver.

Franchement, de tout ce qu'il s'est passé avant mes treize ans avec ma famille et de tous les trucs que j'ai pu faire avec mes grands-parents, c'est de la recette de la poutine dont je me souviens ? Mon cerveau me fera toujours marrer.

— Dis, tu parles pas beaucoup de ta famille ; ou même de ton passé en général.

Mes yeux quittent la contemplation du filet de poisson dans mon assiette pour revenir sur le visage du brun.

— C'est vrai. Mais tu sais, tu ne dois pas le prendre mal. Je considère que ma vie a réellement commencé le jour de mes dix-huit ans, lorsque j'ai quitté l'orphelinat. Seules mes petites sœurs ont déjà entendu tous les détails de mon passé. Et puis... j'aurais préféré ne pas me souvenir de tout ça, dis-je en haussant les épaules. De l'abandon de mes parents et de mes mésaventures à l'orphelinat, je veux dire. Alors, si je n'en parle pas, que je n'y pense pas, c'est un peu comme si ça n'existait pas vraiment, n'est-ce pas ?

Le regard d'Arsène est intense, buvant la moindre de mes paroles. La vivacité de la nuance de ses yeux me le prouve.

— Tu m'en parleras un jour ?
— Je commence déjà à t'en parler, lui fais-je remarquer.

Il sourit en acquiesçant.

— Allez, mangeons tant que c'est chaud. Tu as besoin de te réchauffer, rappelle-t-il pour passer rapidement à autre chose.

Soulagée, je plante ma fourchette dans le premier aliment venu. Les discussions s'enchaînent dans une atmosphère détendue. Je suis complètement réchauffée, mes dents ne jouent plus de musique et nos sujets sont bien plus légers. J'apprends qu'Arsène n'emmène jamais de femmes ni d'amis ici, mais qu'il aime venir avec son petit frère pour une journée « famille » et que c'est pour ça qu'il connaît si bien la carte. Il me raconte des anecdotes à propos de sa vie, ce qui me fait souvent rire. Il a du talent pour raconter des histoires en les rendant drôles. Je le laisse me distraire et monopoliser la parole. Moi, je n'ai pas vraiment eu d'enfance, ni d'adolescence... ni de début de vie d'adulte... Ouais, on va faire court et dire que je n'ai pas eu une vie super amusante en règle générale. C'est pour cela que je bois ses paroles.

Pourtant, il me pose des questions sur ma vie bizarre, se montrant très intéressé par mes anciennes missions, quelques déboires avec des ex-employeurs, ou encore nos mésaventures lorsque nous parcourions les Amériques en long, en large et en travers. Je lui raconte la fois où nous traversions Mexico en fourgonnette et où la police nous a arrêtées pour nous racketter, moyennant de leur donner cinq-cent balles pour ne pas être mises en détention, puis comment nous ne nous sommes pas laissées démonter et comment on a sorti des calibres plus lourds que les leurs... Je me souviens bien que, sur le moment, peu de ces histoires nous avaient fait rire, mais ce soir, je parviens moi aussi à amuser Arsène. Cool, j'ai presque l'impression d'être une femme normale qui raconte des anecdotes de boulot.

Petit à petit, nous nous rapprochons, et finissons assis tout près l'un de l'autre. Nos genoux se touchent. Ce simple contact suffit à intensifier les battements de mon cœur et me rendre toute joyeuse. J'ai la sensation d'être revenue à mes seize ans — enfin, des seize ans hypothétiques où je n'aurais pas grandi dans un orphelinat, me permettant par la même occasion de rencontrer des personnes stables et gentilles...

Arsène plaque sa main sur sa bouche et ricane. Son attention est tournée vers l'autre côté de la pièce. Je suis son regard. Le mien tombe sur un petit groupe de serveurs et serveuses échangeant avec la barmaid.

— Qu'est-ce qui est si drôle ? Tu entends quelque chose ?
— Alors, figures-toi qu'un serveur et une serveuse ont émis l'hypothèse que nous sommes des personnes célèbres cherchant à avoir un rendez-vous incognito.
— C'est les lunettes de soleil en pleine nuit et en intérieur, ça, le taquiné-je en lui donnant un petit coup de coude.
— Ils pensent surtout que je suis un acteur ou un truc comme ça et que tu es ma petite amie, ou une mannequin.
— Oh, tu serais parfait dans un film d'action ! Par contre, j'ai pas la taille mannequin, ils se sont laissés avoir par mes talons compensés.
— T'es peut-être pas très grande, mais t'es largement assez séduisante pour figurer sur la première de couv' d'un magazine.

J'arrête de fixer les personnes à l'extrémité du bar et relève le nez vers lui.

— Tu me trouves belle ?
— Ne fais pas comme si tu avais besoin qu'on te le dise.
— Bien sûr que non. C'est juste que me le dire devant le miroir et t'entendre me le dire, ça n'a pas le même effet... avoué-je en sentant mes joues se réchauffer.

Le jeune homme ne répond rien à cela. Il se contente de poser une main sur ma joue, de se pencher vers moi et de poser ses lèvres sur mon autre joue. Je ne sais pas trop à quoi il joue. Veut-il me faire languir ou juste prendre son temps avec moi ? Moi-même, je ne sais pas ce que j'attends de cette soirée. Mais je sais déjà que je suis dans tous mes états pour un baiser sur la joue, alors qu'il est loin d'être le premier homme que je connaisse. Ça promet pour la suite...

— Tu pues de la bouche, Ars', balancé-je comme pour me protéger de ce qui pourrait advenir.

C'est comme si la peur de me laisser aller à mes sentiments me poussait à trouver une échappatoire.

Qu'est-ce que je fais ?

Mais le brun ricane en posant son front contre le mien.

— L'art et la manière de gâcher un moment romantique, chuchote-t-il. Merci, Trix'.

Je me pince les lèvres pour ne pas exploser de rire.

Nous terminons notre repas. J'ai finalement volé un certain nombre de frites recouvertes de fromage dans les assiettes d'Arsène. Nous allons payer notre consommation, saluons l'hôtesse et ressortons dans le froid de Décembre. Je fourre mes mains dans le fin fond de mes poches pendant qu'Arsène passe un bras autour de mes épaules. J'aurais bien répondu à cette étreinte, mais la perte de ma chaleur corporelle me préoccupe trop. Nous commençons à avancer d'un bon pas dans la ville, passant majoritairement par de petites ruelles exiguës et mal éclairées. Si je n'avais pas tant confiance en Arsène et en mes capacités d'autodéfense, je pourrais prendre peur et m'imaginer un scénario dramatique mettant en scène une sordide affaire de meutre de jeune femme, comme dans un mauvais film d'Halloween. À cette pensée saugrenue, je ne peux m'empêcher de pouffer dans mon écharpe.

— Qu'est-ce qui te fait rire ?
— Rien, je pensais à un truc con et complètement invraisemblable...
— Quel truc invraisemblable ?

Je lève le nez vers lui.

— Tu comptes m'assassiner à un moment ou un autre au cours de la nuit ?

Sans paraître surpris, Arsène adopte une expression d'intense réflexion, pouce et index reliés sur la pointe de son menton, yeux plissés.

— Hmmm... je ne pense pas, non.

Son regard croise le mien, puis ses lèvres s'étirent en un sourire entendu.

— Tu as raison, c'est complètement invraisemblable. Je ne vois pas comment je vivrais sans toi.

Mes joues s'enflamment. C'est le Vésuve dans ma tête. Le fond de la ruelle enneigée est soudain hyper intéressant.

Trouve un truc à dire, Trix'. Trouve un truc à dire !

— Sinon, il y a un endroit en particulier vers lequel nous nous dirigeons ou pas du tout ?
— J'allais justement te demander s'il y avait un lieu qui te ferait envie.

Je suis étonnée que le brun n'ait pas d'idée derrière la tête. Mais peut-être est-ce moi qui reporte mes propres penchants et défauts sur lui, et lui qui n'est pas aussi calculateur que moi ? Ce doit être ça. C'est moi, la folle manupulatrice sans cœur ni âme, ici. Clairement pas le jeune et fringant Arsène.

— Dans ce cas, nous n'avons qu'à nous promener un peu. Nous tomberons bien sur quelque chose de sympa à faire ?
— Vos désirs sont des ordres, Milady, promet Arsène en faisant un semblant de courbette.
— Pfff... t'es bête ! ris-je en lui donnant une tape sur l'épaule.

Arsène se contente de m'offrir son plus beau sourire, fier de ses bêtises.

— Ton sourire est ensorcelant, m'avoue Arsène, droit dans les yeux, avec une voix infiniment douce.

Mon cœur oublie comment battre. Ne trouvant rien de concluant à répondre, je préfère détourner les yeux sur le pavage. Moi, je crois qu'il ne sourira jamais de cette façon à une autre que moi. Du moins, je préfère le croire pour l'instant. Comment en être sûre et certaine ? Dans l'immédiat, je n'ai aucun moyen de m'en assurer, aucune preuve. Comment peut-on même en obtenir ? À moins, peut-être, de se laisser aller ? De s'abandonner à la confiance ? De placer son cœur entre les mains de l'autre en priant pour qu'il ne le laisse pas tomber et voler en éclats sur le sol ? Suis-je réellement capable d'un tel exploit ? Rien n'est moins sûr...

Ces pensées angoissantes s'envolent en une fraction de seconde lorsque mes yeux croisent la route d'une flaque aux reflets rouges. Je reconnais la rue où nous nous trouvons. Un nouveau sourire se forme sur mes lèvres.

— Je me doutais que tu serais contente de passer par ici.
— Tu as fait exprès ?
— Bien sûr.
— En fait, tu savais parfaitement vers où nous allions, nous ne marchions pas du tout au hasard.
— Bien sûr que non.
— Et après c'est moi la manipulatrice ? Laissez-moi rire, dis-je en secouant la tête.
— Je préfère le terme « précautionneux ».
— C'est cela, oui...
— Bon, au lieu de râler, comme toujours, et si nous allions à l'intérieur ? Tes genoux recommencent à jouer des castagnettes et je ne sais pas danser le flamenco, m'avoue-t-il.

Une seconde. Je râle tant que ça ?

Pas le temps de formuler mon inquiétude à voix haute : Arsène reprend ma main et nous fait entrer dans le night club. Après avoir abandonné nos vestes et mon écharpe à l'accueil, je retrouve les lumières rouges, la musique d'ambiance, la clientèle hétéroclite, les couleurs et les odeurs de cocktails, ainsi que la chaleur du Third Side Club. 

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