Neptune 2

By henovaa

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Après la tempête vient le beau temps, cependant Alma l'attend encore. Trois mois après que sa vie se soit tra... More

Note de l'auteure
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24 - Ezra
Chapitre 25
Chapitre 26 - Noa
Chapitre 27
Chapire 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33 - Ezra
Chapitre 34
Chapitre 35
Remerciements

Chapitre 13

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By henovaa

Miserable Man -  David Kushner

__

Lorsque je me réveille ce matin, je songe à prétendre que je suis malade. Un vilain rhume américain pourrait me clouer au lit, je suis certaine que cette excuse pourrait passer. Mais je n'ai pas le temps d'y penser car une réalité me frappe. C'est ma première nuit entière depuis des mois. Eden ne m'a pas réveillé.

Intriguée, je pousse la couette et je me lève. Une fois descendue au premier étage, je m'arrête un instant. Les deux portes menant aux chambres sont grandes ouvertes, ce qui signifie que mon père et mon frère sont déjà levés.

Je descends alors les escaliers, et ce que j'y vois me fait comprendre que la vie, la vraie, a repris son cours. Eden est sur le canapé, emmitouflé dans un plaid, devant un dessin animé. Mon cœur se serre en voyant qu'il ne quitte toujours pas le petit singe en peluche que le blond lui a donné.

— Coucou ma chérie, bien dormi ?

Je me retourne. Mon père est en train de cuisiner. Et en plus, il est même déjà habillé, prêt à se rendre au bureau. J'ai l'impression d'être partie durant des mois.

— Oui ça a été, répondis-je, surprise.

— Je fais des pancakes, tu en veux ?

Je secoue la tête. Il y a des choses qui ne changeront jamais. Je m'avance et ouvre le frigo. Un petit paquet emballé à mon nom attire mon attention.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Ton repas pour ce midi. Je t'ai préparé un sandwich au poulet et à l'avocat. Le frigo est presque vide, il faut que j'aille faire les courses.

Je le repose et attrape la bouteille de jus d'orange. Je ne sais pas si je suis contente. Bien sûr que je suis heureuse de revoir ma famille revivre enfin et reprendre ses habitudes, mais cela signifie qu'il faut que j'aille de l'avant, désormais. Et là maintenant, si j'avais pu m'enfermer chez moi en prétextant que l'on a besoin de moi, je l'aurais fait sans hésiter.

— Au fait, pas besoin d'emmener ton frère chez le psy ce soir, ta mère s'en occupe. Tu pourras aller voir l'entraînement de natation de Charlie, non ?

Je hoche la tête sans rien ajouter. Comment est-ce qu'il est au courant ? Je refuse de croire que Charlie lui en a parlé, il m'aurait prévenu.

— Il ne m'en a pas parlé, c'est le père d'Arya qui l'a fait. Ezra en fait aussi, je ne savais pas. C'est génial la natation, j'adorais ça !

Argh, je comprends d'où ma meilleure amie tient sa passion pour le commérage.

Ezra et Charlie pratiquent, durant la saison d'hiver, la natation, à raison de deux entraînements par semaine et d'une compétition par mois. J'ai réussi à éviter d'y aller depuis trois mois maintenant. Aucun entraînement, aucune compétition, rien. La piscine se trouve pourtant à quinze minutes à pied, j'ai toujours trouvé une excuse pour ne pas m'y rendre. Charlie ne m'en a jamais tenu rigueur, alors je ne vois pas pourquoi les choses changeraient.

— Je te dépose ? Ta mère passe chercher ton frère dans dix minutes.

— Tu vas travailler ?

— Oui, j'ai repris mes bonnes vieilles habitudes. Et je peux te déposer en chemin, comme avant.

Je souris. Pour une fille qui aime avoir ses habitudes, celle-là m'avait particulièrement manqué.

— Je file me préparer !

Je grimpe en vitesse les escaliers et me retrouve devant mon dressing. Je ne sais jamais comment m'habiller le matin. Et mon dernier pull noir est au sale, alors je vais devoir faire autrement, aujourd'hui.

J'attrape un pull côtelé violet — qui est le cadeau de Noël que ma meilleure amie m'a offert — et une jupe plissée noire. Avec ma paire de bottines, ça sera suffisant pour passer une journée correcte en étant confortable.

Je file me brosser les dents, et je brosse à la hâte mes cheveux. L'avantage de les avoir courts, c'est que je ne m'éternise plus le matin. Ensuite, je remonte mes manches et j'attrape un rouleau à bandes dans mon placard en-dessous du lavabo. C'est le dernier, il faut que je pense à passer à la pharmacie de l'autre côté de la colline, dans le quartier opposé.

Je me suis dit que ce serait mieux pour ma discrétion. On ne sait jamais, si un jour je débarque avec mon père à la pharmacie du quartier, le pharmacien pourrait lui demander pourquoi j'achète chaque mois un gros paquet de bandages.

— Alma, tu es prête ?

— Je descends !

J'enfile une paire de chaussettes et mes bottines. Je lance un petit regard à mes Doc Martens, qui n'ont pas bougé depuis le mois de novembre. Je ne les ai portés qu'une fois, et je n'y ai plus touché depuis. Ça peut paraître exagéré, mais je ne me verrais pas descendre les escaliers de cette maison avec une paire offerte par l'amant de ma mère.

— Tu vas être en retard !

J'attrape mon sac à dos et je descends en trombe lorsque j'entends papa klaxonner dans l'allée. Chassez le naturel, il revient vite au galop !

***

— Ça va aller ma puce ?

Je tourne la tête vers mon père. On est sur le parking depuis cinq minutes. Si je ne sors pas dans les prochaines trente secondes, je serais en retard.

— Je crois que oui.

— Tu m'appelles si besoin, d'accord ? Passe une bonne journée.

J'ouvre la portière et m'avance pour sortir, puis je me retourne et embrasse maladroitement la joue de papa.

— Toi aussi, lancé-je en souriant.

La cloche sonne quand je m'avance dans l'allée. Je jette un coup d'œil autour de moi, mais aucun de mes amis ne semblent être dans les parages. Ils ont ce don pour toujours être à l'heure, je ne m'y ferais jamais.

Lorsque j'arrive devant la salle de français, peu d'élèves sont présents. Je fronce les sourcils et m'avance vers mes amis.

— Bonjour tout le monde !

— Tu es en retard, et tu souris... Oh mon Dieu, ne serait-ce pas le merveilleux pull que je t'ai offert ?

— On dirait bien, sourié-je à la brune. Qu'est-ce que tu en penses ?

— Tu es canon, répond Charlie à sa place. Et ça fait du bien de te revoir sourire.

Je souris, mais soudain, je remarque qu'il manque quelqu'un à l'appel.

— Où est Noa ?

— Il était épuisé. Il a préféré se reposer aujourd'hui.

— Comme plus de la moitié des élèves qui sont partis avec nous, renchérit Charlie en s'étirant.

— Ils n'ont pas peur d'avoir une absence notée ? Je croyais que l'absentéisme était vraiment important pour nos dossiers.

— Ça l'est, réplique Arya, mais pas si ce jour est donné. C'était inscrit dans le mail qu'on avait reçu avant le voyage. Puisqu'on est rentrés super tôt hier et que c'était un jour de semaine, on avait le droit à un week-end de trois jours.

Argh, mais qu'est-ce que je fiche ici alors ? Ça m'apprendra à ne jamais consulter ma messagerie.

— Si j'avais su, je serais en train de dormir... Eh, attendez, vous étiez au courant !

— Oui, mais on savait que tu n'allais pas venir sinon, sourit Arya en rentrant dans la salle.

— Et tu as loupé beaucoup trop de jours pour qu'on puisse te laisser chill un vendredi, conclut Charlie.

Je m'assieds en silence, sans rien ajouter. Au fond, ils ont raison. J'ai loupé des jours, voire des semaines de cours. J'ai même eu un avertissement de mon conseiller scolaire le mois dernier.

— Vous avez bien fait, merci.

Mon dossier n'est pas catastrophique, mais c'est loin d'être le meilleur. J'ai effectué quasiment toute ma scolarité dans un système français, j'ai passé mes examens de quatrième cette année, et j'aurais ceux de cinquième en mai... Sans compter mes absences, mes notes qui ont nettement baissé ce trimestre, et mon orientation qui est au point mort, des fois, je regrette vraiment de ne pas avoir tenté le lycée français. Tout aurait été plus simple, au moins au niveau scolaire...

— Alma, tu es parmi nous ?

— Oui madame, désolé.

J'ouvre rapidement mon manuel à la page qu'Arya m'indique, et je tente de me focaliser au maximum sur le cours : j'ai intérêt à ne plus rien rater si je veux être acceptée dans un bon cégep.

***

Lorsque j'arrive à hauteur de mon casier, je le remarque directement. Ezra est devant son casier. Il semble déposer ses affaires lui aussi. Il est calme. Vêtu d'un gros sweat gris et d'un pantalon cargo noir, il paraît ne pas avoir changer.

Je m'avance en prenant une grande inspiration. Il ne m'entend même pas arrivé. Mais quand le cliquetis du cadenas saute, il lève les yeux. Je le regarde un instant avant qu'il ne s'éloigne, sans un mot.

Je soupire et ouvre mon casier. Je dépose mes cours du matin et attrape ceux de l'après-midi.

— On va dîner ? me lance ma meilleure amie en arrivant à ma hauteur.

— Ezra sera là ?

— Je ne sais pas, répond-elle en m'attrapant par le bras.

Il est là, me lancé-je à moi-même en débarquant à la cafétéria. À la même table que Charlie, tout souriant. Il rayonne vraiment.

Arya s'avance vers lui et le salue. Quant à moi, je m'assieds en face de Charlie en essayant de me faire le plus petite possible. Mais impossible d'y échapper, lorsque j'ouvre mon sac, il me scrute des yeux. Mal à l'aise, je porte ma main jusque mon cou et tente d'attraper la petite bille bleue de mon collier, mais elle n'y est pas.

J'ai perdu mon collier ? Non, ce n'est pas possible. J'écarquille les yeux et me lève.

— Il faut que j'y aille, lancé-je précipitamment.

— Ça va ? me demande Charlie.

— Oui oui, j'ai euh... J'ai besoin d'aller aux toilettes ! Je reviens !

Paniquée, je m'élance dans le couloir. Mon casier est tout au bout, non loin de l'entrée. Putain, je n'ai pas pu perdre ça, c'est ce que j'ai de plus cher au monde.

J'ouvre mon casier à la hâte et trifouille dans mes affaires, mais aucune trace de la chaîne en argent. Je ne me souviens même pas l'avoir vu ce matin quand je me préparais. Si ça se trouve, je l'ai perdu à New York comme une idiote.

— Alma !

Je me retourne. Lexie s'élance et me serre dans ses bras. Je souris. Ça faisait si longtemps qu'on ne s'était pas vus. Et je sens qu'on a pleins de choses à se dire.

— Hey, comment tu vas ?

— Super ! Tu as mangé ? Il faut que tu me racontes ton voyage !

— Non, pas encore, et si tu veux, mais tu n'es pas avec Juliette ?

— Non, fait-elle en secouant la tête, elle est à Vancouver avec sa famille. Et les garçons sont vraiment nuls quand ils ne sont qu'entre eux.

— Je t'embarque alors, sourié-je, mais je te préviens, ton frère mange avec nous.

— Argh, il est vraiment partout, plaisante-t-elle en soupirant.

J'éclate de rire. Cette fille est vraiment géniale. Je repense aux propos de Charlie concernant la santé mentale du blond, peu après notre rupture. Lexie a dû vraiment souffrir, et c'est entièrement ma faute. Et pourtant, elle se tient à côté de moi comme si rien n'était arrivé. Elle a beau avoir douze ans, beaucoup de personnes devraient prendre exemple sur elle.

— Coucou tout le monde ! lance-t-elle en arrivant à la table.

— Salut Lexie !

— Tu n'étais pas aux toilettes ? me lance Charlie.

— Je l'ai croisé là-bas, répond la rousse en me regardant.

Je hoche la tête et me rassoit. Lexie s'installe entre son frère et ma meilleure amie, puis monopolise la parole, comme à son habitude. Tant mieux, parce que je ne saurais même pas quoi dire. J'ai officiellement perdu le bijou que ma personne préférée m'a offert. Et je me déteste vraiment.

— Je crois que c'est à vingt heures, marmonne Charlie entre deux bouchées. Hein bro, c'est quelle heure la compétition ce soir ?

— Vingt heures au centre aquatique.

— Je peux venir Ezra ? S'il te plait !

— Tu ne dors pas chez Juliette ? interroge Arya.

— Elle est avec Romy à Vancouver, répond Ezra. Et oui, tu peux, mais c'est Maryse qui te raccompagnera.

— C'est correct ! Dis Alma, tu viens ce soir ?

Tous les regards se posent sur moi, excepté celui du blond. Il doit vraiment m'en vouloir pour ne pas daigner poser ses yeux sur ma personne. Je hausse les épaules, gênée. Je ne veux pas venir si cela perturberait Ezra. Il a une compétition et c'est important pour lui.

— Allez viens ! Tu n'es jamais venu, me lance Charlie, et ça ne finit pas très tard.

— Je ne sais pas... Peut-être que mon père aura besoin de moi.

— Juste pour cette fois, allez, implore ma meilleure amie en me souriant.

Je mordille ma lèvre, sans vraiment savoir quoi faire. C'est à ce moment-là qu'il pose ses yeux sur moi. Il me fixe sans rien dire, mais je sais qu'il semble comprendre ce qui me retient de venir.

— Tu devrais venir, Charlie va perdre, sourit-il légèrement.

Je lui souris. Sa réponse me rassure. Je ne mérite pas sa gentillesse.

— Tu es sûr que ça ne te dérange pas ?

— Pas du tout, lance-t-il en attrapant son sac, j'adore gagner devant un public, conclue-t-il, un rictus amusé sur ses lèvres.

— Je vais te défoncer mon pote ! crie Charlie en le regardant s'éloigner.

— J'ai hâte de voir ça alors, lancé-je en souriant.

Les filles me sourient et je me reconcentre sur mon repas. Rendez-vous à la piscine donc, mais avant ça, il faut vraiment que je retrouve mon collier. Comment puis-je espérer arranger quoique ce soit avec Ezra si j'ai perdu la dernière chose que l'on a en commun ?

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