Neptune 2

By henovaa

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Après la tempête vient le beau temps, cependant Alma l'attend encore. Trois mois après que sa vie se soit tra... More

Note de l'auteure
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24 - Ezra
Chapitre 25
Chapitre 26 - Noa
Chapitre 27
Chapire 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33 - Ezra
Chapitre 34
Chapitre 35
Remerciements

Chapitre 9

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By henovaa

♪ Hold On - Shawn Mendes ♪

__

Il ne veut pas partir. Nous sommes à la cafétéria de l'hôpital depuis déjà une heure. Abby et lui ne s'arrêtent pas de parler, et je les écoute attentivement. Ils ont tellement de choses à se dire, c'est impressionnant. J'ai bien fait d'aller le rattraper. Je le vois, ça lui fait du bien de discuter avec elle.

— Ce chenapan se sauvait dès qu'il le pouvait au début. Et il faut croire qu'il était rapide ! Il nous semait bien vite avec son fauteuil.

— C'était vraiment trop facile, répond-il en riant. Abby finissait toujours par me trouver en première. Elle tentait d'être sérieuse, puis elle finissait par exploser de rire.

— Tu étais mon petit protégé, je ne pouvais pas te gronder trop longtemps, sourit-elle en attrapant sa main.

— C'était quel genre d'enfant ? questionné-je.

— Au début, c'était un petit garçon très renfermé. Il ne parlait jamais. Ni au personnel, ni aux enfants, et encore moins aux psychologues. Et une nuit, je l'ai entendu pleurer dans sa chambre. J'avais fini mon service, mais je ne pouvais pas le laisser comme ça, c'est évident. Alors je suis entrée et il m'a demandé de venir le border. Il s'est endormi dans mes bras. Je ne suis pas rentrée de la nuit. Et le lendemain, il m'a demandé mon prénom. Et c'est comme ça qu'il s'est ouvert, du moins à moi.

Je le regarde. Décidément, je ne pensais pas que ça avait été si difficile. Il me sourit doucement.

— Je n'étais pas très sociable, déclare-t-il.

— Tu ne l'es toujours pas, le taquiné-je.

Il lève les yeux en l'air, amusé. Abby nous regarde en souriant, l'air pensive. Je me demande ce qu'elle pense de nous. De moi.

— Mais tu n'as pas changé physiquement, continue-t-elle. Tu as toujours eu cette petite bouille adorable et tes cheveux bouclés. Mon Dieu, on en a passé du temps à te les démêler ! Il refusait de les couper. Attendez, je suis sûre d'avoir des photos dans mon téléphone...

— Eh, je pourrai porter plainte, plaisante-t-il.

— Essaie mon grand, essaie... Ah, les voilà ! Qu'est-ce que tu étais mignon.

Elle lui tend le cellulaire et je me rapproche de lui, curieuse de voir à quoi il ressemblait étant enfant. Je ne l'avais vu qu'une fois, aux alentours de dix ans, sur une photo dans la chambre de sa sœur.

— Et bah... Je ne me souvenais même pas de ces photos.

Un sourire s'étend sur mes lèvres lorsque je le vois. Il est tout petit. Dans ce fauteuil roulant, il ne sourit pas. Il fait la moue, mais ses yeux sont cachés par de longs cheveux blonds et très bouclés. Encore plus qu'ils ne le sont aujourd'hui.

Je fais glisser mon doigt sur l'écran. Cette fois, il sourit à pleine dents. Il n'est pas dans son fauteuil, mais dans les bras d'Abby. Il a l'air heureux. Et chose incroyable, on pourrait croire qu'elle est sa mère. Ils se ressemblent tellement sur la photo, c'est à ne pas y croire. Leur seule différence, c'est la couleur de leurs yeux. Ceux de l'infirmière sont bruns. Je me souviens d'une phrase que j'avais lue quelque part, comme quoi on ressemble aux personnes que l'on aime. Il en est la preuve.

— Vous vous ressemblez tellement, lancé-je, un peu choquée.

— Je l'appelais maman des fois, et elle me reprenait souvent. Ça me brisait le cœur, avoue-t-il en lui souriant.

— Je ne pouvais pas te laisser t'attacher à moi, parce que je savais que tu repartirais un jour... Et regarde, tu es parti après quoi, environ six mois ?

— Ouais, c'est ça. Ma tante a débarqué et nous a emmené. Et en une semaine, je devais dire adieu à tout ce que j'avais réussi à traverser.

— Mais tu avais un avenir là-bas Ezra. Quelqu'un qui prendrait soin de toi et de ta mère. On ne t'a pas laissé avec n'importe qui.

Il hoche la tête et porte son énième gobelet de café à ses lèvres. Je pensais qu'il avait quitté New York de plein gré. Ce ne fut pas le cas, visiblement.

— Tu te souviens quand je t'ai demandé de m'adopter ?

J'entrouvre ma bouche, légèrement choquée. Il plante ses yeux dans ceux d'Abby, qui reste stoïque. Elle s'en souvient, c'est certain.

— Oui, bien sûr, répond-elle en buvant une gorgée de son thé.

— Je t'en ai voulu. Très longtemps.

Il se met à nu devant elle. Et moi qui croyait tout savoir de lui... Je me suis bien plantée. Je crois que je ne connais même pas un tiers de sa vie. L'adoption est quelque chose de vraiment important et je doute que ce soit si anodin que ça pour qu'il en parle aujourd'hui avec tant de sérieux. C'est vrai qu'il était très jeune, mais dans ce genre de contexte, je suis certaine qu'une demande de ce genre venant de sa part n'est pas immature.

— Ezra... Tu savais bien que c'était impossible. Ta mère était là pour toi. Tu n'étais pas seul.

— Je l'étais ! s'écrie-t-il soudainement. J'étais le seul gamin à ne pas sortir quand les parents avaient le droit de nous emmener. Elle ne venait presque jamais, siffle-t-il. Si Maryse n'était pas venue, elle m'aurait laissé pourrir à l'hôpital. Et tu m'as abandonné !

— Ezra, lancé-je en déposant ma main sur son avant-bras, tout le monde nous regarde, chuchoté-je.

Abby a les larmes aux yeux. Elle voit bien qu'il en souffre toujours autant. Et visiblement, c'est le cas pour elle aussi.

— Si j'avais pu... Je t'aurais emmené au bout du monde avec moi. Mais je n'étais pas ta mère Ezra. Tu sais pourquoi je n'ai jamais eu d'enfants ? Parce que c'est toi, mon seul fils. Et je savais qu'en te laissant, tu serais heureux. Montréal était parfait pour toi.

— Et ça l'est, mais ça aurait été encore mieux si tu avais été là. Elle ratait même certains rendez-vous médicaux les premiers mois. Et quand elle a eu Lexie, elle est restée quoi, cinq ans ? Ensuite, elle a profité de l'argent de Maryse et elle s'est barrée faire sa formation d'hôtesse de l'air ici. J'avais dix ans. Et je n'avais toujours pas de mère.

— Je suis désolée d'entendre ça, je ne savais pas...

— Tu aurais pu prendre de mes nouvelles, tranche-t-il d'un ton dur.

— Ta mère a refusé, avoue-t-elle d'une toute petite voix.

— Quoi ?

Je ferme les yeux un quart de secondes et je glisse ma main sous la table. Je serre fort la sienne. La suite ne va sûrement pas être une partie de plaisir, et pourtant, il a déjà souffert assez.

— Elle m'a dit que tu disais que tu avais une vraie maman et une fausse... Que la vraie était restée à New York. Tu devenais de plus en plus confus... Elle m'a interdit de prendre de tes nouvelles, juste après ton sixième anniversaire. Je suis tellement désolée mon chou, je ne me le suis jamais pardonné. Je t'ai abandonné, tu as raison.

Le blond n'ajoute rien. Il doit être beaucoup trop secoué après ce qu'il vient d'apprendre. Et je le suis presque autant que lui. Je n'aurais jamais soupçonné cette partie de son histoire. Tout s'emboîte dans ma tête. Le fait de parler de la violence qu'il a subi lui rappelait aussi Abby. Il ne s'en ait jamais vraiment remis parce qu'il s'est senti abandonné.

Il pousse sa chaise et sa main quitte la mienne. L'instant d'après, il se tient près de l'infirmière, debout elle aussi. Elle pleure sans un bruit. Il sourit péniblement et la prend dans ses bras. Je cligne des yeux. Je ne dois pas pleurer. Il faut que je sois forte pour lui.

— Je te pardonne, soupire-t-il en embrassant son crâne.

— Je t'aime tant, tu n'as pas idée. J'ai pensé à toi nuit et jour.

— Alors j'ai bien fait de t'appeler il y a six mois. Tu me manquais à en crever.

— Reviens me voir quand tu veux, d'accord ?

— Promis. Et toi aussi, passe à la maison. Je veux que tu rencontres ma sœur. Elle est vraiment géniale, sourit-il.

— Je t'aime, susurre-t-elle contre son épaule.

Une première larme s'écrase sur ma joue. Je croise le regard du blond. Il me sourit doucement. Il semble complètement apaisé.

— Je t'appelle, d'accord ? finit-il par déclarer en embrassant son front.

— D'accord. Faites attention, ok ? Et prends soin d'Alma. Tu as de la chance de l'avoir.

— Ouais, je sais, répond-il en souriant.

— Merci pour tout Abby, lancé-je en la prenant dans mes bras.

— C'est moi qui te remercie de prendre soin de lui.

Je lui souris et nous quittons la cafétéria, le cœur lourd. Ezra marche à reculons, tourné vers elle. Je ne sais pas ce qui lui passe par la tête. Peut-être qu'il a l'impression de la perdre une seconde fois.

Je m'arrête et l'attrape par sa main. Il se retourne vers moi, surpris.

— Tu vas la revoir, lancé-je. Ce n'est pas un adieu.

— Je sais, soupire-t-il, mas ça me fait bizarre. Tu n'as pas idée de combien elle compte pour moi.

— Ça va aller, promis. Et puis ton anniversaire n'est que dans trois semaines, peut-être qu'elle pourra être là.

— Oui, je lui demanderai. On verra bien, conclue-t-il en avançant, dos à l'infirmière cette fois.

Lorsque nous nous retrouvons à la bouche de métro, il s'arrête soudainement. J'en profite pour sortir mon téléphone de ma poche. Mon père a tenté de me joindre vers neuf heures. Arya m'a envoyé trois messages pour me demander où est-ce que j'étais. Ça craint. Je ne veux pas lui mentir, mais je doute fort que le blond ait envie de raconter à tout le monde notre petite escapade matinale.

— Il est midi, annoncé-je en le regardant.

— Allons manger, répond-il le plus naturellement du monde.

— Quoi ?

Je cale mes mains d'une part et d'autre sur mes hanches et m'esclaffe.

— C'est l'heure du déjeuner, j'ai faim, et nos amis se posent déjà des dizaines de questions. Ce qui nous fait environ cent problèmes. Et quatre-vingt-dix-neuf d'entre eux seraient réglés si j'allais avaler un truc.

— Et t'as une idée d'où tu veux manger ?

— Là tout de suite ? Je rêve d'un McDo, le truc bien classique tu vois.  Et toi ?

J'hausse les épaules. Je meurs de faim. Mais manger un burger ferait grimper le nombre de calories beaucoup trop vite. Et je n'en suis qu'à la moitié de la journée.

Je capitule. Il mérite de manger ce qu'il aime après cette matinée pleine d'émotion.

— Je prendrais une petite frite, je n'ai pas trop faim.

— Génial ! Il y en a un à dix minutes. À pied en plus. Tu viens ?

Je m'avance à ses côtés, et nous déambulons dans les rues new-yorkaises. Il fait beau aujourd'hui, le ciel n'est même pas parsemé d'un petit nuage. Et sincèrement, j'adore ce temps. J'ai envie de découvrir toute la ville et de me perdre durant des heures. Je ne sais pas exactement à quelle heure je dois rejoindre les autres, mais je vais peut-être retarder ça.

— Tu ne prend qu'une petite frite ? T'es sûre ? me demande Ezra pour la sixième fois en arrivant à l'intérieur.

— Oui... Avec une bouteille d'eau s'il te plaît.

— Je t'ai connu plus gourmande, me fait-il en se penchant vers moi.

J'écarquille les yeux. Pourquoi je prends cette phrase au sens figuré ? J'adorais manger, il a raison. Mon Dieu, on dirait une détraquée.

— Je rêve ou tu rougis ?

Je me touche instinctivement les joues. Elles ont légèrement chauffées. Ok, c'est le moment de se reprendre en main.

— Non, pas du tout. Tu devrais peut-être porter des lunettes, me moqué-je.

— Arrête, je crois que t'as raison. Je commence à ne plus rien voir de loin, me confesse-t-il en riant.

Je lève les yeux en l'air en réprimant un petit rire. Tandis qu'il prend notre commande, je l'imagine avec une paire de lunettes. Des verres ronds, et les branches noires. Je ferme les yeux un quart de seconde. Il serait allongé sur son canapé gris, avec son ordinateur calé sur les genoux. Je souffle un instant. Ça le rendrait encore plus sexy qu'il ne l'est déjà ; et ce n'est pas bon pour moi, ça.

— Alma ? Ça va ?

Je secoue la tête et me concentre sur les deux billes bleues qui me fixent.

— Oui, désolé, j'étais dans mes pensées.

— Je l'avais remarqué. À quoi tu songeais ? me demande-t-il en déposant le plateau sur notre table.

Il faut que j'invente un truc. N'importe quoi. Je ne peux pas lui dire la vérité, sinon il va me prendre pour une foll-...

— Je t'imaginais avec des lunettes.

Merde. Il faut vraiment que j'apprenne à mentir. Ma mère aurait pu m'éduquer sur ce point. Elle excelle dans ce domaine, contrairement à moi.

Je relève les yeux, attendant sa réponse. Il attrape une frite et fronce son sourcil gauche en souriant.

— Hum, intéressant. J'étais toujours aussi beau au moins ?

Je lève les yeux en l'air et j'attrape une frite à mon tour. Il connaît déjà la réponse. Il veut juste me l'entendre dire.

— Je m'en souviens plus... lancé-je en faisant mine de me remémorer en vain, tu n'auras qu'à m'envoyer une photo de toi avec.

J'attrape ma bouteille d'eau et en boit quelques gorgées. Finalement, nous changeons – enfin – de sujet. Nos amis ont passé la matinée à visiter des endroits emblématiques de la ville, et en particulier quelques lieux du tournage de Gossip Girl.

Je dois l'avouer, je suis un peu triste de ne pas avoir pu vivre ça avec eux. Mais évidemment, si c'était à refaire, je n'hésiterai pas à accompagner le blond  à affronter une nouvelle fois son passé. Le discours qu'il a tenu ce matin m'importe peu. Je sens et je sais que ce que nous avons vécu ce matin nous a rapprochés. Et le pire dans tout ça, c'est que j'ai beau avoir vécu des dizaines de choses en l'espace de quelques mois avec lui chaque épreuve nous lie un peu plus.

— Ça va ?

— Oui oui, répliqué-je rapidement.

— Alma... soupire-t-il, je te connais.

Je grommelle. Ça ferait de moi une égoïste de lui dire que j'aurais aimé me balader dans l'Upper East Side et visiter la gare centrale. Mais le problème avec Ezra, c'est que je n'arrive pas à lui mentir. Ça m'effraie, parce que je garde encore quelques secrets pour moi.  Et si par malheur il venait à les apprendre, ça le briserait un peu plus qu'il ne l'est déjà.

— C'est juste que la bande a été visitée des coins que je voulais voir, mais ça ne fait rien, je t'assure ! Ça me donne une raison de plus pour revenir.

— Je vois... Et si on y allait cet après-midi ?

Je manque de m'étrangler en avalant ma dernière gorgée d'eau. Est-ce qu'il vient de me proposer de passer tout l'aprem avec lui ? Parce qu'on en a pour trois heures au moins. Il se racle sa gorge et je reviens soudain sur Terre.

— Si tu préfères, on peut rentrer à l'hôtel et les rejoindre.

— Non, non ! m'écrié-je à la hâte, fin, ça me plairait... Mais on en pour trois heures minimum tu sais ?

— Génial, il fait beau. Autant en profiter !

Je me laisse entraîner sans dire un mot, le sourire aux lèvres. Je ne sais pas ce que va donner cette journée, mais sa joie de vivre et le soleil new-yorkais me laissent présager que ce sera agréable...

☾ ☾

Hello à tous ! J'espère que vous allez bien. On se retrouve avec ce neuvième chapitre qui vient boucler le retour du passé de notre blond préféré (pour combien de temps, je ne sais pas 😼). On se retrouve jeudi avec le dixième chapitre, et mon petit doigt me dit que vous allez retrouver votre new-yorkaise préférée :)
D'ici là prenez soin de vous,
Anissa <3 (IG: @_henova_)

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