La Comtesse du Lys

By Sefariane

14.6K 659 173

En 1676, dans la France du roi Louis XIV. Isabelle Constance Madeleine de Langlois, comtesse de Vauboyen, es... More

Avant-propos
I
II
III
IV
V
Les enfants légitimés de Louis XIV
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
XVIII
XIX
XX
XXI
XXII
XXIV
Mot de la fin

XXIII

378 20 8
By Sefariane

« Sachez que la vie présente n'est que jeu, amusement, vaine parure, une course à l'orgueil entre vous et une rivalité dans l'acquisition des richesses et des enfants. »

Le Coran


Athénaïs, jusque là allongée sur son grand lit, se met sur pieds en voyant entrer dans ses appartements un visiteur pour le moins inattendu. Où peut-être pas tant que cela.

Henri de Montéclair a tenu à avoir une discussion seul à seule avec la femme ayant voulu se débarrasser sa sœur cadette. Il se demande cependant si cela servira à quelque chose. Car ne nous leurrons pas, la marquise de Montespan n'est probablement pas du genre à vouloir coopérer si facilement, à supposer qu'il s'agisse du bon terme. Il est en tous cas certain qu'elle ne donnera pas de réponses concrètes.

Les ennemis se jaugent, éloignés de plusieurs mètres l'un de l'autre. La tension est clairement palpable. Athénaïs décide finalement de mettre fin à cette bataille de regards.

- Je ne vous questionne pas sur ce qui vous amène ici.

- Ce serait en effet le comble de la bêtise. D'autant que vous n'êtes point en position de vous réjouir.

Madame de Montespan ne semble toutefois pas le moins du monde se soucier de la voix glaciale de son interlocuteur.

- J'imagine néanmoins que votre esprit est rempli d'interrogations que je suis seule à pouvoir répondre.

- Soit, je jouerai cartes sur table, puisque vous avez l'air si encline à jouer à ce petit jeu. Mais ne soyez pas si sûre de vous, Madame. Je sais déjà depuis longtemps le pourquoi vous avez tenté de tuer ma sœur.

- Dans ce cas, vous êtes bien inconscient d'être venu si vous n'attendez rien de moi.

Henri émet un sourire en coin. Si elle le croit idiot comme la plupart des individus qu'elle a séduit et trompé, elle commet une bien lourde erreur.

- Je vous pensais plus intelligente que cela. Mais je vous le concède, j'ai effectivement des questions que vous seule pouvez répondre. Le jour où le roi a commencé à se détourner de vous lorsqu'Isabelle est entrée dans sa vie, qu'avez-vous fait pour atténuer votre soif de pouvoir ? Cela vous manque-t-il donc à ce point d'être assise sur le trône des maîtresses ?

Athénaïs ricane avec dédain.

- Que croyez-vous ? Je suis pertinemment consciente que le pouvoir est toujours instable. La favorite royale peut-être à tout moment remplacée. C'est bien l'objectif de le garder. Votre sœur n'est qu'un pion de plus dans ce jeu.

- Un jeu dont VOUS dictiez les règles. Même si vous n'aviez pas prévu que sa Majesté tomberait sous le charme d'une autre, rien ne vous aurait empêcher d'user de vos ruses ou de simplement refuser qu'Isabelle devienne la gouvernante de vos enfants. Vous avez causé votre propre perte.

- Non, Monsieur. Ce n'est point moi, sinon votre chère Isabelle. Je vous l'ai dit : elle n'est qu'un pion. Car même si je le voulais, je ne pourrais pas m'opposer a la volonté du roi.

Cette réponse déclenche un rire jaune chez Henri. Vraiment ! L'audace de cette femme est sans limites !

- Qui essayez-vous de convaincre ? Il est pourtant clair que vous aviez encore de l'ascendant sur sa Majesté en ce temps-là. N'allez pas me faire croire que vous n'avez point été stupide sur ce coup. C'est bien parce que vous vous en êtes rendue compte que vous avez agit de la sorte en prenant ce couteau. Cela n'arrange pas les choses pour vous.

- Qui se soucie du bien ou du mal lorsque vous êtes mort ?

- Quand avez-vous perdu votre conscience, Madame ? Apparemment depuis longtemps, compte tenu des activités douteuses auxquelles vous vous prêtez. Je ne comprends pas comment vous pouvez le justifier, dans votre cœur, dans votre âme. Ces terribles recours.

- Oh, je vous en prie ! Vous savez parfaitement que ce jeu de pouvoir et d'amour requiert que vos mains soient trempées de sang.

- Évidemment. Vous, qui avez conduit tant de gens à leur destruction, le savez mieux que personne. Combien de femmes ont-elles subit vos manigances ? La duchesse de la Vallière, la marquise de Ludres... Et bien d'autres encore jusqu'à l'arrivée de ma sœur. La seule sur qui vous vous êtes fourvoyée. Sachez qu'elle n'a jamais eu besoin de se salir de sang et ce ne sera jamais le cas. En revanche, vous avez le sang du roi sur les mains.

- Là encore, si vous croyez m'impressionner, vous êtes bien naïf. Je reste la mère de ses enfants. Et quand je reviendrai, ce sera soit parce que votre sœur aura échoué, soit parce qu'elle sera morte.

- L'abattement vous fait dire des absurdités. Jamais sa Majesté ne vous pardonnera. Quand bien même il s'agissait d'un accident, les faits restent les mêmes.

Henri ne donne pas le loisir à son interlocutrice d'avoir le dernier mot. Il tourne les talons sitôt sa phrase terminée.

Son ami François de Hautecourt avait décidément bien raison sur le genre de femme qu'est Athénaïs de Montespan. Prête à tous les risques et périls, y compris à tuer une innocente. Et une fois à court de ruses, elle met en avant le dernier lien l'unissant au roi : leurs enfants, dont la véritable mère en tout et pour tout a manqué de perdre la vie.

L'on peut bien remercier le souverain pour avoir voulu sauver sans hésiter la femme qu'il aime, quitte à subir la blessure au couteau à sa place.

L'aîné des Montéclair n'est cependant pas tranquille. Les derniers mots de la marquise lui laissent une curieuse sensation de malaise. Bien qu'elle soit étroitement cloîtrée et surveillée au palais royal, cela ne signifie pas pour autant qu'elle n'a pas prévu une manœuvre de secours dans l'ombre pour arriver à ses fins d'éliminer Isabelle.

Mais de quoi serait-il question ?


- Votre petit entretien avec la marquise vous a-t-il appris quoi que ce soit ?

- Oh oui, et pas des moindres. Vous étiez éclairé sur cette femme : elle est on ne peut plus dangereuse et il faut nous attendre à une surprise mortelle de sa part.

Après avoir quitté les quartiers de Madame de Montespan, Henri et François se sont réunis afin de se rendre au château de Vaugirard. Le coma du Roi Soleil dure maintenant depuis deux jours. Isabelle reste le plus souvent à son chevet, quand elle ne s'occupe pas des enfants qui lui tiennent parfois compagnie si ce n'est point Amélie qui le fait. Cette dernière a décidé de rester auprès de sa meilleure amie jusqu'à que le monarque se réveille, redoutant une rechute de son état mental. Au moins la comtesse n'est-elle pas seule. Malgré tout...

- Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, mon ami. Cette tentative d'assassinat à l'arme blanche n'avait rien de prémédité. Elle avait certainement envisagé une autre méthode pour supprimer ma sœur, sans toutefois pouvoir la mettre en œuvre.

- Mais vous ignorez de quoi il s'agit. De ce que je sais de la marquise, elle n'oserait jamais s'attaquer directement à ses ennemis de front, du moins pas de manière directe. Ce n'est nullement son genre.

- Je crois me souvenir que vous disiez qu'elle est fallacieuse. Elle aurait dans ce cas recourt à un moyen discret sans se salir les mains. En faisant appel à une autre personne, peut-être ?

- Non, Henri. Pas concernant Isabelle. Il en allait de la place de maîtresse officielle de sa Majesté. Et pour ce rang, jamais elle n'aurait confié la tâche de tuer une rivale à un assassin. Elle aurait fait les choses par elle-même.

Monsieur de Montéclair redresse abruptement le visage vers son compagnon.

- Juste ciel ! Le poison ! Mais quand aurait-elle trouvé le temps de s'en servir ? À moins qu'elle ne l'ait dissimulé dans la nourriture.

- Impossible, les enfants aurait aussi été touchés et elle ne veut pas leur faire de mal. Isabelle est son unique cible.

Les deux hommes soupirent. La piste du poison est certaine. Mais de quelle manière va-t-il être utilisé ? Telle est la question.

*********************

Comme je l'ai dit auparavant, les révélations se font toujours dans les temps les plus sombres. Comme les règles du jeu de pouvoir et d'amour dans lequel se sont affrontés les personnages jusqu'à présent, à travers cette confrontation entre Henri et Athénaïs.

Henri est par ailleurs un meilleur "joueur" que sa sœur. Non pas que je veuille dévaloriser ma protagoniste, mais contrairement à son frère qui fréquente la cour royale depuis longtemps (comme dit dans les premiers chapitres de l'histoire), Isabelle n'est pas forcément consciente de toute l'étendue du jeu mortel dans lequel elle s'est retrouvée impliquée sans le vouloir. Un jeu d'intrigues où "tous les coups sont permis" dans une certaine mesure.

Je vous retrouve demain pour l'ultime chapitre de ce premier volet !

Continue Reading

You'll Also Like

4.7K 193 20
إيميلي، الفتاة الطموحة إبنة زعيم مافيا تعيش حياتها في سعادة. لكن إنقلب كل شيئ حين هاجمها ماضيها وخلف لها الكثير من الدمار، فلم تجد بجانبها إلا أكثر ا...
13.8K 1.3K 126
Au cœur d'une guerre ancestrale entre les royaumes d'Inimia et d'Althéa, la princesse Della d'Inimia et le prince Azref d'Althéa se retrouvent liés p...
58K 2.1K 35
Hello ;) Avant que tu ne commences cette histoire je tiens à préciser que je l'ai écrite quand j'étais en cinquième-quatrième. Donc désolée s'il y a...
2.2K 56 15
Elle une déesse de l'olympe et lui un dieu nordique comment ont-ils pu se rencontrer mais surtout comment sont ils tombé amoureux ? Bonne lecture.. J...