La Comtesse du Lys

By Sefariane

15.3K 710 174

En 1676, dans la France du roi Louis XIV. Isabelle Constance Madeleine de Langlois, comtesse de Vauboyen, es... More

Avant-propos
I
II
III
IV
V
Les enfants légitimés de Louis XIV
VI
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
XVIII
XIX
XX
XXI
XXII
XXIII
XXIV
Mot de la fin

VII

516 24 4
By Sefariane

Après avoir quitté Isabelle et ses proches pour quelques temps, nous les retrouvons aujourd'hui même. Ils reçoivent un visiteur impromptu. J'espère que ce chapitre vous plaira.

Bonne lecture !

*********************

« L'espoir a toujours, même aux heures les plus sombres de l'humanité, sauvé celle-ci. »

Gael Crutzen, « Expérience de vie »


Amélie est étonnée en entendant un matin le bruit d'un équipage. Elle pose son livre sur l'une des tables du salon avant de se diriger vers la porte d'entrée du château de Vauboyen, où elle séjournait depuis son voyage. Un carrosse rouge et or surgit derrière les peupliers en bordure de la route, tiré par de fiers chevaux couleur chocolat et conduit par un cocher en livrée. Deux laquais à perruque se tiennent sur le marchepied.

- Arrête, cocher ! Crie une voix à l'intérieur du carrosse.

Henri, qui venait lui aussi de se rendre à la porte, reconnaît aussitôt cette voix. Celle de la marquise de Montespan, dont il ignore le pourquoi elle se rendait ici d'elle-même. La favorite royale ne tarde pas à sortir de son habitacle, aidée en cela par ses valets.

- Madame, c'est une surprise que de vous voir ici, si loin de la cour. Que nous vaut cet honneur ?

- Une affaire de la plus haute importance, Monsieur de Montéclair. Il requiert l'attention de votre sœur.

Amélie et Henri se regardent de concert en interrogation. Que pouvait bien vouloir une femme comme la marquise à Isabelle, qui n'était venue se mêler aux nobles que le temps d'une soirée ? Les deux femmes ne s'étaient même pas croisées et encore moins parlées.

Nonobstant, les deux amis conduisent Madame de Montespan au salon, chargeant au passage Jeanne de leur apporter de quoi s'alimenter un peu et Béatrice d'aller quérir la comtesse de Vauboyen, enfermée dans ses appartements. Celle-ci, à l'instar de son frère et de sa meilleure amie, est étonnée au plus haut point d'apprendre la présence de la marquise dans sa demeure. Elle descend dans la pièce commune à la suite de sa gouvernante qui s'en retourne aussitôt, en même temps que Jeanne ayant apporté un assortiment de thé et de biscuits.

Isabelle espère sincèrement en finir au plus vite avec la femme assise face à elle. Rien de bon ne pouvait venir. Ou peut-être n'est-ce pas une affaire si grave qu'elle le pense ? Il lui faut vraiment cesser d'être dominée par la dépression et de voir le mal partout.

- J'ai cru comprendre, Madame, que vous aviez besoin de moi ?

- Certes. J'ai tenu à venir chez vous en personne pour m'assurez que vous êtes bien la personne qu'il me faut. Je ne voulais guère me reposer sur des avis sans doute biaisés.

- La personne qu'il vous faut ? De quoi parlez-vous ?

- Il en va, voyez-vous, du soin et de la bonne éducation de mes enfants, que j'ai eu de notre roi. Ce cher François de Hautecourt lui a vanté vos mérites comme étant une femme digne de confiance et parfaitement honnête. Ceci dit, pour cette entreprise, je ne peux me permettre d'accepter une personne sur des ouï-dires.

- Je ne désire point vous offenser, mais que voyez-vous en moi qui puisse vous confirmer que je suis bien digne de cette charge ?

La marquise darde un œil calculateur sur la comtesse sitôt sa tasse de thé reposée sur sa soucoupe.

- À vous de me donner les informations que je cherche. Qui êtes-vous donc, Madame, pour espérer prétendre à devenir la gouvernante d'enfants de sang royal ?

- Je m'appelle simplement Montéclair, veuve éplorée de Jacques de Langlois et mère d'un ange partit trop tôt que j'espère rejoindre au plus vite.

La perte d'un enfant est l'une des épreuves les plus dures de la vie. Que ce soit un décès alors qu'on le portait encore, au moment de l'accouchement ou alors qu'il grandissait à ses côtés, l'amour pour cet enfant est et restera immense.

Charles est passé à l'immortalité dans les bras de sa mère. Cet appel de la mort, un ange l'entendit, et, pour aller cueillir cette fleur éphémère, du ciel il descendit. L'immortel habitant des sphères éternelles, après avoir plané dans les airs un moment, s'arrêta tristement pour couvrir de ses ailes le poupon défunt. Isabelle était là, murmurant des prières à Dieu, à genoux, l'œil hagard et de pleurs obscurci. De l'envoyé divin les célestes paupières se mouillèrent aussi. Mais il devait accomplir son douloureux message. L'inexorable arrêt des destins est porté. Il manquait un enfant parmi les jeunes anges et le Seigneur a choisi Charles pour être avec les Séraphins, dans les saintes phalanges. Bientôt ils attendront la mère dans ce divin asile, et pour l'éternité elle y retrouvera son fils. À ce terrible instant où l'ange referma ses ailes sur lui pour l'emmener, dans sa douleur profonde, Isabelle, pauvre parturiente, le vit s'envoler. Même l'éclat qui l'entourait à son départ du monde ne put la consoler. Hélas ! Il la laissait sur la Terre solitaire ! Que lui importait pour son bébé ce destin triomphant, et qu'il fût dans le ciel un chérubin ? Il était son enfant !

Athénaïs de Montespan reste sans voix. Elle ne sait nullement quoi dire sur la mort du petit Charles. Car soyons honnêtes, que peut-on répondre à une personne dépressive comme la femme en face d'elle ? La dépression... Elle l'entend clairement dans la voix de la pauvre Isabelle qui s'est une fois de plus renfermée dans son silence, la tête baissée dans une tentative de cacher sa mélancolie à la mention de sa famille disparue.

- Veuillez me pardonnez, Madame. Je n'ai point été correcte avec vous alors que j'avais déjà connaissance de... La mort de votre fils.

Henri relève subitement le visage vers la marquise.

- Vous le saviez ? Comment diable êtes-vous au courant ?

- Monsieur de Hautecourt n'a rien omit sur votre sœur quand sa Majesté l'a questionné à son sujet. Mais comme je vous l'ai dit, j'ai tenu à vérifier par moi-même. À présent, j'ai la certitude qu'elle est effectivement la personne qu'il nous faut.

La comtesse se redresse brusquement.

- Plaît-il ?

- Je vois en vous une personne qui a grand besoin d'occupation pour ne pas sombrer dans la dépression dont vous êtes victime, Madame. Je peux également affirmer que vous avez été et auriez été une mère digne de ce nom pour votre fils, paix à son âme. Accommodé à votre esprit, vous avez les compétences pour prendre soin de mes enfants.

La marquise, qui s'est relevée de sa position assise sur le canapé, s'apprête à repartir. Elle se retourne une dernière fois.

- Bien sûr, sa Majesté et moi ne vous obligeons à rien et vous êtes libre de refuser. Je vous engage cependant à y réfléchir attentivement. Vous dont le souhait était d'être mère, la compagnie d'enfants ne peut vous être que bénéfique. Ce serait aussi un grand service pour leur parents qui ne peuvent malheureusement être tout le temps présents. Réfléchissez.

Puis elle s'en va après avoir salué les trois amis qui restent bouche-bée. Plus particulièrement Isabelle, aux prises avec le maelstrom déferlant dans son encéphale. Encore une chose à laquelle elle ne s'est point attendue.

En premier lieu sa rencontre avec la reine Marie-Thérèse d'Autriche, ensuite celle avec Madame de Monstespan qui lui demandait résolument de devenir la duègne de ses enfants, mais plus encore elle découvrait que le monarque du Soleil, le roi du pays l'avait remarqué. Sans même qu'elle ne s'en soit rendue compte !

Dieu ! Pourquoi a-t-il donc fallut que son frère l'introduise à la cour de Versailles ? Elle ne demandait qu'à vivre dans le calme de la campagne comme elle l'avait toujours fait jusqu'à présent !

Mais quand elle y réfléchit... Que va-t-elle faire de sa vie si elle reste sans arrêt ici, enfermée dans son château ? Son époux est mort, son fils est mort... Dans le même temps, elle ne veut pas non plus avoir de quelconques rapports avec les courtisans, n'oubliant pas les leçons de son père. Les seules personnes lui ayant été agréables sont la reine et François de Hautecourt.

- Isabelle... Avec du recul, je pense que cela pourrait s'avérer une bonne chose pour toi.

- En es-tu certaine, Amélie ?

- Le roi et Madame de Montespan t'ont donné la chance de t'occuper de leurs enfants. Ne crois-tu pas que ta peine sur la mort du tien en serait adoucie ? J'y vois là un signe du Seigneur. C'était ton souhait le plus cher d'être entourée de petits êtres à aimer, souviens-toi.

*********************

La proposition est faite ! L'intrigue se met peu à peu en place. Qu'avez-vous pensé de cette première interaction entre Isabelle et Athénaïs ?

Je profite de cette note pour vous prévenir que je posterai désormais deux fois par semaine : Le mardi en plus du vendredi. Car le premier volet de l'histoire est terminé. En effet, je l'écris depuis deux mois déjà et avec la tournure que le récit a prit, j'ai décidé de le diviser en deux tomes. Le second est cependant loin d'être terminé et ne sera pas posté de sitôt.

Je vous dit à mardi !

Continue Reading

You'll Also Like

13.8K 480 32
Et si Sirius Black avait une fille ? Et si elle entrait à Poudlard la même année que lui ? Et s'ils devenaient les meilleurs amis du monde voire plus...
Kais (bxb) By Mary Ysabella

Historical Fiction

14.4K 729 62
"Je pensais qu'en donnant mon corps aux hommes je me sentirai aimé et protéger..."
2.9K 185 26
Lisez seulement!!
88.8K 6.5K 24
« مَا لِي أراكِ حَزينة يَا ذاتَ الوَجه الحَسن .. ؟ » إستطرق متسائل و مقلتاه صوب وجهِها البهي .. و بِتلك المَلامح الذَابلَة أجابَت دونَ السُؤالِ عن هُ...