7. Mais qui es-tu ?

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7.




Les fenêtres de l'étage s'ouvrirent en début d'après-midi, donnant à Seungmin une vue imprenable sur les landes depuis les hauteurs du château. Il resta un instant à observer le paysage, accoudé au cadre de bois. Jisung allait et venait, triant ce qui devait absolument être gardé et ce qui n'avait plus grande utilité. Le vieillard lui laissa le temps, parce que du temps, Jisung en avait grandement besoin pour se décider.

— Comment tu fais tout ça Calcifer ?

Seungmin dut hausser la voix pour que l'esprit l'entende, il lui répondit un tonnant « Faire quoi ? » depuis ses bûches crépitantes. Seungmin fit demi-tour un peu à la hâte, et en croisant le chemin de Jisung, l'enfant put furtivement apercevoir un morceau de sourire sur ses lèvres.

Il ne pouvait le nier, être à bord d'une machine qui sillonnait les landes de jour comme de nuit était hérissant. Il voyait l'étendue du lac, si grand, le ciel qui marchait dans leurs pas, les collines qui grandissaient puis rétrécissaient. S'il attendait suffisamment longtemps, à une certaine heure, peut-être que Seungmin pourrait apercevoir au loin la fumée grisâtre de la locomotive, celle de Marché-aux-Copeaux. Mais il n'attendit pas, la vue aurait sûrement été douloureuse.

Il se pencha, la tête et le haut de son corps depuis le début des marches d'escaliers. Il croisa le regard flottant de Calcifer. Car tout ça, c'était possible grâce à la magie qui émanait de ce petit être.

— Tu es génial Calcifer !

Calcifer rougit. Du moins, ses lueurs orangées devinrent un véritable brasier couleur rubis. Seungmin rit avant de remonter, alors que son vis-à-vis balbutiait quelque chose d'incompréhensible sur les sautes d'humeur impossibles du papy.

— Seungmin, tu le connais celui-là ?

C'était la voix de Jisung, cette fois. Seungmin haussa les sourcils avant de remonter. L'enfant avait fait coulisser une porte de toile qui donnait directement sur un petit balcon. Le ménage en haut avait avancé mais bien plus lentement, l'ardeur du matin avait décru et Seungmin n'avait plus à dompter ses nerfs d'une quelconque manière. Il continuait surtout car son numéro l'avait inconsciemment rétrogradé au statut d'homme à tout faire.

Les cheveux au vent, Jisung se tenait sur la pointe des pieds, le corps maintenu à la rambarde un peu rouillée. Les bourrasques étaient puissantes et quand Seungmin le rejoignit avec peine, le garçon lui pointait un étrange individu du doigt, qui se balançait autour de la cheminée extérieure.

Bah tiens mon petit Navet, s'étonna l'homme. Tu es encore ici ?

— Tu le connais ?

Avec tout ce qu'il s'était passé, Seungmin avait presque oublié qu'ils ne s'étaient pas fait de quelconque adieu, et que son ami Navet pouvait toujours être dans les landes. Il ne s'attendait pas à ce qu'il se soit littéralement intégré aux cloisons du château.

— Je crois que ce truc a un faible pour moi, il me suit partout.

Quand Navet entendit sa voix, le sourire dessiné au charbon parut presque s'agrandir. Ils le virent s'élancer dans leur direction, et sautiller contre les murs sales de l'extérieur. Ne jugez pas un livre à sa couverture, de dehors, c'était encore insalubre, mais il ferait très bientôt bon vivre à l'intérieur. Parole de papy !

— T'es quand même un sacré personnage Seungmin, lui avoua Jisung. J'ai jamais vu quelqu'un comme toi de ma vie.

— Tu as côtoyé beaucoup de personnes dans ta vie ?

"Le Château ambulant" 🔚 Seungjin Where stories live. Discover now