"Le Château ambulant" 🔚 Seungjin

16. Vient le crépuscule

16.

—      Je comprendrais que tu n'aies plus envie de me parler.

—      Ce n'est pas ça Seungmin, des sorts il y en a des centaines de milliers à Ingary. Mais pourquoi tu m'as caché que ce n'était pas ta véritable apparence ?

Seungmin n'avait mis les pieds dans la chambre de Jisung qu'une ou deux fois. D'abord pour y faire le ménage, puis quand un matin capricieux le garçon ne voulait pas se lever, et que le maitre Hyunjin n'était pas présent. Seungmin se souvenait avoir frappé pendant de longues minutes, sans obtenir de réponse, alors il s'était invité dans la pièce et avait littéralement trainé son cadet hors du lit.

—      Alors... tu es un adolescent...

—      J'ai dix-huit ans, certains diront que je suis un adulte je suppose.

Pourtant, ils s'étaient finalement retrouvés de nouveau dans le cocon du plus jeune. Seungmin assis au coin de son lit alors que Jisung avait les jambes étendues sur ses draps. Il tenait un chocolat chaud entre ses mains, et observait d'un œil un peu vide les décorations fantaisistes sur le plafond. Certaines babioles brillaient sous la brève lumière du soleil. Parfois le dialogue était un peu plus fluide, mais sinon, c'était silencieux.

Au fond de lui, Seungmin pouvait voir que Jisung avait du mal à comprendre ce qu'il avait sous les yeux. C'était certes plus de la perplexité que de la colère, mais ça n'en était pas bien loin. Le bambin voulait se montrer plus mature, il avait toujours essayé de se montrer plus mature. Pourtant, il avait les poings crispés contre son mug, cherchant des mots, toujours plus de mots. Ça ne sortait pas comme il le souhaitait, ça devenait gauche sur la langue, il ne savait pas par où commencer.

—      Tu ne me disais jamais ton âge quand je te le demandais.

—      Je ne savais pas quoi répondre, contrecarra Seungmin. Même-moi, j'avais du mal à me faire à l'apparence que j'avais... et maintenant... à celle-là aussi.

—      Celle-là ?

—      Je m'étais tellement fait à l'idée que j'étais vieux, que j'avais presque oublié que je ne l'étais pas.

Jisung baissa les yeux du plafond, les plantant dans les siens. Il parcourut le visage de Seungmin, analysant les traits juvéniles et fins, n'arrivant plus à les superposer à ceux de l'ancien homme. Même s'il était conscient du fait qu'il s'agissait de la même personne, une partie de son cœur se pinçait en pensant qu'il était en train d'oublier l'autre visage. Ce qui était également idiot, puisque ce visage était aussi le sien. Bon, quand même avec soixante ans de moins.

—      Quelqu'un t'a lancé un sort ?

—      Oui.

—      Tu peux m'en dire plus ? demanda sincèrement l'enfant.

—      La personne qui m'a fait ça m'a posé un véto, dut avouer Seungmin avec dépit. Mais Hyunjin est au courant d'une bonne partie de l'histoire, tu n'auras qu'à lui demander.

—      Ah... fit Jisung en plissant les yeux. D'ailleurs, c'est un autre point à mettre en lumière là. Vous deux.

Seungmin se recula instinctivement, son nez se fronça et Jisung put voir ses joues reprendre des couleurs plus vives.

—      Tu sais qu'il y a une heure je t'imaginais encore comme notre grand-père hein ? Et là il avait littéralement sa langue dans ta bo-