Chapitre 10: Oui maman !

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"La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres" Jean-Paul Sartre

Pape Demba NDOUR

Non les promesses n'engagent pas que ceux qui y croient !
Oui les promesses n'ont de sens que quand elles sont tenues !
Oui les hommes d'honneur respectent leurs promesses !

Et moi j'ai honte de le dire mais j'ai déjà manqué à la parole donnée à ma femme.
En signant monogamie lors de notre mariage civil, je lui faisais implicitement la promesse qu'il n'y aurait qu'elle dans ma vie comme femme et j'ai failli à cette promesse en épousant une autre et ce, quelles que soient les raisons qui m'y ont poussées.

Sur ce coup-ci, j'avais décidé que je ne ferais pas de promesses à Fatima Zahra, j'attendrai d'avoir tout réglé pour lui en faire part. C'est moi qui me suis fourré tout seul dans la gueule du lion en cédant au chantage affectif de ma mère, à moi maintenant d'assumer tout, tout seul comme un grand gaillard.

J'ai repris mes esprits ! Mais où avais-je donc la tête quand j'acceptais ce second mariage ? Me sermonnais-je intérieurement en secouant la tête.
On n'épouse pas une personne pour faire plaisir à quelqu'un même si ce quelqu'un est sa mère.
Le mariage n'est pas une farce. C'est un projet de vie qui doit avant tout être basé sur un amour réciproque et une vision d'avenir réciproque entre les deux partenaires. Tant de vies sont détruites à jamais parce que coincées dans des ménages où elles n'ont rien à faire, tout simplement parce qu'on les y a poussées. Je refuse de faire partie de ces vies brisées et de briser par la même occasion celle de ma femme Fatima Zahra et celle de Salimata en passant.

Je suis un homme bon sang ! Je ne peux pas me laisser dicter ma conduite par ma mère comme si j'avais cinq ans quand même ! Mome walam wéy na (elle a déjà fait sa vie) ! Je l'aime et je la respecte mais elle ne peut pas et vivre sa vie et vivre la mienne par ricochet.
J'ai donc pris ma décision, je vais libérer Salimata. Ma mère ne sera pas contente mais elle s'y fera avec le temps. Il faut vraiment que je sois ferme sur ce coup-ci. Je ne dois céder à aucun chantage de sa part ni même lui laisser discuter ma décision irrévocable. Je réussirai à la convaincre, un peu comme quand j'avais décidé d'épouser Fatima Zahra et qu'elle s'y était opposée au début mais avait finalement fini par l'accepter face à ma détermination.

Je suis arrivé à Thiès il y a quelques minutes. Le soleil ne tardera pas à se coucher et peut-être que la nuit apportera un peu de fraîcheur dans ces périodes très chaudes de l'année. J'ai passé une journée très éprouvante en bossant sur un dossier des plus épineux avec des clients pas du tout commodes. Ajouté à cela la canicule qui faisait suer à longueur de temps, je suis carrément épuisé. Autant dire que ce n'était pas vraiment le moment idéal pour évoquer les sujets qui fâchent. Tout ce à quoi j'aspirais en ce moment était une bonne douche et un repos bien mérité mais je ne peux pas remettre ça à plus tard. Il faut absolument que je règle cette histoire une bonne fois pour toutes afin de retrouver mon équilibre et renouer avec ma vie paisible d'avant en compagnie de ma Zahra, celle que j'aime et celle que j'ai CHOISI.

Dés mon entrée dans la maison, je montais directement voir ma mère dans sa chambre. Je toquais à la porte et elle me disait d'entrer.

-Assalamou Anleykoum, Yaye FAYE, no yendo (comment tu vas maman ?) Saluais-je en m'asseyant dans le siège en face de son lit

-Waleykoum Salam, Sante Ya'Allah Alhamdoulilah (je vais bien Dieu merci !) Et toi mon fils ? Et ta journée ?

-J'ai connu mieux mais je fais avec ! Yaye il faut qu'on discute sérieusement ! Annonçais-je sans préambule.

Elle me scruta un instant de haut en bas.

-Tu viens d'arriver et tu m'as l'air bien fatigué ! Vas prendre une douche et Salimata te fera à manger. On aura tout le temps de discuter après ! Me répondit-elle.

Dilemme au JolloflandWhere stories live. Discover now