33 : Propositions

752 107 3
                                    

– Bonsoir votre Altesse. Veuillez me pardonner pour cette visite qui n'était point attendue mais je dois remplir ma mission, s'inclina la marquise.

Philippe prit place à table, face à Sophie, toujours étonné de cette venue. Il ordonna le commencement du repas et but un verre de vin avant de discuter avec son invitée.

– Que fais-tu donc chez moi ?

– Notre roy m'a demandé de venir vous chercher afin de l'aider. Le roy Stanislas Leszcynski, père de notre reine bien-aimée, a réussi à conquérir le trône de Pologne. Cependant, beaucoup de polonais s'opposent à sa montée sur le trône.

– Comme cela est étonnant, commenta Philippe en buvant une gorgée, et regardant Sophie.

– Il a besoin de to... De votre aide dans cette nouvelle guerre. Les soldats français vous admirent énormément en tant que chef. Et...

– Ma réponse est simple. Non. Mon épouse et moi-même avons spécifié quand nous sommes partis, que nous ne reviendrions point l'aider. Quoi qu'il se passe dans ce pays.

– Vous savez très bien que si vous le mettez en colère, il peut reprendre vos terres votre Altesse.

– Qu'ils les reprennent et il aura une révolution sur les bras. Il perdrait le duché d'Aquitaine et son frère par la même occasion. Même s'il m'a déjà perdu depuis le jour où il a embrassé mon épouse.

La marquise de la Garrière ne sut que répondre et décida d'attendre le lendemain pour reprendre les négociations. Il fallait qu'il encaisse le coup de son arrivée avant de pouvoir discuter sérieusement.

Lorsque le repas fut terminé, chacun retourna dans ses appartements. Philippe ne s'étonna même pas que son ancienne amante fut logée à l'autre bout de la demeure. Il eut même un léger sourire en comprenant que Sophie voulait mettre le plus de distance possible entre la marquise et eux. Une fois dans leur chambre, Philippe commença à se dévêtir tandis que Sophie allait voir leur fils. Une fois revenue, elle observa son époux, torse nu, qui rangeait précautionneusement ses affaires. Elle s'approcha de lui et embrassa son dos, passant les mains autour de lui. Philippe se raidit en sentant les mains glacées de son épouse sur sa peau nue.

– Tenir tête au roy de France. Comme vous êtes brave Philippe, dit Sophie en baisant la peau de son époux.

– Sophie, je vous conseille de ne pas continuer vos gestes si vous ne voulez pas que je vous tienne tête aussi, murmura son époux en posant ses mains sur celles de sa femme.

Loin de s'arrêter, Sophie continua et embrassa même sa nuque avec un petit sourire. Philippe se retourna et bloqua ses poignets derrière elle.

– J'ai chassé toute la journée, mais j'ai encore de l'énergie pour continuer à traquer une jolie biche qui se trouve devant moi.

– Tiens donc, je suis à présent une biche, sourit-elle en essayant de se soustraire à sa prise, sans succès.

– N'essayez pas de vous échapper Sophie. Je vous rattraperai toujours.

Sophie se stoppa et observa son mari, les yeux amoureux. Oui, quoiqu'il pouvait se passer, il serait toujours là pour la rattraper au cas où elle tomberait. Elle s'avança doucement vers lui et se hissa sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Philippe la lâcha pour emprisonner sa nuque dans ses mains et approfondir le baiser. La demoiselle en profita pour s'échapper et courir vers la porte de leur chambre en riant.

– Vous avez eu tort de faire cela Sophie. Croyez-le bien !

Il s'empressa de la poursuivre et courut à travers les longs couloirs et pièces de leur château, tentant de l'attraper. Telle une biche, Sophie parvenait à esquiver au dernier moment et changeait de direction. Elle se stoppa devant une porte fermée à clé devant. Elle se retourna, cherchant une autre issue mais déjà deux mains se posaient autour de sa tête.

– Vous êtes faites. Telle une souris.

– Après la biche, me voilà devenue une souris. Vous savez parler aux femmes monsieur le duc, répondit Sophie en faisant la moue.

– Je vais vous montrer si je ne sais point parler aux femmes, gronda-t-il.

Il l'attrapa par la taille puis s'empressa de la porter dans ses bras pour l'embrasser passionnément. Sophie passa ses mains dans ses cheveux et répondit à son baiser, enroulant ses jambes autour de ses hanches. Tout en la portant, il l'amena dans la chambre afin de montrer qu'il savait bel et bien parler à la gent féminine.

***

A la Cour de Versailles, alors que le soleil s'était couché depuis bien longtemps, le roy était toujours assis à son bureau, réfléchissant au meilleur moyen de gagner cette nouvelle guerre. La succession pour le trône était terminée et voilà qu'une révolution avait lieu en Pologne. Il s'appuya contre sa main et soupira longuement. Si la marquise de la Garrière pouvait ramener son frère, les soldats français partiraient plus facilement au front et cette révolution serait terminée.

Aujourd'hui encore, il avait appris la défaite de ces hommes à Dantzig. Ce n'était que la première bataille mais la France avait payé un lourd tribut. La guerre de succession avait vidé les caisses de l'État et il n'avait aucun allié sur qui compter.

– Dans quoi me suis-je embarqué ?

Il soupira de nouveau et se mit à prier pour que son frère et son épouse rentre le plus tôt possible pour l'aider. Il ferait tout et accepterait tout pour qu'il revienne et ainsi résolve tous ses soucis. 

Les Secrets du Duc d'AquitaineOnde as histórias ganham vida. Descobre agora