18 : Découverte & Embuscade

835 104 5
                                    

Philippe se tourna vers son frère, sourcils froncés, et le regarda, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire. Le roy agita un papier sous son nez et Philippe l'attrapa pour le lire rapidement.

« Votre Majesté, suite à la visite de mon frère bien-aimé et à sa proposition de rentrer dans ma région natale, j'ai pris le temps de bien réfléchir, avec mon époux, pour savoir si je devais rentrer ou non. Après le départ de ma seule famille, j'en ai parlé à votre frère et j'ai décidé de repartir chez moi le temps de ma grossesse. Je reviendrai quand il le faudra, sachez que je suis sous vos ordres comme tout bon fidèle. Je sais que mon départ peut donner du grain à moudre à la Cour, et je compte sur vous pour faire taire tous ces commérages. La Duchesse d'Aquitaine. »

- Je trouve cela bien que Sophie s'éloigne un peu de la Cour. C'était un bon choix mon frère.

- Quel choix ? Je n'ai en aucun cas discutaillé avec mon épouse pour lui conseiller de partir en Lorraine. Et puis, pourquoi as-tu reçu un billet ?

Ils furent interrompus par l'arrivée d'un serviteur, qui apportait sur un plateau d'argent un billet. Philippe la récupéra et la décacheta rapidement pour en lire le contenu. Une fois qu'il eut fini, il posa la lettre sur la table au centre de la pièce, il prit son manteau sur sa chaise et héla un serviteur pendant qu'il attachait les boucles de son manteau.

- Préparez-moi un cheval immédiatement. Le plus rapide qui soit !

L'homme s'inclina et partit en petites foulées vers les écuries pour donner les ordres. Louis s'approcha de la table où était posée l'objet du délit. Il la prit de ses fins doigts et la lut :

« Philippe, après ce qui s'est passé entre vous et moi, entre vous et la marquise hier, je pense que le mieux pour nous deux est que je parte. Contrairement à ce que j'ai pu écrire à sa Majesté, je ne suis pas partie le temps de ma grossesse mais pour un temps indéterminé. Je pensais que vous alliez tenir votre promesse pour nous, pour notre enfant mais une fois de plus, je peux voir qu'un engagement pour vous n'est rien de plus qu'un jeu. Alors sachez que j'arrête de ce pas ce jeu. Au-revoir mon époux. Sophie »

- Philippe... Qu'as-tu encore fait ?

- Cela ne te regarde point mon frère. C'est une affaire entre elle et moi !

- Si cela me regarde. Te rends-tu compte que toutes ces histoires entre toi et la Marquise m'a coûté la Lorraine et sûrement la Pologne ? J'avais un allié précieux que TU m'as fait perdre.

- Ne me fais pas perdre de temps, dit Philippe en tendant la main pour attraper la lettre.

Louis XV attrapa brutalement le poignet de son frère, et d'une voix froide dit :

- Fais attention Philippe. N'oublie pas qui je suis. Je n'ai été que trop patient avec toi mais si tu devais t'avérer être un danger pour moi et la France, je n'hésiterais à te faire rentrer chez toi pour que tu ne m'importunes plus.

- Ne t'inquiète point ! Une fois que Sophie sera rentrée à Versailles, nous partirons quelques jours plus tard pour aller dans mon duché. Et plus jamais, tu m'entends ? Plus jamais tu ne me verras à Versailles.

Ils restèrent quelques secondes à se regarder les yeux dans les yeux, à se défier puis Philippe se dégagea brutalement pour attraper la lettre et tourner les talons.

- A bientôt, Louis.

***

Le carrosse avançait le long de la route de terre qui reliait le château du roy à son duché natal, et plus précisément à Lunéville, domaine des ducs de Lorraine. Pour un mois d'avril, le temps n'était pas des plus favorables pour une aussi longue route. Cela faisait deux heures que le carrosse roulait et Sophie avait demandé à ce que personne ne s'arrête tant qu'elle ne l'aurait pas décidé.
Éléonore était inquiète pour sa maîtresse. Elle la suivrait jusqu'au bout du monde mais elle était tout de même inquiète vis-à-vis d'elle. Agir sur un coup de tête, cela ne ressemblait pas à la duchesse, à sa petite Sophie qu'elle avait accompagnée depuis ses 15 ans. Que s'était-il passé pour qu'elle quitte le château de telle manière ?

- Ma dame, si vous avez besoin de discuter, sachez que je suis présente.

- Merci Nonore mais cela ne sera pas nécessaire. Nous n'avons qu'un jour de trajet, une fois arrivée j'irai directement voir mon frère.

- Voyons votre Altesse, voyagez comme cela faire un minimum de pause, cela n'est pas raisonnable. Pensez au bébé !

- Et pourquoi cela serait-il à moi d'y penser ? D'en prendre soin ? Pourquoi est-ce toujours à moi de faire attention à ce que je dis, à ce que je fais ? cria Sophie, les larmes aux yeux. Personne ne prend jamais soin de moi.

- Vous exagérez là Sophie ! Pensez à tous ceux qui vous entourent, pensez à moi, aux serviteurs qui chaque matin se lèvent tôt pour vous satisfaire, pour vous apporter le repas, repasser vos vêtements. Vous ne mesurez point combien vous avez de la chance d'avoir ce statut de duchesse.

- Parfois j'aimerais être à ta place Nonore. Tu as une bonne situation, tu es plutôt bien lotie, tu as de l'argent,... murmura faiblement Sophie en regardant par la fenêtre.

- Vous n'avez point dû travailler pour des courtisans snobs, qui vous traitent comme une moins que rien. J'ai eu de la chance de tomber sur vous et votre mère.

- Ma mère... Il est vrai que je vais la revoir... A la maison.

Alors qu'elle se perdait dans ses pensées, Sophie sentit une légère secousse, et le carrosse se stoppa. Elle fronça les sourcils et sortit la tête de la lucarne et demanda :

- Cocher ! Pourquoi cet arrêt ?

- Votre Altesse, il y a un cavalier sur le chemin.

- Capitaine, demanda Sophie en tournant la tête vers l'un des gardes qui l'accompagnait à cheval.

- Votre Altesse ?

- Demandez à cette personne de bien vouloir s'écarter le temps que nous passions.

- A vos ordres Votre Altesse.

Sophie revint dans le carrosse et remit en place la fourrure qui était sur ses jambes. Malgré le mois d'avril bien avancé, la pluie avait bien rafraîchi l'air de dehors. Alors qu'elle expliquait la situation à sa suivante, un coup de feu se fit entendre et les chevaux se cabrèrent, secouant les dames qui se trouvaient à l'intérieur. Les trois autres gardes qui les accompagnaient, galopèrent jusqu'à l'endroit où était parti leur chef et d'autres coups de feu se firent entendre. Sophie s'apprêtait à descendre mais sa suivante posa un bras sur le sien et la pria de ne pas descendre.

- Votre Altesse, hurla une voix inconnue, il est temps pour vous de descendre de ce carrosse et d'affronter votre destin !

	- Votre Altesse, hurla une voix inconnue, il est temps pour vous de descendre de ce carrosse et d'affronter votre destin !

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

"Heart Of Courage" est un morceau composé par Two Steps From Hell, composé en 2010. C'est un groupe spécialisé dans les musiques épiques ainsi que dans les bandes-annonces.

Les Secrets du Duc d'AquitaineWhere stories live. Discover now