16 : Promenade Difficile

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La semaine suivante, Sophie était de retour dans les Jardins, son ami le Poète toujours à ses côtés. Ils avaient repris les lectures sur le banc comme ils avaient l'habitude de le faire avant l'arrivée de son frère. Ce dernier était parti le lendemain du scandale sans même dire au-revoir à sa sœur. Elle avait donc décidé de lui offrir une lettre pour s'excuser de la manière dont elle lui avait parlé durant cette soirée.

– Poète, je suis heureuse de vous revoir. Je vous trouve bien plus souvent occupé depuis la dernière fois que nous nous sommes vus. Cela fait plusieurs jours où vous n'êtes pas avec moi mon ami.

– Votre Altesse, c'est que la Cour me demande énormément de temps. Je ne peux entièrement me consacrer à vous. De plus, le printemps est arrivé et nous devons donc préparer le retour des musiciens dans les jardins, des comédiens aussi.

– Allons-nous avoir droit à une représentation de théâtre d'ici peu ?

– Je ne peux rien vous dire. Mais préparez vous à bien rire, dit-il avec un clin d'oeil.

La duchesse lui sourit et s'assit sur le banc où ils avaient l'habitude d'aller. Elle sortit son livre et le tendit à son ami pour qu'il continue de le lire.

– N'avez-vous point continuer sans moi votre Altesse ?

– Je me devais de vous attendre mon ami, après tout, nous avons commencé ensemble. Le baron de Faeneste a besoin de nous pour découvrir la suite du roman.

Le Poète sourit et ouvrit le livre pour continuer la lecture. Pendant quelques heures, ils découvrirent les aventures du baron tout en étant quelques fois perturbés par des courtisans qui venaient saluer la duchesse. A un moment donné, la duchesse ferma les yeux et apprécia la douce voix du Poète et de la nature en même temps. Sa Lorraine natale lui manquait mais depuis qu'elle avait été malade, Sophie avait appris à profiter de chaque instant. Aussi s'endormit-elle sur l'épaule de son ami.
Ce dernier s'arrêta en sentant la tête de Sophie posée sur son épaule. Il soupira et continua de lire mais sans que le cœur y fut. Ses pensées étaient ailleurs. Il lui avait menti en disant qu'il avait été occupé lors des derniers jours. Il voulait à tout prix l'éviter. Surtout depuis que son cœur s'était mis à battre de manière inhabituelle en sa présence. Il avait ressenti ce que jamais auparavant il n'avait ressenti pour une femme. Pourquoi cela tombait sur elle ? C'était une femme mariée. Qui plus est au duc qui ne l'aimait guère. Le seul d'ailleurs. Il sursauta légèrement lorsqu'il entendit quelqu'un se racler la gorge juste devant lui.

Le duc d'Aquitaine se promenait dans les jardins, espérant trouver son épouse dans un des bosquets. Une semaine s'était passée depuis qu'il avait appris qu'elle était enceinte. Et il ne savait pourquoi mais il désirait passer du temps avec elle. Apprendre à la connaître un peu mieux. Lorsqu'il entendit la voix de l'homme qu'il détestait, il fronça les sourcils et s'avança vers le bruit. Il s'arrêta net en voyant le spectacle qui s'offrait à lui : sa femme dormait, tête sur l'épaule du jeune homme qui lisait le roman. Le Poète. Ce dernier sursauta lorsqu'il entendit le raclement. Philippe se tint droit, les mains dans le dos et fixait d'un regard froid son ennemi.

– Pourrais-je savoir ce que vous faites vous et ma femme ?

– Votre Altesse, nous... Nous n'étions qu'en train de lire votre Altesse, bredouilla le jeune homme.

– Inutile de m'appeler deux fois par mon titre. Veuillez nous laisser.

Sophie s'était en effet réveillée en sentant le tremblement de son ami et en entendant la voix froide de son époux. Elle releva la tête et regarda en souriant Philippe. En voyant le Poète se lever et s'incliner devant les mariés, elle fronça les sourcils et ne comprit pas. Ce n'est qu'en regardant à nouveau son mari qu'elle sut qu'il se passait quelque chose et qu'il n'allait pas tarder à lui faire une réflexion.

– Que faisiez-vous avec cet homme Sophie ?!

– Nous ne faisions que lire un roman. Je me suis endormie et je n'ai pu écouter la fin. Qu'y a-t-il de mal à cela ?

– Vous ne pouvez vous endormir sur son épaule, dit-il rudement.

– Et pourquoi donc ? Vous vous endormiez bien sur votre amante il y a quelques temps.

– Tout ceci est du passé.

– Ecoutez-moi bien Philippe, dit la duchesse en se levant et s'approchant de lui, cela fait quelques jours que j'ai nausées sur nausées, que je suis fatiguée. Cet homme, mon ami, m'a soutenue depuis mon arrivée. Et vous, vous êtes là à me faire une leçon de morale ? Où étiez-vous donc lorsque je suis entrée à la Cour pour la première fois ? Où étiez-vous lorsque j'ai dû faire face à tous ces courtisans aux regards froids ?

– Ne me parlez point sur ce ton Sophie !

– Et pourquoi donc ? Votre amante n'avait point l'habitude de vous répondre ? Vous aimez les femmes dociles. Alors excusez-moi de ne point l'être Monsieur.

A peine Sophie, eût-elle fini sa phrase que la main de son époux vint la frapper sur sa joue. Ébahie et sous le choc, elle tourna la tête involontairement. Elle posa sa main sur son visage endolori et sentit que c'était chaud. Une larme vint couler le long de sa joue et coléreuse, elle regarda Philippe.

– Comment avez-vous osé lever la main sur moi ?! Vous êtes peut-être mon époux mais vous n'avez aucun droit sur moi.

– Vous vous trompez sur ce point Sophie. Je ne veux plus que vous revoyiez cet homme. Ou bien je vous enfermerais.

– Je ne vous obéirai point ! Et si vous osez lever la main sur moi, ajouta-t-elle en voyant le duc prêt à recommencer, sachez bien que vous ne me verrez plus. Ne m'adressez plus jamais la parole Monsieur. Ne venez plus dans ma chambre. Au final, j'aurais dû mourir lors de cette épidémie.

Elle prit sa robe dans une de ses mains pour la soulever légèrement et parti en courant. Philippe, hargneux, reparti en direction du palais, dans sa chambre. Après avoir bu toute sa bouteille de pinard, il se dirigea vers une pièce qu'il connaissait par coeur. Après avoir claqué la porte, il enleva sa veste et s'avança vers la personne pour l'embrasser farouchement. Lorsqu'ils furent à court d'air, la jeune femme se recula et d'un sourire narquois dit :

– Je savais que tu reviendrais... 

La symphonie n°9, aussi appelée Symphonie du Nouveau Monde, a été composée par Antonin Dvorak en 1893

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La symphonie n°9, aussi appelée Symphonie du Nouveau Monde, a été composée par Antonin Dvorak en 1893. Elle est la plus connue des symphonies de Dvorak et l'une des œuvres les plus populaires du répertoire moderne.

Hop, un nouveau chapitre ! Qu'en avez-vous pensé ? Pensez-vous que Sophie va découvrir que son mari est retourné vers la Marquise ? 

A vos commentaires ;) 

Les Secrets du Duc d'AquitaineWhere stories live. Discover now