43 : Réussir à Renouer un Lien

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Philippe secoua la tête et tenta de distinguer la fille qui dansait ainsi devant le feu. S'il n'était pas marié, il aurait sans aucun doute couru vers la danseuse et l'aurait demandé en mariage. Il fit deux-trois pas en sa direction et attrapa son poignet. L'alcool faisait qu'il voyait légèrement flou mais pour rien au monde, il n'aurait oublié ces yeux.

– Sophie ? Mais qu'est-ce que...

Regardant autour de lui, il vit certains de ses hommes le pointer du doigt. Il pinça les lèvres et prit sa femme par le coude pour la diriger jusque dans la tente. Une fois à l'intérieur, il la lâcha brusquement et finit son verre d'une gorgée.

– Comment pouvez-vous faire une chose pareille ? Une chose aussi... Indécente !

– Je suis indécente ? Regardez-vous avant de me juger. Vous l'êtes encore plus que moi Philippe. Vous êtes ivre et vous m'avez regardée tel un chien en manque avant même de me reconnaître.

– Sauf que je vous ai reconnue directement, répondit l'accusé en croisant ses bras. Bon Dieu Sophie, qu'auriez-vous fait si un de mes hommes s'étaient approché un peu trop près de vous ?! Qu'auriez-vous fait s'ils s'étaient mis à plusieurs à vous toucher ? Que pensez-vous qu'il se serait passé ?

– Vous seriez intervenu bien sûr, dit Sophie en haussant les épaules.

– Avez-vous vu mon état ? Si je ne vous avais pas regardée en premier, peut-être que jamais je ne vous aurais vue ! Vous auriez pu être violée Sophie !

– Oh ! Inutile d'être vulgaire quand même.

Sophie recula et l'observa les poings sur les hanches. Philippe passa une main sur son visage et hurla en lançant le verre contre un des pans de la tente. S'il avait utilisé des termes aussi fort c'était pour qu'elle comprenne à quel point elle avait pris un risque aussi grand. Mais elle ne semblait pas entendre.

– Sophie, vous n'en faites qu'à votre tête. Vous ne vous rendez point compte du danger que vous auriez pu courir. Je ne peux pas veiller sur vous toutes les heures.

– Parce que vous devez passer le plus de temps possible avec vos hommes, je l'ai bien compris. Inutile de le dire de nouveau. Vous ne m'accordez plus d'intérêt depuis que nous sommes ici. Pas un regard, pas un sourire, pas une visite. Rien. J'aide tous les jours les femmes des soldats à préparer des tissus chauds malgré le printemps qui s'installe petit à petit. Je me démène tous les jours pour que les soldats français ne manquent de rien. J'essaie d'attirer votre attention et pourtant, vous ne restez qu'avec vos hommes. Et... Et lorsque vous avez dit que vous pourriez trouver du plaisir ailleurs, j'ai voulu vous montrer que moi aussi je peux être divertissante.

Philippe vit les larmes commencer à couler le long des joues de son épouse. Il soupira et s'approcha d'elle pour la prendre dans ses bras. Il caressa son dos et leva les yeux au Ciel comme pour maudire quelqu'un ou quelque chose d'avoir créé la femme.

– Je sais que je peux être dur dans mes paroles mais jamais je n'aurais osé te tromper. Pas depuis que nous avons appris à nous connaître. Tu as pris de la place dans mon cœur Sophie.

En disant cela, il prit la main de son épouse et la posa sur sa poitrine. Il posa le front contre le sien et ferma les yeux.

– Je ne pensais pas qu'un jour j'aurais pu ressentir une émotion comme celle-ci. Quand je te tiens dans mes bras, j'ai peur de te lâcher par inadvertance. Je suis inquiet tous les jours car je ne veux pas te perdre. Lorsque je te vois avec les autres femmes de soldats, je suis heureux car je t'observe secrètement et je vois ton sourire chaque jour. Je te vois aussi prendre du bon temps avec notre enfant et je sais que tu seras toujours là pour lui.

Il lui fit redresser la tête et eut un léger sourire.

– Tu es la femme de ma vie, murmura-t-il. Tu es cella avec qui je veux partager mes joies, mes peines, mes colères et surtout mon amour. Tu es celle que j'attendais et je ne suis qu'un sot de t'avoir fait souffrir lors des premiers mois de notre mariage. Je t'aime Sophie de Lorraine !

Il se pencha et embrassa tendrement celle qui se trouvait en face de lui. Oui, il l'aimait et il ne voulait pas qu'elle se mette dans cet état à cause de lui. Jamais encore il n'avait agi ainsi et s'était excusé devant une femme. Il passa un bras sous ses jambes et la souleva de terre pour la déposer sur le lit de camp où ils passèrent le reste de la nuit à prouver que l'un et l'autre s'aimait.

Quelques heures plus tard, Sophie se trouvait aux côtés de Philippe. Lui, allongé sur le dos, un bras autour des épaules de sa femme , en train de dormir tranquillement ; elle, la tête sur sa poitrine, jouant avec les doigts de celui qu'elle aimait. Se redressant légèrement en prenant soin de ne pas le réveiller, elle enleva une mèche de son front et caressa délicatement la joue.

– Moi aussi je t'aime. 

 

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Les Secrets du Duc d'AquitaineWhere stories live. Discover now