10 : Règlements

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Les semaines passaient et toute la Cour s'était agitée lorsque les nobles avaient appris que la duchesse d'Aquitaine avait fait une fausse couche. Perdant ainsi l'héritier du duché d'Aquitaine. Sophie avait failli y laisser la vie mais grâce aux bons soins de sa servante et du médecin royal, la nuit la plus dure était passée et la duchesse était donc saine et sauve. Son mari, Philippe d'Aquitaine, avait fait du mieux qu'il pouvait pour rester auprès de sa femme mais ses devoirs du duc l'avait de nombreuses fois envoyés dans tout le pays.

Un matin du mois de mars, Sophie ouvrit les yeux et vit la lumière du soleil rentrer par la grande fenêtre de sa chambre. Pour le début du mois, il faisait plutôt doux. Sophie étira tout son corps endolori en souriant. Cela faisait plusieurs jours que la fièvre était tombée et qu'elle avait repris des forces. Lentement, elle se leva et souleva le drap qui la recouvrait, elle prit le loquet dans ses mains et tira la fenêtre vers elle. Les oiseaux chantaient et les primevères, les jacinthes et toutes les fleurs de cette saison commençaient à embaumer l'air.

– Vous êtes donc réveillée duchesse ?

Sophie se retourna et vit sa suivante dans l'embrasure de la porte avec une robe pour la journée. Elle sourit et s'avança vers elle.

– As-tu vu Nonore le soleil ? Et les jardins ? Ils sont magnifiques. Le printemps arrive à grands pas et les promenades vont pouvoir reprendre.

– Oui ma dame. Faire ces promenades vous feront le plus grand bien. Nous pourrions en faire un dès ce jour, il fait assez doux.

– Tu as raison, dit en souriant Sophie, j'ai hâte d'aller sentir l'air frais.

La suivante secoua la tête en riant puis l'aida à enfiler sa robe puis lacer son corset. Elle coiffa sa maîtresse puis la couvrit chaudement pour pouvoir se promener dans les jardins. La duchesse et sa suivante allèrent donc bras dessus, bras dessous, en parlant de bon cœur.

Philippe était dans son bureau, en train d'écrire des lettres importantes lorsqu'un garde entra pour lui annoncer quelqu'un. En entendant le nom, le duc fronça les sourcils et fit un geste pour faire comprendre au soldat de faire entrer la personne. Cette dernière entra et fit grincer le parquet sous ses pas.

– Marquise. Que puis-je faire pour vous ?

– Voyons Philippe d'où viens cette distance ? Tu sais bien qu'entre toi et moi il y a toujours eu une complicité étrange.

– Étrange est en effet le bon mot. Vous savez, ma dame, je crois que le médecin s'est trompé.

– A quel sujet ? demanda La Garrière

– Il nous a dit que mon épouse n'était point empoisonnée.

– Un épisode de typhus dans tout le château d'après les rumeurs de la Cour. Pourquoi donc parles-tu de cette histoire ? Ne devrais-tu pas être auprès de ta femme plutôt que dans ton bureau à travailler ?

– La duchesse se repose. Je ne veux donc point la déranger.

– C'est donc pour cela que je l'ai croisée allant vers les jardins pour s'y promener, avoua la marquise en attendant la réaction de son amant. Il me semble même qu'elle était accompagné de son ami. Comment s'appelle-t-il déjà ?

Philippe arrêta de noter sur son parchemin et se fit tout attentif au nom qu'allait sortir son ancienne amante. Il gardait la tête baissée mais il savait qu'elle attendait exprès pour se venger.

– Ah oui, le Poète. Ils ont l'air vraiment proches tous les deux dis-moi.

Le duc lâcha sa plume et se leva d'un coup, renversant sa chaise qui tomba brutalement sur le sol. La marquise de la Garrière sursauta et fit un pas en arrière. D'un pas lent, Philippe s'approcha d'elle, tournant et retournant la plume dans ses mains.

– Voyez-vous, Marquise, il se trouve que vous n'êtes point très appréciée dans cette Cour. La place que vous occupiez vous permettait d'obtenir tout ce que vous souhaitiez. Mais ce temps est révolu ! Vous n'êtes plus rien à présent. Plus les jours passent, plus je me demande ce qui m'a plu chez vous si ce n'est votre physique.

Il la coinça contre un mur et se rapprocha d'elle. Ils étaient si près l'un de l'autre que leur nez se touchait pratiquement. Philippe posa une de ses mains sur la hanche de la Marquise tandis que de l'autre, il remettait une mèche en place. Le souffle court, la jeune femme le fixait attendant la suite. Elle le regardait droit dans les yeux et essayait de savoir ce qu'il allait faire. Elle l'avait connu dans plusieurs états mais celui-ci, elle lé découvrait.
Philippe descendit lentement sa main jusqu'à sa mi-cuisse puis remonta le tissu de la robe qui recouvrait ses jambes. Il eut un petit sourire narquois lorsque la respiration de la marquise s'accéléra.

– Je savais que tu me voulais toujours auprès de moi, dit-elle en fermant les yeux et en expirant lentement.

Il la fit taire en embrassant son cou. Instinctivement elle se cambra et se colla un peu plus à lui. La main continuait toujours de remonter le tissu. Une fois terminé, il posa sa main chaude sur la cuisse de Catherine tout en continuant d'embrasser son cou.
Un rire clair entendu depuis l'extérieur le fit s'arrêter brutalement mais la Marquise posa sa main sur la nuque de son amant et l'appuya afin qu'il se concentre à nouveau. Il prit la main qui se trouvait derrière sa nuque et la serra si fort que la Marquise cria de douleur. Le tissu cacha de nouveau les jambes fines tandis que le duc faisait un pas en arrière. Il observait la femme devant lui et souriait froidement en voyant le visage tordu de douleur de son ancienne maîtresse.

– Philippe... Arrête tu me fais mal, dit-elle en gémissant.

– A partir de ce moment et pour toujours, vous me voussoierez, vous me donnerez le respect que vous me devez en tant que duc et frère du roy Louis XV. Plus jamais vous ne tenterez de m'approcher. Et si jamais, par votre témérité vous tenter d'approcher la duchesse d'Aquitaine, ma femme, alors un séjour dans les cachots vous fera le plus grand bien.

– Philippe...

– Vous n'êtes plus protégée par votre rang, vous n'êtes plus rien. N'employez point mon nom auprès des autres nobles, je ne vous connais plus et très vite, tout le monde le saura. Me suis-je bien fait comprendre ?

En posant cette question,il serra un peu plus fort les doigts blancs et fins, ornés de bagues. Instinctivement, la Marquise se mit à genoux sous l'effet de la douleur et elle opina de la tête. Une larme coula le long de sa joue pour tomber sur le parquet marron.

– Moi qui vous croyais insensible. Au final vous êtes comme toutes les autres. Une catin !

Il lâcha la main puis s'essuya les doigts délicatement avant de la toiser et de sortir de la pièce. Au sol, la Marquise quelque peu décoiffée essuya ses joues et la colère l'envahit. Dans sa tête, un seul mot résonnait. Vengeance. 

La "Stravaganza" est un concerto pour violons et orchestre dédiés en 1712 au noble Vénitien Vittor Delfino

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La "Stravaganza" est un concerto pour violons et orchestre dédiés en 1712 au noble Vénitien Vittor Delfino

Les Secrets du Duc d'AquitaineWhere stories live. Discover now