32 : Une Venue Innatendue

746 91 4
                                    

22 février 1734, Aquitaine


Les mois s'étaient écoulés et Sophie avait accouché en janvier d'un garçon nommé Thomas. Depuis la révélation du roy lors de cette fameuse soirée de décembre, la duchesse avait tenté en vain de trouver des informations sur la première épouse. Cette dernière n'ayant jamais mis les pieds au château d'Aquitaine, peu de personnes la connaissaient. Sa vie s'était déroulée à Versailles donc si elle voulait connaître un peu plus son histoire, elle devait retourner à la Cour.

– Votre Altesse, monsieur Thomas est éveillé et vous attend dans la chambre d'enfants.

– J'arrive de suite Éléonore. Savez-vous où se trouve mon époux ?

– Il est à la chasse votre Altesse. Avec quelques uns de ses amis.

Sophie la remercia d'un mouvement de tête et se leva de sa chaise. Elle ferma tous ses livres, les rangea bien comme il le fallait sur le bureau puis alla rejoindre son fils. Ce dernier allongé dans son couffin, en train d'observer l'objet en bois taillé par son père qui pendait au-dessus de son visage.

– Bonjour mon petit chou, dit-elle en le prenant dans ses bras. Voilà que vous admirez avec les objets de votre père.

Elle regarda longuement le cheval de bois et sourit tendrement. Depuis la soirée où il lui avait avoué qu'il l'aimait, elle vivait ses meilleurs moments. Il n'était plus l'homme qui l'avait brutalisée, qui l'avait insultée et qui pouvait être sans cœur. C'était un homme dévoué et attentionné envers sa femme et maintenant, son fils. Elle ferma les yeux et chanta une chanson lorraine à son enfant. A présent, elle était mère et elle devrait éduquer son enfant en lui montrant toutes les erreurs à ne pas commettre. Elle devrait lui apprendre à respecter les femmes pour que sa future épouse ne devienne pas comme son mari au début de leurs épousailles. Elle avait 22 ans et elle était mariée et avait déjà un enfant. Au fond d'elle, elle ne se sentait pas prête à assumer ce rôle. Heureusement Philippe se trouvait à ses cotés.

– Vous savez Thomas, votre père m'a aussi sculpté un bel objet en bois pour Noël.


Elle prit la fleur de lys en bois qui se trouvait autour de son cou et le manipula rêveuse. Chaque soir, elle l'attendait pour l'accueillir de la meilleure des manières qui pouvaient exister. Malgré ses absences lors des journées, ils se retrouvaient tous les soirs près d'un bon dîner préparé par leur cuisinier.

– Nous prendrons toujours soin de vous mon petit Thomas, dit-elle en baisant son front. Jamais vous ne connaîtrez la souffrance de la Cour de Versailles. Je vous le promets.

Les heures s'écoulèrent et l'après-midi était déjà bien entamée lorsque le valet se présenta devant la duchesse. Sophie releva la tête du canapé où elle se trouvait allongée et fronça les sourcils en entendant le nom de la personne qui désirait lui parler. Elle autorisa à Hector d'aller la chercher et se releva rapidement pour se préparer à affronter cette personne.

– Votre Altesse royale, salua la jeune femme en s'inclinant.

– Marquise. Votre visite n'était point attendue dans ce duché. Je ne pensais point vous revoir avant ma mort. Voire plus longtemps, répondit froidement Sophie en s'approchant de la table à boissons.

– Il en est de même pour moi votre Altesse. Cependant, je ne viens pas ici par plaisir mais par devoir.

– Séduire mon époux est votre devoir à présent. Car j'imagine que vous venez ici pour le récupérer. Cependant, continua Sophie en la voyant ouvrir la bouche, je ne sais si vous êtes au courant mais nous sommes mariés devant Dieu. Cela signifie que quoiqu'il puisse se passer, nous resterons mari et femme.

– Votre Altesse, loin de moi l'idée de vous interrompre, mais je viens au nom du roy de France et de Navarre.

– Que souhaite mon beau-frère ? Nous demander notre aide j'imagine ?

– Si cela ne vous dérange point, j'aimerais attendre le retour de votre époux. Cela évitera de me répéter plusieurs fois.

– Très bien. Vous serez logée à l'opposé de nos appartements, dans l'aile des invités les moins aimés.

– Je vous remercie pour votre générosité votre Altesse, s'inclina la Marquise.

Le soir arriva et le duc aussi. Rapportant avec lui un énorme cerf avec un ramure importante. Il le déposa dans les cuisines avant de monter en vitesse dans la salle d'enfant, embrasser son fils.

– Votre père vous a apporté un joli cerf qui va décorer notre magnifique demeure, murmura-t-il à son fils endormi. Mais en attendant, votre père va aller chercher votre mère et l'embrasser fougueusement pour lui montrer ses sentiments.

Il baisa le front de Thomas qui s'agita légèrement avant de rebrousser chemin et de rejoindre ses appartements, le sourire aux lèvres. Sourire qui disparut rapidement en ne voyant personne dans sa chambre.

– Sophie, cria-t-il les sourcils froncés.

– Votre Altesse, la duchesse vous attend en bas dans la salle à manger en compagnie d'un invité, s'inclina le majordome sur le seuil de la porte.

– Un invité ? Tiens donc. Et d'où vient-il ? demanda Philippe en se dévêtant.

– De la Cour votre Altesse. Une mission lui a été attribuée par le roy lui-même.

– Comme c'est étonnant. Son Altesse sait pourtant que nous n'acceptons personne de Versailles ici. Pourquoi l'a-t-elle gardé comme hôte ?

– Si j'ai bien compris, le messager voulait expliquer devant ses Altesse le pourquoi de sa venue afin de ne pas se répéter plusieurs fois.

– Hmm très bien. Merci André pour ces informations. Dites à mon épouse que je descends dans quelques instants.

Le serviteur s'inclina et fit ce qu'il lui avait ordonné. Pendant ce temps, Philippe se changeait afin d'apparaître comme un duc à son invité. Il repensa à ce que lui avait dit André. Beaucoup de messagers désiraient discuter avec lui seulement mais Sophie les remettait souvent à leur place et les renvoyait vers la Cour. Que pouvait bien avoir dit celui-là pour convaincre son épouse de le laisser attendre jusqu'au dîner.

Après avoir mis ses boutons de manchettes, il s'observa dans la glace et sourit. Il était temps de montrer à cet envoyé de la Cour qui était le maître de ce duché. Il descendit les grands escaliers et arriva dans la salle à manger comme prévu. Il sourit à Sophie assise face à lui tandis que leur invité avait le visage tourné vers son épouse comme si elle lui parlait.

– Voici mon époux, vous allez pouvoir nous expliquer la raison de votre venue à présent, dit froidement Sophie en se levant.

L'invitée, car c'était une femme maintenant il s'en rendait compte, se tourna vers lui avec un grand sourire. Sourire qu'il avait pu admiré de nombreuses fois.

– Catherine ? 

	–  Catherine ? 

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.
Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant