Une assez triste tendance en effet qu'ont certains jeunes ces derniers temps ! Ils veulent des sous assez rapidement et hop ils pensent à la vacation oubliant le principal c'est-à-dire la Vocation et cela se ressent malheureusement sur le niveau des élèves. Ceci est bien plus grave évidemment dans le public.

Je suis bien réaliste et je suis consciente que le système éducatif sénégalais souffre de bien des maux dont des pistes de solutions pourraient notamment être le fait de privilégier nos langues nationales par exemple, penser avec une langue et s'exprimer avec une autre est loin d'être évident. Le fait aussi de prévoir des programmes d'éducation adaptés à nos réalités culturelles et religieuses au lieu de les calquer sur ceux des anciens colonisateurs, histoire de s'enraciner profondément avant de penser à s'ouvrir aux autres, entre autres choses.

L'absence ou la carence de vocation chez les jeunes enseignants n'est qu'un exemple de ces maux qui gangrènent le système éducatif du Jollofland dans son ensemble mais il en est le plus parlant à mon sens car l'enseignement est un métier de cœur, qu'on ne peut exercer correctement que quand on est vraiment passionné et surtout engagé.
N'est pas un bon enseignant qui veut !

Si un enseignant est médiocre ou non investi, il ne faut pas s'attendre à ce que l'élève fasse des miracles à moins d'être un génie ou un surdoué et même dans ce cas de figure, je pense qu'il faudrait un minimum d'encadrement et d'accompagnement.
Lou way djang rék lay tari (On ne récite que ce qu'on appris !)

La plupart du temps, en me rendant au boulot, j'ai comme un petit pincement au cœur. Je me sens investie d'une si lourde responsabilité et je ne sais pas si je suis à la hauteur de ma mission. Je sais que j'ai l'impression d'exagérer dans mes propos mais le challenge est énorme. Nous avons la lourde tâche de former les futurs élites de ce pays et ce, sans prétention aucune. Mais avouons le, le combat est difficile. C'est comme qui dirait vouloir affronter un géant avec pour seule arme un couteau de cuisine. L'affrontement risquerait d'être féroce n'est-ce pas ?

Voilà où nous en sommes ! Le système éducatif du pays est complètement malade et pour ce qui est du public c'est de pire en pire. Du manque de moyens dans les écoles, en passant par le niveau des enseignants, les salaires dérisoires, l'absence de déontologie et de pédagogie chez certains, les classes plus que bondées et j'en passe et l'on s'étonne d'un niveau des élèves que beaucoup jugent médiocre ! Mais voyons !
On se débrouille comme on peut et bien souvent avec les moyens du bord !
Bref.

Arrivée en classe, je remerciais le directeur qui était entrain de faire une séance de lecture à mes élèves avant de m'excuser auprès d'eux en leur disant que j'ai eu quelques soucis qui expliquent mon retard mais que tout est rentré dans l'ordre. Ceci n'est vraiment, mais vraiment pas dans mes habitudes et heureusement d'ailleurs. Ak sama discours bou rëy bi yép (avec tout mon grand discours précédent sur les failles du système), il ne manquerait plus que ça !

Cette année, j'ai une classe d'une quarantaine de gamins environ entre 9 et 10 ans, plutôt bosseurs en dehors de quelques éléments perturbateurs bien sûr mais ça il en faut ! Vu leur nombre, ce n'est pas facile à gérer tous les jours mais j'ai appris à connaître chacun d'entre eux au fil du temps et je sais à peu près comment les appréhender.

Je vérifiais et corrigeais les devoirs que je leur avais donné à faire quand j'arrive à hauteur de Moussa qui est un de mes meilleurs élèves mais qui cette fois ci n'a pas fait ses devoirs.
Ah ! Très bizarre !

-Moussa, pourquoi tu n'a pas fait tes exercices ? Lui demandais-je d'une voix douce car cela ne lui ressemble guère mais il ne me répondit pas. Il m'a juste servi une petite moue en baissant sa petite tête. J'ai dû insister 2 à 3 fois et il éclata en sanglots pour toute réponse. Je me suis mis alors à le calmer. Je verrai avec lui à la fin des cours ce qui se passe réellement.

Dilemme au JolloflandWhere stories live. Discover now