Chapitre 9 : Nouvelle piste

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Mélissa regardait dans vide, réfléchissait tout haut et marchait de long en large dans son bureau quand elle se souvint de la lentille bleu acier qu'elle avait scannée et enregistrée dans sa banque de donnée pour faire des recherches ce Week-end quand Julien était venu l'enlever de force. Elle tâta sa poche de veste et s'aperçut qu'elle l'avait gardé sur elle. Elle l'a sortie et la tritura. Elle se précipita à sa table de travail pour voir le résultat de la recherche qu'elle avait lancée auprès de Julien. Quelques minutes plus tard, quelques noms se détachèrent du lot et les propriétaires de cet appareillage apparurent sur l'écran. Parmi eux, il n'y avait pas que des enfants de cœur, et après vérification avec les données récoltées par les cadets et Greg dans les archives de la police, elle s'aperçut que soient ils étaient morts ou en prison. Encore une impasse. Elle fut déçue une fois de plus. Quelque chose la frappa cependant en regardant dans les coupures de journaux numériques qu'elle avait demandées et qu'elle avait sélectionnées par mots clés. C'était une sombre histoire d'incendie qui avait ravagé toute une famille par la perte d'un enfant, la mère était anéantie par le chagrin. L'article était très évasif sur la cause de ce drame, elle lut :

3 Mai 3147. Ce matin, vers 6h00, un incendie s'est déclaré au domicile de Mme Leimard, habitante de Renaissance Nord, appartement 315 bloc C troisième étage. Réveillée en sursaut par l'alarme de détection de fumée, elle a juste eu le temps de sauver un des deux enfants qui était déjà debout dans le couloir, toussant et crachant. Elle s'est précipitée dans la chambre voisine à la sienne, pour prendre le second enfant mais la fumée envahissait déjà l'appartement et elle avait du mal à respirer. Quand enfin elle atteignit le lit, elle secoua l'enfant qui ne bougeait pas. Elle le prit dans ses bras et sortit de l'étuve au plus vite. L'enfant était morte dans ses bras quand les secours arrivèrent. Elle ne voulait pas lâcher le corps et partit dans une crise d'hystérie quand les secouristes ont mis l'enfant dans une coque. Ils ont dû la maîtriser avec un sédatif. On se demande encore pourquoi les robots incendie ne se sont pas mis en route pour enrayer la fournaise. Une enquête a été ouverte pour déterminer la cause du drame. Les premières constatations signalent un problème électronique selon le chef des pompiers. "Dans ces immeubles bon marché du début de la colonisation, l'entretien est obsolète et ici comme ailleurs des accidents tragiques comme celui-ci arriveront encore malheureusement", a déclaré celui-ci. Elle chercha des articles similaires et eut une réponse. Dans un autre article que l'équipe avait sélectionné, la suite de l'histoire l'éclairait un peu plus sur les circonstances de la retenue de ce fait divers : le jeune Leimard a bénéficié de prothèses oculaires ioniques suite à son exposition aux fumées toxiques. L'enfant était devenu presque aveugle suite à l'incendie qui avait ravagé son appartement survenu quelques mois plus tôt. La mère, ne pouvant supporter que son fils soit atteint de cécité, a accepté de le soumettre comme cobaye. Il a été choisi pour expérimenter de nouvelles lentilles ioniques à changement de couleurs par la pensée. Le Professeur Rubens, spécialiste de la vue, a procédé à la première greffe d'un implant ionique reliant l'œil au cerveau de l'enfant et celui-ci a été très satisfait du résultat car l'enfant a recouvré la vue immédiatement avec l'aide du port de ces lentilles. Un espoir renait pour les gens souffrant de cécité dans un monde toujours très inadapté pour eux... Etc. Et l'article continuait ainsi, en faisant l'éloge de ce professeur, décédé depuis. Il y avait peut-être un lien car c'était le seul nom qui correspondait en tout point. Plusieurs années plus tard, disait un autre article, Leimard entreprit des études de médecine et de biologie, financées par l'Institut du Professeur Rubens, qui léga au jeune homme une partie de son patrimoine, tellement fier de sa réussite sur les greffes oculaires. Les dix premiers cobayes ont bénéficié de la reconnaissance du professeur. Pour Mélissa tout était clair à présent. Il fallait retrouver ce Leimard. Il devait avoir dans les trente cinq ans maintenant, mais c'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin de Milla. Elle avertit Greg et Julien de sa découverte en leur disant de ne pas ébruiter l'information tout le temps qu'elle n'était pas confirmée. Immédiatement, ils se mirent à la recherche de Leimard qui demeurait introuvable dans toutes les données.

- J'en ai marre, il est tard et toujours rien, on va faire une pause, j'ai mal au crâne, il va exploser, dit Julien en levant la tête de son écran. Il se leva et disparut en laissant Greg et Mélissa, surpris par la rupture soudaine du silence. Il réapparut quelques minutes plus tard avec un plateau plein à ras bord de victuailles en tout genre, qu'il déposa sur la table.

- Allez, venez manger, on réfléchit mieux le ventre plein, insista Julien.

Mélissa s'étira et Greg bailla. Tout crampi, ils se levèrent à leur tour et rejoignirent Julien qui attaquait un sandwich à pleine dent. Mélissa attrapa un verre d'eau et but d'une seule traite, elle s'aperçut qu'elle n'avait pas bu depuis un long moment et qu'elle avait la gorge sèche. Elle s'attabla et mangea avec voracité, elle avait faim. Julien lui lança un regard qui voulait en dire long. Il savait qu'elle n'avait rien pris de la journée à part des doses phénoménales d'antalgiques pour tenir le coup. Greg s'en aperçut, sourit et croqua dans un bout de viande qui dépassait de son pain. Mélissa faisait comme si elle s'en fichait. Julien soupira, il savait qu'il n'aurait jamais le dernier mot avec elle. 

Les yeux du passéWhere stories live. Discover now