Chapitre 27 : Opportunité inattendue

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Déjà cinq ans qu'Edouard était dans le vaisseau spatial à des années lumières de la Terre, à voyager en hyper-espace avec ses nouveaux compagnons de route. Il était chargé de s'occuper des blessés lors des rixes survenues dans les conflits entre peuples d'autres mondes. Edouard n'aurait jamais soupçonné que de telles choses existaient vraiment. Pour lui les extraterrestres c'était Star Trek à la télé. Il était cartésien avant tout mais ce peuple de "martiens" avait démoli toutes ses convictions pour de bon. Avec Maïa, il avait eu des conversations passionnantes sur leur mode de vie, leur culture, sur les plantes et les animaux de leur planète, un petit satellite lointain du système solaire que l'on connaît. Et lui, de lui raconter sa vie sur Terre. Il avait appris que la planète de Maïa avait explosée lors d'un conflit entre les deux potentiels rois qui devaient prendre la succession du royaume. Ils avaient tellement usé de stratagèmes pour se nuire l'un l'autre que la planète ne l'avait pas supportée et que son cœur menaçait d'imploser. Ce qui arriva fatalement. Alors la bataille continua dans l'espace, après évacuation des habitants rescapés. Chacun des rois emmena ses partisans avec lui et finalement ils s'entretuèrent après un ultime conflit. Les derniers vaisseaux restant se sont donc ralliés au commandant du vaisseau où ils se trouvaient actuellement et ont décidé de voyager dans l'espace en temps qu'explorateurs jusqu'à ce qu'ils trouvent une terre accueillante. Finalement, leur mode de vie leur convenait. Ils exploraient des mondes comme la Terre et prenaient des échantillons pour les analyser et faire des expériences. Tout cela en toute discrétion car les planètes où ils atterrissaient, n'étaient pas toujours bienveillantes ou assez avancée en technologie pour comprendre leurs démarches et de peur d'affoler les populations.

Un jour, ils tombèrent sur un vaisseau errant dans l'espace. Un message capté par les communications, datant de dix ans au moins, demandait du secours d'un éventuel ami dans les parages. Le message était entrecoupé et grésillant, et tournait en boucle. Par souci de conscience, le roi-commandant demanda d'aller voir de plus près. Il constitua une petite équipe dont il faisait partie ainsi qu'Edouard et envoya un ultime message au vaisseau pour les prévenir de leur arrivée par une navette. Comme il n'obtint pas de réponse, il voulu en avoir le cœur net et savoir s'il y avait des survivants. Arrimé à l'autre vaisseau, le commandant déverrouilla manuellement le sas qui les séparait. A l'intérieur, le calme régnait ainsi qu'un froid glacial qui traversait les combinaisons pourtant épaisses. Le commandant ordonna de régler leur température grâce à leur thermostat au centre de leur poitrine et de bien laisser leur casque respirateur sur leur tête. Il valait mieux ne prendre aucun risque inutile. Les lumières clignotaient et l'état d'urgence se faisait ressentir. En avançant dans la coursive, on remarquait des débris au sol et tout un tas de caisses empilées comme si on avait voulu se défendre de quelqu'un ou quelque chose. En se penchant, un des soldats toucha une substance gluante verte gélatineuse et interpella ses camarades. Un scientifique, prit un échantillon non sans un certain étonnement. Il mit la plaquette en lieu sûr et rejoignit l'équipe. Une intersection. Le commandant divisa sa troupe en deux. D'un côté, deux soldats, un scientifique et de l'autre un soldat, Edouard et lui-même. Les communications passaient mal mais cela allait encore vue les circonstances. Le premier groupe arriva devant une porte verrouillée qu'il débloquèrent en coupant les fils qui se trouvaient dans le boîtier du mécanisme d'ouverture. Le spectacle qui s'offrait à eux était improbable. Un champ de bataille, on s'était battu mais contre quoi ? Les murs étaient défoncés, les lumières clignotaient ou étaient inexistantes par endroit. Encore cette matière verte qui dégoulinait du plafond ou jonchait le sol en des flaques translucides. Une odeur pestilentielle envahie l'air qu'ils respiraient. Le scientifique s'agenouilla et regarda de plus près. Les autres continuèrent plus en avant le laissant faire des relevés. Tout à coup, il vit un reflet dans la flaque verte, se pencha pour mieux voir, mais s'aperçut un peu tard que le mouvement venait d'en haut. Il leva la tête doucement, une coulée de gélatine verte glissait déjà sur sa combinaison grise et il se trouva nez à nez avec une créature inconnue. Elle était moitié lézard moitié dragon, avec ses pattes crochues armées de couteaux aiguisés où l'on voyait encore quelques lambeaux de chairs. Il ne fit pas un geste, attendant la réaction de la bestiole qui le toisait depuis le plafond de l'appareil. Tout en la regardant, il fit glisser son bras sur son flanc droit et tenta d'attraper son arme à plasma logée dans son holster. Dans un autre temps, il essaya en vain de prévenir ses compagnons. La bête cligna de ses yeux reptiliens et sortit une langue séparée en deux à l'extrémité. Elle commença à déployer sa collerette de couleur rouge vif, et poussa un cri strident annonçant le début du combat. Le scientifique n'eut pas le temps de tirer que la bête bondissait sur lui. Il poussa un cri déchirant et le tir plasma éclaira l'endroit en brûlant les parois et occasionnant des petits feux à son passage. Une odeur de brûlé mélangée à celle du sang finissait le tableau. Les deux soldats rebroussèrent chemin en entendant le cri qui résonnait dans toute la carlingue. Ils criaient dans leurs communicateurs mais pas de réponse. Arrivée sur place, il ne restait rien du scientifique que quelques morceaux de tissus en lambeaux, de la chair, et sa main tenant l'arme encore fumante. La créature avait disparue. Ils inspectèrent l'endroit, se protégeant l'un l'autre de leurs armes. Le roi-commandant et son groupe, explorant la coursive voisine, entendirent le cri étouffé et se regardèrent sans mots dire. Il essaya de communiquer avec le reste de la troupe mais aucuns résultats. Il avait dit à Edouard et aux autres qu'ils se retrouveraient à la salle de contrôle comme prévu. Edouard n'était pas rassuré et à voir la tête des autres, n'ont plus. Il soupira et continua à avancer.

Arrivés à la passerelle, même constat. Portes défoncées, verrouillées, et accès impossible. Le premier groupe les rejoignit, affolés. Ils expliquèrent la situation et demandèrent au roi-commandant de partir au plus vite car ils ne savait pas à quoi ils avaient à faire et ne voulaient pas mourir comme leur compagnon. Le commandant leur dit qu'ils n'allaient pas s'attarder mais qu'il voulait entrer dans la salle de contrôle et vérifier s'il y avait des survivants dans le vaisseau. Tout à coup, un bruit résonna et tout le monde fit silence un instant. Ils œuvrèrent de concert et la porte céda. Ils devaient se dépêcher de rentrer et se mettre en sécurité derrière ces portes. Ils reverrouillèrent les portes et explorèrent le poste de contrôle. Des boutons clignotaient partout. Les communications émises du tableau de bord tournaient en boucle, un hologramme sursautant, parlait sans discontinuée. Des coups de griffes avaient entamés les consoles, inutilisables et bloquant les touches et les programmes. Rien à tirer de tout cela. Le vaisseau était bel et bien vide de vie amicale. Encore un bruit, la bête se rapprochait, il était urgent de partir.

Ils firent une tentative de sortie avec pour stratégie de piéger la créature afin qu'ils puissent rejoindre leur navette. Il fallait un appât. Le roi-commandant enregistra une conversation entre eux et déposa le communicateur portable à un endroit où la résonnance était la plus forte afin que la bête entend les vibrations et se dirige vers celle-ci. Ainsi ils seraient tranquilles de leur côté. Le piège étaient en place. Ils partirent sans faire de bruit et se dirigèrent vers la sortie. Ils entendirent un cri strident et du mouvement derrière eux. Sans se retourner, ils atteignirent la porte de la navette sans encombres. Soudain, au loin une forme bondissante se dessina et le roi-commandant les pressa d'embarquer.

- Plus vite, elle se rapproche, elle a compris que c'était un leurre, allez !!! Cria le roi-commandant.

Il allait passer le sas quand la créature l'agrippa avec ses griffes fourchues. Edouard le tira de toutes ses forces vers lui pendant que les soldats mitraillaient la bête. Une des griffe arracha l'œil du roi-commandant avant de sursauter aux coups de plasmas brûlant et de lâcher prise. Ils fermèrent la porte et traînèrent le corps du commandant dans la navette. Il était inconscient. Ils décrochèrent la capsule et retrouvèrent leur vaisseau. Le commandant en second ordonna de détruire l'engin afin d'éviter une autre mésaventure à quiconque s'approcherait de trop près.

Edouard assista à l'opération du roi-commandant et découvrit une technique nouvelle pour redonner la vue aux aveugles ou remplacer un œil défectueux. Il suivit le roi-commandant dans sa convalescence et nota des résultats incroyables. Il remercia Edouard pour lui avoir sauvé la vie et lui offrit sa liberté en signe de reconnaissance. Edouard était fou de joie à l'idée de retrouver la Terre mais le roi-commandant lui dit qu'elle n'était plus habitable depuis longtemps et qu'il allait le déposer sur la Nouvelle Terre qui était habitée par son peuple depuis cinq ans. Il pouvait utiliser les techniques qu'il avait apprise avec eux pour soigner les personnes mais ne jamais dévoiler d'où elles provenaient. Il acquiesça promettant fidélité et alla annoncer la nouvelle à Maïa. Ce que le roi-commandant ne dit pas c'est qu'il lui avait implanté une puce de contrôle dans le cerveau lors de leur premier contact et au cas où il arriverait qu' Edouard les trahisse, il l'actionnerait et le tuerait. Elle était heureuse pour lui. Elle allait avoir un enfant de son mariage avec l'officier que son père avait choisi, le futur prince/sse héritier. Elle était plutôt contente finalement d'attendre un autre enfant. C'était là toute sa satisfaction, échapper un temps à ce mari brutal grâce à cette grossesse. Néanmoins elle n'oublierait jamais ce qui c'était passé. Edouard était soulagé, il pourrait reprendre sa vie où il l'avait laissée avec plus d'expérience et de sérénité cette fois. La gloire et la fortune étaient à portée de main pour lui. Il pourrait avoir son propre laboratoire et faire ses propres recherches.

Les yeux du passéWhere stories live. Discover now