PatienceS

Chapitre 8

Hazel 

J'ai toujours le chic pour attirer les mystères...

Où suis-je ?

De la lumière. Blanche. Aveuglante.

Puis du brouillard. Ou plutôt de la brume. Légère comme... Rien qui existe vraiment en fait.

Voilà qui était très perturbant.

Où suis-je ?

Cette question résonnait encore et encore, martelant mon crâne. Pourtant, je n'avais pas mal. Je me sentais bien, même. Mieux que je ne l'avais jamais été. Aucune douleur, aucune peur, aucun sentiment négatif... Pourtant, quelque chose me troublait. J'oubliais quelque chose, ou quelqu'un mais... Quoi, ou qui ? Impossible de le dire.

Naturellement, je baissai les yeux et découvris que je portais une robe fluide, faite de brume, presque blanche. Elle bougeait au gré de mes mouvements, semblait être une seconde peau. Mes cheveux blonds chatouillaient mes épaules nues et mes pieds reposaient sur une matière moelleuse très agréable. De plus en plus étonnant...

Que s'était-il passé pour que je me retrouve dans cet environnement inconnu des plus étranges ?

Machinalement, je portai mes mains à mon ventre. Mes pensées tourbillonnaient si vite que j'avais du mal à en comprendre ne serait-ce qu'une seule. J'avançai d'un pas, perplexe et, soudain, une question vitale jaillit de nulle part.

Où était Dylan ?

Un souffle paniqué s'échappa de mes lèvres. Lorenzo. Le sang. Ses yeux bleus débordant de douleur et de larmes contenues...

J'étais morte.

Je m'en souvenais désormais. Ça avait été rapide et plutôt inattendu. Je ne savais pas comment me sentir par rapport à ce constat. De quelle manière appréhender accepter sa propre mort ? Ça n'avait aucun sens et je ne voulais pas plonger dans les méandres de mon inconscient pour découvrir la réponse. Une seule chose importait finalement, peu importe les conséquences : mon geste avait sauvé Dylan. J'espérais simplement qu'il allait bien et que son père n'avait pas eu raison de lui. Mais, je me disais que, s'il était mort lui aussi, il serait sans doute avec moi. Ici, dans cet endroit absolument déroutant.

- Hazel !

Je sursautai, ne m'attendant pas à entendre mon prénom retentir. Cette voix... Je la connaissais. Elle avait bercé toute mon enfance. Je fis quelques pas en direction de cette voix et mes mouvements chassèrent la brume, comme par magie. Là, j'eus tout juste le temps d'apercevoir une fillette d'une dizaine d'année, aussi blonde que moi, engoncée dans une robe de princesse, avant qu'elle ne se jette sur moi.

- Je suis si heureuse de te revoir, en vrai ! s'exclama-t-elle tandis que je la serrais contre moi.

- Perle ! Mais... Qu'est-ce que... ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu vas bien ?

- Relax, Haz' ! Je me porte à merveille, normale je suis morte, tu le sais bien.

Bien sûr que je le savais. Ma petite sœur, Perle était décédée il y avait des années de cela, lorsque je n'étais encore qu'une jeune adolescente. Et ça avait été le début de la fin de notre famille. J'avais perdu ma petite sœur, dans un terrible accident et mes parents par la même occasion, qui n'avaient pas supporté cette tragédie et étaient devenus... Eux. Sans chercher à comprendre ni à ressasser la peine qui m'étreignait à l'idée que je sois en compagnie de ma défunte sœur, je la serrai à nouveau contre moi avant de m'écarter pour pouvoir la contempler. Un long carré blond, une adorable frange et le visage portant encore les rondeurs de l'enfance... Perle était identique à l'enfant de neuf ans de mes souvenirs. Nous nous ressemblions pas mal en dehors du fait qu'elle avait les yeux strictement bleus.