PatienceS

Chapitre 15

DYLAN

L'heure de la vengeance avait sonné...

J'arrachai un morceau de chair et le balançai dans les airs. Le hurlement qui s'en suivit me combla de plaisir. Enfin, quelqu'un souffrait comme je souffrais. Un ennemi, qui plus est. C'était mérité. Ce n'était que justice.

Le goût du sang envahit ma bouche, se diffusa sur ma langue et jusqu'à mon palais. Un vrai délice. Je m'ébrouai et envoyai valser un autre loup par la même occasion. J'étais arrivé dans la meute de mon père comme un foutu cheveu sur la soupe. Personne ne s'en doutait et j'avais profité de l'effet de surprise pour faire la peau à toutes les ordures que j'avais trouvées. J'avais tué des étrangers, des loups que je connaissais, peut-être des innocents... Un peu de tout. Je n'en avais rien à foutre. Ils méritaient tous la mort. Basta.

Et puis, si ça pouvait faire sortir mon très cher géniteur de sa tanière, alors je n'allais pas me priver. Qu'importe combien de vies je prendrais.

- Dylan !

Un grondement m'échappa. Je n'étais plus moi-même. Je ne voulais que tuer et détruire. Pourtant, je fis l'effort considérable de me retourner en direction de la voix. Je reconnus cet homme. Âgé, les épaules voûtées et le regard lourd de regrets... Simon et ses cheveux grisonnants avait été un soutien sans faille durant mon enfance. C'était aussi le bras droit de mon connard de père. Il tentait de le raisonner, d'annihiler ses lubies et s'était interposé à bien des reprises lorsque mon père levait la main sur moi, petit. Mais ses efforts n'avaient pas été concluants, visiblement. Lorenzo Connor était devenu un monstre et son bras droit son complice.

Je franchis la distance qui me séparait de cet homme qui m'était désormais inconnu et que je méprisais. J'aurais préféré qu'il soit mon père. Qu'il soit un alpha puissant. Qu'il porte ses couilles et assassine Lorenzo dans son sommeil. Mais non. Il était un fidèle bêta, un bon toutou. Comment avait-il pu laisser mon géniteur devenir un tel homme ? Comment avait-il pu participer à cette guerre entre espèces qui ne nous concernait pas ? Tout simplement, pour résumer, comment avait-il pu n'être qu'un lâche ?

- Tu ne peux pas comprendre, souffla-t-il comme s'il lisait l'intégralité de ma haine dans mes prunelles.

Ça oui, je ne comprenais pas. Et je ne comprendrais jamais comment un homme qui avait le pouvoir de sauver des vies était resté autant d'années en retrait. Je l'avais à peine pendant la bataille. J'étais trop occupé à faire face à mon père, à protéger Hazel et à la perdre. Mais il était là. En bon chien de mon père, à créer la discorde, tuer et blesser. C'était tout autant sa faute que celle de tous les autres si mes proches étaient morts.

- Reprends tes esprits, Dylan. Tu n'es plus toi-même.

Sans déconner. Il avait trouvé ça tout seul ? Son ordre m'hérissait l'échine. Il osait m'adresser la parole et me demander de l'épargner ? Parce que c'était bien de ça dont il était question. Il avait peur de ma rage incontrôlable. Honnêtement, il avait raison d'avoir peur. Sans plus attendre, je bondis sur lui et plantai mes crocs dans son épaule. Je sentis les os se briser entre ma mâchoire et ce son sonna comme une douce musique à mes oreilles. J'aurais pu passer la journée entière à mordre, broyer, arracher, tuer.

Un choc soudain me fit lâcher mon gibier. Je roulai dans l'herbe avant de m'encastrer dans le mur d'une des maisons du village dégueulasse de mon géniteur. Sans attendre, je bondis sur mes pattes, juste à temps pour voir une masse sombre me foncer dessus. Je me déplaçai légèrement sur la droite pour que la louve se prenne le mur à son tour. Elle ne s'attendait pas à ça. Elle glapit de douleur, n'ayant pas pu freiner, et j'en profitai pour me jeter sur elle. Elle se battait bien, mais ça ne suffirait pas. Je la mis à terre en moins de trente secondes et lui assénai un coup de patte magistral qui l'assomma sur le champ. J'aurais pu mettre un terme à sa misérable vie. J'aurais dû même. Mais une part de moi me rattachait encore à la réalité.