Chapitre 17

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Camille


La folie serait-elle contagieuse ?

Quelle journée... J'étais éreinté. La course dans les bois, la bataille enragée avec la meute de Lorenzo, les conséquences qui en avaient découlé, et maintenant le retour à la maison... Franchement, je n'aspirais qu'à retrouver mon lit. Mais ça devrait attendre.

Dans le van de retour, l'ambiance était plus que tendue. Zoé s'était battue avec acharnement et nous avait à tous prouvé qu'elle faisait partie des nôtres. Je ne connaissais pas toute son histoire. Je savais seulement qu'elle était tombée amoureuse d'un membre de la meute de Connor et qu'elle avait été forcée de quitter sa jumelle, Chloé, pour filer le parfait amour. Au vu des récents événements, ça n'avait pas dû très bien se passer. Je soupçonnais ledit amoureux d'avoir manipulé Zoé et de l'avoir maltraitée à de nombreuses reprises, jusqu'à ce qu'elle soit trop soumise et exténuée psychologiquement pour rétorquer. Retrouver sa sœur avait dû lui donner le déclic et la force de tout quitter. En tout cas, elle avait retrouvé la force de mettre une bonne raclée à ses anciens bourreaux. Plongée dans ses pensées, les traits tirés, elle était muette comme une carpe. Ça devait faire beaucoup à encaisser.

Maya et Kalya ne parlaient pas non plus. Elles jetaient parfois des petits coups d'œil nerveux à Dylan. Il semblait avoir recouvré la maîtrise de lui-même mais ce qu'il s'était passé sur le champ de bataille... Ça ne s'oubliait pas. J'avais moi-même été choqué de voir mon ami dans un tel état de violence. Si Axel n'avait pas été là pour le calmer... Aurait-il décimé toute la meute, enfants et innocents compris ? Je préférais ne pas avoir la réponse. Nous étions tous sous le choc. Même Axel ne chantonnait pas et ses vampires étaient extrêmement nerveux. Ils nous avaient tous bien aidés. Sans eux, nous ne serions pas sortis victorieux.

Je frissonnai en sentant la main d'Axel se refermer sur la mienne. Je l'interrogeai du regard, sachant qu'il n'était pas très démonstratif en public mais il fit comme si de rien n'était. Je me laissai aller à cette étreinte, réconforté par son contact. Il avait beau être chiant, égocentrique, égoïste, narcissique, insupportable, à toujours tout prendre à la légère, j'étais heureux de l'avoir dans ma vie. Et dans mon lit.

- Vous êtes misérables.

Axel leva les yeux au ciel. Il avait la fâcheuse tendance de s'agacer rapidement. Heureusement, ma patience compensait. Je pressai sa main pour l'inciter à conserver son calme. Répondre aux attaques de Lorenzo ne nous apporterait rien. Je n'arrivais toujours pas à croire que Dylan l'ait épargné. Il avait tué bien des loups aujourd'hui, ce qu'il porterait sans doute à tout jamais sur la conscience mais son propre père ? J'avais du mal à le suivre. Il avait fait des centaines de kilomètres pour accomplir sa vengeance basée sur une haine viscérale et nous repartions comme si de rien n'était, Lorenzo sur la plage arrière. J'essayais de comprendre. Vraiment. J'avais toujours eu des facilités à me mettre à la place des autres. À être compatissant. Bienveillant. Mais là...

Je ne savais plus qui était cet homme en face de moi. Où était passé le Dylan que nous connaissions ? Visage fermé, poings serrés, regard perdu au loin... J'avais cru pouvoir le sauver. J'étais LE positiviste du groupe. Néanmoins, je perdais espoir. Forcé d'obéir aux autres d'un bêta en perdition, je me sentais aussi frustré qu'énervé, ce qui était une première pour moi.

- Une bande de faibles, voilà ce que vous êtes. Incapables d'assumer vos actes.

Je vis la paupière d'Ornella tiquer. Elle se contenait. Clément et Bruce se fichaient pas mal de ce qui sortait de la bouche de Lorenzo mais la rouquine détestait être piquée dans sa fierté. Je devais l'admettre : les vampires d'Axel faisaient beaucoup d'efforts. Je ne comprendrais sans doute jamais les liens qui les unissaient. Ils étaient aussi proches que distants, solitaires et unis à la fois. Mais ils s'aimaient, cela sautait aux yeux. Ils étaient toujours là les uns pour les autres et, même s'ils ne me portaient pas dans leur cœur car j'étais un loup-garou, ils acceptaient notre relation autant que possible. Comme quoi, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

PatienceSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant