Chapitre 100 - Liv

Depuis le début
                                    

Rien de penser à ce mot fait palpiter mon cœur. Vous vous rendez compte? A mon âge, devenir grand-mère? Prenez votre temps les enfants... J'ai l'impression que c'était hier à peine que Mia faisait ses premiers pas et là, mon fils est sur le point d'avoir un bébé? J'ai tellement hâte. Même si cet événement m'envieillit.

C'est en entrant sur le terrain que j'entends ma famille et mes amis acclamer l'équipe. Hugo me donne un tape sur les fesses et j'éclate de rire l'espace d'un instant avant de courir derrière lui pour lui rendre la pareille. La mi-temps est sur le point de se terminer, le match va bientôt reprendre et je ne suis franchement pas emballée. Si tous les gars ne m'avaient pas reboostée, je crois que j'aurais demandé à ce qu'on me remplace à ma rentrée du stade. J'ai fait une première partie de merde. J'ai été à chié. Je le sais car je n'arrive pas à rentrer dans le match à cause de mes nombreuses angoisses qu'ont réussi à réduire mes coéquipiers pendant notre briefing. 

Mon ego a été grandement multiplié après avoir reçu énormément de compliments dans les vestiaires. L'équipe et le staff croit en moi et je dois leur prouver que je suis capable de jouer au rugby face à des hommes. Je ne dois plus reculer lorsqu'ils avancent à grande vitesse, ni les regarder s'approcher de notre en-but avec passivité. Je dois être une guerrière et ne pas avoir peur de leur mettre une raclée. Me blesser doit être le dernier de mes soucis si je veux être offensive. 

Avant le coup d'envoi, nous formons un cercle en nous prenant par les épaules. Thibault est celui qui prend la parole. Ils ont tous pris l'initiative de me changer de poste afin que je sois à l'aile, plus proche de la ligne de touche. Normalement, à ce poste, je devrais avoir à moins plaquer, sauf en cas de replis défensif, où je serais une des mieux placée pour éviter l'essai adverse. 

Je souffle un coup et écoute les dernières paroles du mari de ma meilleure amie. Il s'exprime clairement, comme s'il n'avait jamais arrête de le faire pendant de longues années. Hugo glisse sa main le long de mon dos et serre mon maillot dans son poing pour me montrer qu'il est toujours là. Je pince mes lèvres, ferme les yeux et hurle notre cri à l'unisson avec mes coéquipiers au moment de nous séparer pour rejoindre nos postes respectifs. 

L'équipe adverse a l'honneur de remettre en jeu le ballon. Sans le lâcher des yeux, nous nous précipitons tous dessus pour le récupérer. Comme nous l'avions prévu avant d'entamer cette deuxième période, c'est Bastien qui est soulevé par deux autres de l'équipe pour l'attraper pendant son vol. A partir de ce moment-là, je me replace et tâche de ne pas refaire ma merdique. 

Les passes s'enchainent, les balles se perdent et se récupèrent, je me fais plaquer quelques fois. Je suis à fond tout au long de mon jeu. Je dois garder un bon souvenir de cette journée, et pour que ça soit le cas, il faut que je donne mon maximum et que je mette toutes mes insécurités de côté. 

Les minutes s'écoulent, quelques pénalités passent entre les poteaux, Thibault tente même un drop qu'il manque en percutant la barre verticale droite. Nous sommes menés de deux points, mais ça joue tellement intensément des deux côtés que je ne me fais pas de soucis sur notre prochaine remontée au score. 

Le public scande nos noms sous cette chaleur écrasante de fin août. Il ne reste plus qu'une dizaine de minutes et je n'ai jamais été aussi fière de terminer un match qu'aujourd'hui. En touche, c'est moi qui suis à la réception, et je n'en ai pas loupé un seul depuis le début, même lorsque c'était l'équipe adverse qui avait le lancer. 

C'est Bastien qui bénéficie d'un renvoie rapide à cause d'une faute adversaire. Il utilise l'avantage en faisant la passe à Hugo qui évite de justesse le poids lourd en face de lui. A chaque fois, mes yeux se ferment d'eux-mêmes pour ne pas être témoin de sa chute. On me hurle de me replacer et je me ressaisis rapidement. Il n'y a pas plus con que de fermer les yeux en plein milieu d'un match, Liv...

I love the way you love meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant