TOME II : PARTIE. 36

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Bien que fatiguée, elle n’avait guère le droit d’y penser et surtout  pas de le dire à haute voix. Pour la première fois une autre que sa mère qui la voyait nue en débarquant dans sa chambre sans toquer, une autre femme de sa famille faisait face à sa nudité. Comme le voulait la tradition, la sœur de son père s’était enfermée avec elle dans les toilettes pour la laver en attendant  de procéder au bain rituel.

Nue comme un vers de terre, une nouvelle bassine d’eau froide à côté d’elles, Ndèye Isseu fit d’abord prendre à sa nièce un bain purificateur avant de la laver comme un enfant. Amina se laissa faire impatiente d’en finir jusqu’à ce qu’elle voit sa tante brandir une lame de rasoir.

_ Ah mougui beugeu eup nak lame set thii sangou dong (ça commence à déraper une lame de rasoir pour juste un bain) S’exclama Néné Gallé

_ Ah dome faw ma wate la té gua nopi thii douche la niou né (Ah ma fille il faut que je te rase. Et tais-toi nous sommes dans des toilettes)

Amina éclata de rires.

_ Yow nak say beut néhoul Badiène dagua guiss loy wate fii. Houffe na lepp demb bima paré mo yague. Guissal guena set ndel guena lisse néne (Ta vision est mauvaise tante. As-tu vu des poils ? J’ai tout enlevé depuis hier. Je suis prête depuis fort longtemps. Regarde aussi propre qu’une boule à zéro et aussi lisse qu’un œuf) Renchérit madame Sy

Ndèye Isseu crut halluciner. C’était la première fois qu’elle voyait une telle mariée. Contrairement à ses sœurs et la plupart de ses semblables qui étaient stressées pour leur nuit de noce ou encore honteuses d’être nue face à leur tante ou toiletteuse, ce n’était point le cas pour la cadette de son frère.

_ Aka barbare lame set nak mbétté moyen âge té crème épilatoire yi nekk fii. (Très barbare une lame de rasoir on dirait le moyen âge alors qu’il existe des crèmes épilatoires) Ajouta encore Néné Gallé d’un ton taquin.

Silencieuse, troublée sa tante se hâta de terminer pour l’enrouler dans un pagne en malikane et la faire sortir. Puis elle l’amena dans la chambre de sa mère afin de la remettre à sa tante maternelle pour le muggi Diombadio (tressage de la mariée)……………

Dehors assis sous l’une des tentes, les voisins épiaient les moindres faits et gestes de la famille Fall. Pour se garantir une place dans le minibus, certains d’entre eux n’avaient pas hésité à aller s’assoir la dedans. Homme comme femme, tous voulaient accompagner la mariée dans sa nouvelle demeure.

Soudainement des phares lumineux se braquèrent sur ceux avant que quatre voitures 4X4 ne viennent stationner à quelques pas des tentes. Dans le premier descendit deux hommes murs en compagnie d’un autre jeune homme. De la seconde voiture s’extirpa une femme de très petite taille très fine nichée dans un kimono en soie en compagnie d’Abibatou Sy et d’une autre jeune fille. David sortit du troisième véhicule tandis que Bassirou Thiam et son cousin John Cena émergèrent de la dernière voiture. Abdel Assane à la tête de la délégation, ils saluèrent chaleureusement ces personnes qui les déshabillaient du regard avant de pénétrer chez les Fall.

Une grande calebasse d’eau puisée au puits du quartier, un mortier au milieu de la cour, Gagne Siri assistait les vieilles dames en vue de la cérémonie nuptiale. Ce rituel puisait ses sources dans des traditions ancestrales et enrichissait le mariage tout en lui conférant un cachet particulier selon la croyance populaire. Ce qui fait qu’aujourd’hui, malgré la menace de la modernité, cette particularité et cette authenticité restent conservées et perpétuées de génération en génération.

_ Soyez les bienvenus ! Courut-elle accueillir les invités pour les introduire directement au salon.

Pendant les présentations et salamalecs, l’amie de Kal’s ne faisait que regarder l’homme en tenue kaki. Plus elle l’observait plus cette personne lui rappelait quelqu’un dans leur jeunesse. 

REBELLE Where stories live. Discover now