Arabella

Chapitre onzième

Les jumeaux et Bella étaient tous les trois assis sur la banquette en cuir du café dans lequel leur père leur avait donné rendez-vous. Il était presque treize heure, mais la rouquine avait bien trop mal au ventre pour avaler quoique ce soit. Cet horrible nœud qu'elle avait à l'estomac lui donnait la nausée, elle avait les mains moites et sa gorge était sèche.

Charles fixait ses mains posées devant lui sur la table tandis qu'Isaac scrutait la rue à travers la fenêtre depuis une bonne trentaine de minutes. Bella quand à elle, tentait avec tant de bien que de mal à gérer son stress en s'en prenant au cuir de la banquette qui était déjà déchiré mais dont elle n'améliorait pas l'état avec ses ongles.

L'adolescente avait pour défaut de stresser bien trop vite parfois pour presque rien. Elle n'avait jamais supporté de parler devant sa classe par exemple, et il était difficile pour elle de contrôler sa voix qui tremblait pendant qu'elle parlait. Aussi avait-elle énormément de mal à s'adresser aux gens qu'elle ne connaissait pas et suite à la panique qui s'emparait d'elle, elle se mettait à faire des phrases qui n'avaient presque plus le moindre sens.

Zac la mettait particulièrement sous pression, également, et elle n'avait jamais vraiment compris pourquoi. Le personnage en lui même la mettait mal à l'aise. Il était intimidant, c'était un fait, que ce soit à cause de son attitude de rebelle égocentrique ou des marques qu'il avait toujours sur le visage.

_ « Il viendra pas, lâcha Isaac sans pour autant détourner son regard de l'extérieur du café.

_ Il a sûrement une raison... répondit Charles qui essayait de se convaincre lui même.

_ Ou alors ils avaient tous raison, et c'est un connard.

_ Y a peut-être du monde sur la route, insista l'ainé.

_ N'importe quoi, y a pas trente-six hôtels à Cooperstown, même à pied il lui faudrait à peine un quart d'heure pour arriver ici.

Bella n'était pas vraiment surprise du retard de son père. Elle ne serait même pas étonnée qu'il ne vienne pas du tout. D'ailleurs elle commençait même à se demander si il n'était pas en train de délirer lorsqu'il l'avait appelée, que la vérité était qu'il se trouvait à Talkeetna à l'heure qu'il était et qu'il ne se souvenait même pas avoir contactée sa fille la veille.

_ J'en ai marre, j'retourne au lycée, je perds mon temps, souffla Isaac en se levant.

Charles se leva à son tour et enfila son manteau tandis que Isaac était déjà sorti du café en colère et probablement peiné.

_ Tu viens ? Demanda Charles à l'adolescente.

_ Je vais manger ici, je retournerai au lycée à pieds.

_ Bella, il va pas venir...

_ Je sais.

Charles haussa les épaules, adressa un sourire censé exprimé son soutien envers sa jeune sœur puis sorti du petit restaurant à son tour.

_ Je sais... » répéta la rouquine en soufflant.

☺☺☺

Le reste de la journée fut un véritable calvaire pour Bella. Elle ne pouvait s'empêcher de revivre dans sa tête le moment où son père l'avait appelée. Deux ans d'absence totale, un coup de fil, et rien.

Elle avait appris à vivre sans présence paternel, mais le simple fait qu'il se soit fichu d'elle et de ses frères suffisait à la mettre hors d'elle. Elle se demandait pour qui il se prenait. Elle se demandait aussi pourquoi il agissait ainsi. Ce qu'elle avait bien pu faire pour mériter ça.