Chapitre 4

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Après avoir quitté le détective, Kokichi était retourné sur ses pas, se plaçant devant la porte de la chambre du camarade à qui il avait tenu compagnie plus tôt. Personne n'était dans les alentours mais en réalité le despote n’était pas sûr de si l’autre allait ramener le livre dans sa chambre afin de le lire là-bas. Si ça arrivait, le despote risquait d’être découvert un peu rapidement. Réfléchissant, il décida de tourner les talons encore une fois pour se diriger à son tour vers la bibliothèque. Il devait trouver un moyen de s’assurer que le détective allait rester là-bas.

En chemin, il croisa Kirumi, qui le questionna sur ce qu’il faisait.

- Rien, je voulais juste aller voir Saihara ! Je devais lui demander quelque chose, répondit-il simplement. Oh, si tu es restée là tu as dû le voir passer, non ?

- Saihara ? Oui, effectivement, je l’ai vu, expliqua-t-elle. Mais Momota est venu à sa rencontre et l’a emmené avec lui.

- Ooh, où ça ? demanda le despote, voulant s’assurer que le détective allait rester avec l’autre jusqu’au moins le repas.

- Je ne suis pas sûre, répondit la gouvernante. Je crois qu’ils ont parlé de s’entraîner jusqu’au repas ou quelque chose comme ça. D’ailleurs, Momota m’a demandé de doubler leurs portions en m’apercevant. Je devrais peut-être commencer dès maintenant à faire leur repas.

- Okay, merci de l’info maman ! déclara Kokichi avec un sourire.

Quel timing incroyable, l’astronaute était plutôt utile sur ce coup là.

- Ils sont partis par là-bas, si jamais cela peut t’aider, déclara la jeune fille en pointant du doigt une direction.

- Nan c’est bon, je vais les laisser pour l'instant.

- Veux-tu que je transmette ta question à Saihara ?

- Nah, merci ! Ça peut attendre. Merci de ton aide ! déclara le despote en tournant de nouveau les talons.

Eh bien, on dirait que la chance était de son côté. Shûichi allait donc rester avec Momota pour s’entraîner pendant les deux prochaines heures. Mais s’entraîner pour quoi, déjà ?
Le despote s’arrêta dans sa marche. Peut-être que c’était quelque chose où ils auraient besoin de leur chambre. Kokichi réfléchit un instant. En dernier recours, il pourrait inventer quelque chose, mais cela voudrait sûrement dire baisser dans l’estime des deux garçons.
Mais peut-être que l’occasion ne se représentera plus jamais ! Non, à vrai dire Shûichi ne semblait pas être le type de personne à passer ses journées enfermé dans sa chambre. Cependant, à ce moment Kokichi n’aurait jamais la certitude de s’il aurait assez de temps pour fouiller sa chambre.

En penchant la tête sur le côté, celui en blanc réalisa qu’il se trouvait déjà devant la porte de la chambre de celui aux cheveux bleus. Hésitant quelques secondes, le despote regarda de nouveau autour de lui. Personne. Devait-il entrer ?





Oh et puis zut !
Le despote commença à chercher dans sa poche arrière ses épingles quand une voix le surpris.

- Hm ? Ôma ?

Le despote se retourna, surpris, bondissant sur le côté dans une tentative de se protéger.

- Désolé ! Gonta t’a fait peur ? Ce n’était pas dans son intention ! s’excusa l’entomologiste.

Le plus petit dévisagea l’autre pendant un instant. Il ne l’avait pas vu venir ! Il lui avait fait peur !

- Bon sang Gonta ! Tu m’as fait peur !

- Gonta est vraiment désolé !

- Comment tu as fait pour te rapprocher autant de moi sans que je ne m’en rende compte ? Ça m’a vraiment surpris ! amplifia le despote, cependant réellement surpris de la discrétion de l’autre malgré sa grande taille.

- Eh bien… Gonta est un homme plutôt grand et assez corpulent mais il se doit d’être aussi discret que possible pour ne pas effrayer ses amis les insectes parfois !

Le despote resta silencieux un instant. Il ne pensait pas que quelqu’un comme Gonta était capable d’autant de discrétion.

- Waaaaaah, ne refais plus jamais ça ! hurla Kokichi en simulant des larmes. J’ai eu peeeeur ! Tu es méchaaaaant !

- Ah Ôma, ne pleure pas ! paniqua le plus grand, ne sachant pas quoi faire. Gonta n’a pas fait exprès !

- J’ai cru que mon heure était arrivée, haaaa ! J’ai cru qu’on allait me tuer alors que j’avais le dos tournééé ! Tu es méchant de m’avoir fait aussi peur ! renchérit le despote en continuant de verser de fausses larmes.

Il ne pouvait pas dire que le talent du géant n’était pas une menace. Même s’il ne pensait pas que l’autre était assez crédule pour commettre un meurtre, il ne pouvait pas ignorer le fait que ça pourrait lui nuire.

- Ne refais plus jamais çaaaaa ! continua le despote dans sa comédie.

- D’accord, Gonta le promet ! Gonta promet qu’il ne refera plus jamais peur à Ôma comme ça ! Il fera en sorte qu’Ôma l’entende arriver de très loin !

- Ok, maintenant que tu as promis ça, ça va mieux, déclara calmement le despote en essuyant ses joues.

- Gonta est vraiment désolé ! Il ne recommencera plus ! continua de s’excuser l’autre.

- Ok, cool !

Malgré son apparence et sa corpulence omniprésente, au final Gonta était beaucoup trop facile à manipuler. Il fallait vraiment faire attention avec lui.

- Tu n’en veux pas à Gonta ? demanda-t-il, inquiet.

- Tant que tu promets de ne jamais refaire ça ! répondit Kokichi avec un grand sourire tout en croisant ses mains derrière sa tête.

- Gonta le promet ! Un vrai gentleman tient toujours ses promesses !

- C’est bien Gonta, c’est bien.

- Qu’est-ce qu’Ôma faisait devant la porte de Saihara avant que Gonta n’arrive ?

- Ce que je faisais ? Eh bien je… le despote prit une pause avant de relever le regard vers l’autre avec une expression énervée. Bon sang, Gonta ! Je voulais parler avec Saihara au calme et voilà que maintenant tu débarques et me fiches une frayeur pareille ! Tu es vraiment inutile !

- Aaaah, Gonta est désolé ! s’excusa immédiatement le garçon.

- Bon sang ! Tu devrais juste disposer maintenant ! ordonna presque le despote tout en se retournant vers la porte de la chambre du détective.

- Compris ! Gonta est vraiment désolé des soucis qu’il a causés à Ôma ! déclara le futur gentleman en se détournant du despote pour partir.

Kokichi ne répondit rien, toquant à la porte afin de paraitre crédible aux yeux de l’autre mais également pour s’assurer une dernière fois que personne n’était à l’intérieur. Après avoir compté jusqu’à trente dans sa tête pour laisser du temps à celui aux cheveux verts de partir, le despote prit ensuite les épingles dans sa poche arrière et commença son travail sur la serrure.
Entendant le bruit définissant sa réussite en tant que serrurier, le despote se dépêcha de rentrer à l’intérieur de la chambre et de regarder tout autour. Comme dans la chambre de Rantarô, rien ne semblait suspect et tout semblait rangé, comme si le détective n’avait jamais touché à autre chose que son lit.
S’avançant dans la salle, le despote commença par chercher sous le lit. Cachette classique mais souvent peu utilisée. Voyant qu’il n’y avait rien, il entreprit de vérifier sous le matelas après avoir vérifié couvertures et coussins. Ne trouvant rien, il se dirigea vers le tiroir du bureau.
Ici aussi il ne semblait rien y avoir. Se dirigeant ensuite vers le placard, le despote tâta chacune des tenues du détective afin de s’assurer que rien ne se trouvait à l’intérieur. Baissant son regard, le despote tomba sur le compartiment où les sous-vêtements du détective devrait être rangés, s’il se fiait au rangement de sa chambre et celle de Rantarô.
Avec un sourire sur le visage, il se demanda quel sorte de dessous le détective pouvait bien porter tout en ouvrant le tiroir les contenant.
En en extirpant un, le despote sourit narquoisement.

"Heh, juste comme je le pensais. Si prévisible." pensa-t-il tout en enlevant tous les autres afin de vérifier que rien d’autre ne se trouvait dedans.

Se redressant, le despote parcourra ensuite le reste de la salle en suivant le même schéma que ce qu’il avait fait dans la chambre de celui aux cheveux verts.
Ayant fini avec la pièce principale le despote jeta un coup d’œil à l’horloge pour savoir s’il lui restait encore du temps pour la salle de bain.
Voyant la pendule afficher 19h32, le despote réfléchit. Celui lui donnait encore trente minutes pour fouiller la salle de bain, ce qui suffisait tout juste le temps dont il avait besoin. Cependant, il ne pouvait pas prendre trop de risque. Peut-être qu’il mettrait plus de temps à fouiller ou que les personnes restées dans leurs chambres commenceraient à sortir pour dîner, le coinçant ici. Oui, s’il attendait trop jusqu’à l’heure du dîner, il y aurait trop de gens aux alentours du dortoir, il devrait probablement sortir maintenant. De plus, il ne pouvait pas ignorer la possibilité que Shûichi revienne plus tôt pour possiblement se préparer ou autre. Il ne pouvait pas rester trop longtemps ici.

Soupirant, le despote s’étira avant de vérifier une dernière fois que tout était à la même place que quand il était entré, partant ensuite vers la porte et se pencher vers celle-ci pour essayer d’entendre si quelqu’un était là. Après quelques secondes, le violet entrouvrit doucement la porte, regardant à droite et à gauche. Ne voyant personne, il se faufila vite entre l’espace de la porte et le mur avant de placer de nouveau ses épingles dans la serrure pour la verrouiller, comme si de rien n'était.
Après s’être assuré que la porte était bien fermée, le despote regarda autour de lui avant de se diriger dans sa chambre. Il n’avait rien trouvé qui sortait de l’ordinaire dans la chambre du détective. Peut-être n’avait-il lui non plus trouvé aucun indice ? Mais Kokichi n’avait rien trouvé non plus dans la chambre de Rantarô, alors comment diable ce-dernier avait-il pu comprendre quoique ce soit sur la vérité de cette école ?

Si ni Kokichi lui-même et ni Shûichi n’avait trouvé quelque chose, comment est-ce que le défunt avait pu ? En gonflant la joue, le despote inséra sa clé dans sa serrure, entrant par la suite dans sa chambre après l’avoir verrouillée. Partant s’allonger dans son lit, il réfléchit.
Il devrait sans doute fouiller les chambres de tout le monde pour récolter le plus d’indices possible. Il devait juste le faire le plus vite possible, mais comment ? Devait-il attendre qu'une occasion se présente pour chacun d’eux ? Cela pourrait prendre du temps. Entre ceux qui revenaient dans leur chambre à des intervalles aléatoires et ceux qui y restaient la plupart du temps, ça allait être compliqué. Soupirant, le despote ramena son bras à sa poitrine, fermant les yeux.

Il devait absolument trouver cet instigateur, pour pouvoir l’arrêter et sortir d’ici. Ce fou… Cette ordure ! Elle avait forcé Kaede à tuer quelqu’un ! Deux personnes étaient mortes par sa faute ! Et Kokichi ne pouvait pas supporter l’idée de n’avoir rien fait pour les sauver. Merde enfin ! Comment peut-on apprécier jouer avec la vie d’êtres humains ? Cette personne n’avait-elle pas de cœur ? Ça rendait le despote fou de rage.

Il ne comprenait pas. Il n’arrivait juste pas à comprendre.

Agrippant son coussin pour le jeter contre le mur, le despote se crispa sur lui-même, serrant les dents. Qu’est-ce que ça l’énervait ! Ce sentiment d’avoir été inutile… Ce sentiment d’être inutile. Ça le mettait en rogne. Il ne laisserait plus personne mourir pour le plaisir personnel du monstre derrière tout ça. Il ne laisserait pas ce foutu instigateur avoir ce qu’il veut ! Il le jurait, il mettrait fin à ce stupide jeu, et ce, par tous les moyens possibles. Il sera celui qui gagnera.

Les sourcils froncés, le despote se laissa tomber en arrière, soupirant. Se montrer trop émotif ne servirait à rien. Il faut être calme pour réfléchir comme il faut, n’est-ce pas ? Tout allait bien. Il saurait quoi faire. Oui, il le fera. Il pouvait le faire. Il savait qu’il pouvait le faire. Il réussira. À coups sûrs. Donc tout allait bien. Tout allait bien. Il en était capable.

Il en était capable ?
Bien sûr qu’il en était capable.

Il croyait en lui. Plus que ça, il croyait en ses capacités de menteur. Il savait qu'il pouvait duper qui que ce soit. Il le savait. Et il allait le faire. Sans remords. Oui, exactement, il allait le faire. Il allait le faire !

Claquant ses joues avec ses deux mains, Kokichi se concentra de nouveau, se relevant pour marcher un peu partout dans sa chambre sans suivre un certain itinéraire. Relevant son foulard jusqu’à son nez, le despote ramena également sa main à son menton, réfléchissant.
Sans savoir l’identité de cet instigateur, il ne pouvait rien faire. Et encore, ce n’était même pas sûr qu’il y ait un instigateur parmi eux. Bien sûr, cela n’aurait pas de sens qu’ils ne fassent que s’entre-tuer sans que personne ne les regarde ! Il n’y avait pas de caméras dans l’académie, alors quel intérêt y avait-il à ce qu’ils se tuent ? Il y avait forcément quelqu’un pour les regarder.
Avec toutes ces preuves, il était certain à 80% qu’il y avait quelqu’un parmi eux. Mais le problème restait tout de même Monokuma. Comment pouvait-il fonctionner ? Pendant le procès, il agissait de lui-même, personne dans la salle ne le contrôlait, il en était certain. Alors comment pouvait-il agir ? Il était juste impossible que ça soit une IA si développée ! Ça se saurait si nous pouvions faire des choses aussi compliquée. Quelqu’un devait forcément le contrôler. Mais cela signifiait donc que cette personne ne faisait pas partie des élèves emprisonnés ici… Mais pourtant… Monokuma apparaissait toujours au bon -ou mauvais- moment, comment faisait-il ? Il n’y avait pas de caméras ici, mais pourtant… Cela devait donc dire que quelqu’un, ou quelque chose les surveillait et disait à Monokuma de venir ! Mais qui ?

Retenant un cri de frustration, Kokichi secoua sa tête, la tenant entre ses mains, essayant de remettre en ordre ses pensées. Bon sang, il y avait trop d’incohérences ! Il ne comprenait vraiment pas.
Non, attendez… Il existait bien une IA très développée, beaucoup trop développée, qui serait capable de tout ça.

- Ki-bo, bien sûr ! Mais pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ? s’exclama le despote tout en relevant la tête.

Peut-être que ce n’était pas le robot lui-même, mais peut-être que quelqu’un avait réussi à voler ou copier son programme, l’a modifié et inséré dans Monokuma… Ou peut-être même que Ki-bo n’avait pas conscience que quelqu’un regardait à travers ses yeux pour contrôler Monokuma… Soupirant de résignation, le despote se frotta la nuque, retirant son foulard tout en se dirigeant vers la salle de bain.

Ouvrant l’eau du robinet, il laissa l’eau s’accumuler entre ses deux mains avant de les ramener à son visage qu’il avait l’impression de sentir en feu. Réitérant son action encore une ou deux fois, Kokichi tendit ensuite la main vers une serviette, épongeant son visage trempé.
Soupirant en reculant sa tête, le despote regarda dans le miroir son visage.

Posant négligemment ce qu’il avait dans les mains, il resta quelques secondes silencieux avant de sourire.

- Pfiou, ça fait du bien un peu de fraîcheur ! Qu’est-ce que c’est dur d’être intelligent, nishishi~ rit le despote en se retournant.

Attrapant le foulard qu'il avait posé sur le canapé, le despote regarda l’heure. Attachant le tissu autour de son cou, il sourit en voyant qu’il était déjà l’heure du repas.
Parfait, c’était l'heure de l’interrogatoire.

You're my reason to die. [Saiouma]Where stories live. Discover now