Chapitre 27 : Anaële

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J'étais allongée sur mon lit, les mains derrière la tête, fixant le plafond lorsqu'une idée me traversa l'esprit. Elle n'était pas spécialement bonne mais le fait de savoir que l'objet de mes tourments ne se trouvait qu'à quelques mètres de moi me rendait dingue. Puis cette option était largement préférable à celle d'aller toquer à sa porte. Je me redressai alors et attrapai mon ordinateur portable que j'avais jeté à côté de moi après la vaine tentative du film. Fébrile, j'écrivis "Karla Johns" dans la barre de recherche. En quelques secondes, je m'étais perdue parmi des milliers d'images et d'articles la concernant, tous plus intéressants les uns que les autres.

A partir de ce moment là, je ne vis plus le temps passer. J'avais sûrement passé au peigne fin une cinquantaine de sites, peut-être admiré autant de photos et probablement regardé des dizaines d'interview. Un détail avait alors attiré mon attention, elle détournait constamment le sujet de sa famille à coup de sourires charmeurs et de paroles envoutantes. Pas un journaliste ne lui résistait, ils étaient tous ensorcelés, hommes comme femmes. Karla évoluait perpétuellement dans la séduction, ce n'était pas étonnant qu'elle semble avoir le monde à ses pieds, elle se jouait de cette image qui lui collait à la peau. De plus, je n'avais trouvé aucune photo compromettante ou prise au détour d'un parc ou d'un magasin. Sur chacune d'elles, la milliardaire était parfaitement apprêtée et à son avantage. Cela signifiait  qu'elle mettait un point d'honneur à ce que son image demeure intacte. J'aurais pu considérer cela comme de la superficialité mais après avoir passé la journée avec elle, je penchais plus pour un besoin de contrôle et préservation de sa vie privée. Elle disposait sans aucun doute des moyens nécessaires.

J'avais fini par m'endormir devant mon ordinateur, sûrement aux alentours de 6 heures, alors ce matin le réveil avait été difficile. D'ailleurs, si difficile que je n'étais pas parvenue à ouvrir les yeux. Je m'étais donc convaincue que lutter contre mes démons en n'ayant dormi que deux heures n'était pas une bonne chose. Je m'étais réveillée une seconde fois à 10 heures, heure à laquelle j'étais supposée être à la préparation du mariage. Je prétexterais que j'étais malade, ce qui ne s'avérait pas être complètement faux après tout. De plus, en agissant de la sorte, j'anéantissais toute chance de croiser Karla, du moins pour l'instant, et cela me rassurait.

La salle de restauration dans laquelle était organisée le service du matin était étonnamment spacieuse et lumineuse, elle contrastait fortement avec le reste de l'hôtel. A cette heure-ci, elle était totalement vide puisque les seuls clients venaient du mariage et qu'ils devaient déjà être en train de s'atteler à sa préparation. Un buffet trônait au milieu de la pièce cependant, il n'en restait presque rien. Cela tombait bien puisque je n'étais pas une adepte des petits-déjeuners très copieux, celui-ci se résuma donc à un café et une pomme, l'un des rares fruits qui avait survécu.

Perdue dans mes pensées, l'esprit encore brumeux de ma courte nuit, je mangeais sereinement. J'avais choisi de me mettre dos à l'entrée de la salle pour profiter pleinement de la lumière du soleil qui filtrait à travers la baie vitrée. Pourtant immédiatement je sus. J'ignorais comment mais je sus. Elle venait d'entrer.

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