Chapitre 46 : Anaële

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Ses lèvres sur les miennes avaient achevé de me faire perdre le contrôle. Cela faisait un moment que je n'avais pas ressenti autant de choses. Depuis que j'avais repris un mode de vie sain où mon quotidien n'était plus rythmé par la manipulation pure, tout me paraissait fade. Puis Karla était entrée dans ma vie à ce festival et j'avais eu l'impression de finalement mettre la tête hors de l'eau. Pourtant elle faisait tout le contraire, elle était en train de me noyer, moi mais elle aussi par la même occasion. Je me sentais changer à vue d'oeil, je réfléchissais différemment, comme j'avais pu le faire par le passé. Rien ne m'intéressait si cela ne concernait pas Karla et je ne feignais même plus de prêter attention à ce qui m'ennuyait. Vous pouviez être sûrs que je n'oubliais pas un mot de tout ce qu'elle pouvait dire et que je saurais user de toutes ces informations.

Je n'avais pas mis longtemps à récupérer la place que j'occupais avant mon exil et ma vie de privation, et bientôt je mènerais de nouveau mon monde à la baguette. Cette idée adoucissait mon esprit, je revivais. Ces derniers jours m'avaient réanimée progressivement et la journée qui venait de s'écouler avait été formidable. Céder à la tentation après une lutte acharnée était un sentiment divin et inégalable. Revenir en arrière n'était pas envisageable, Karla était mon obsession maintenant et lutter n'était plus une option. Inévitablement, il viendrait un moment où mon désir pour elle prendrait tellement le dessus que je la détruirais. Aucune autre issue n'était possible et je le savais, les autres avant elle pouvaient témoigner.

J'avais été étonnée que Karla ne m'interroge pas plus concernant Penelope et tout ce qu'avait dit ou insinué Sebastian. Mais après courte réflexion, ce n'était pas si surprenant : d'abord, la milliardaire ne semblait pas du genre intrusive et ensuite, je l'avais immédiatement catégorisée comme impulsive alors peu importait si son instinct lui hurlait combien j'étais nocive, elle foncerait dans le mur de toute manière.

Je devais avouer que je m'étais jouée de la situation à l'Aigle pendant que nous dansions avec Karla. La sentir au bord de l'implosion m'amusait même si à vrai dire, je ne me trouvais pas dans un meilleur état. La seule différence résidait dans le fait que je maniais l'art de camoufler ce que je ressentais à la perfection.
Dans la précipitation, nous avions d'instinct opté pour la chambre la plus proche qui était donc la mienne et la nuit qui s'en suivit ne fut pas des plus reposantes.
Le lendemain matin, nous fûmes réveillées par la sonnerie du téléphone de Karla. Toujours dans ses bras, j'émergeai doucement du sommeil. Elle soupira d'agacement et je la sentis se mouvoir dans mon dos, elle attrapait sans doute le coupable de notre réveil brutal. Je me retournai alors de façon à pouvoir la voir. Son portable à l'oreille, elle fronçait maintenant les sourcils.

-Je suis à l'hôtel pourquoi ? L'entendis-je répondre.

Puis je perçus la voix à l'autre bout du fil s'étonner :

-Ça fait 10 minutes que je suis devant la porte de ta chambre à toquer comme un dingue. Pourquoi est-ce que tu ne m'ouvres pas si tu es à l'hôtel ?

Je reconnus Julian, sa voix était calme, il n'y avait aucun reproche dans ses mots, je crus même distinguer une certaine moquerie.

Karla raccrocha promptement dans un éclat de rire et après avoir enfilé un haut, elle se dirigea vers la porte. Elle interpella alors son frère. Toujours allongée dans le lit, je ne le voyais pas mais je devinais qu'il se trouvait à quelques mètres de là, devant la chambre de la milliardaire de tout évidence. Ses pas résonnèrent dans le couloir jusqu'à ce qu'il fasse finalement face à Karla. J'apercevais son ombre dans l'embrasure de la porte. Je ne pris pas la peine de m'habiller, je mis seulement mes sous-vêtements qui traînaient au pied du lit. La brune me lança une oeillade brûlante, elle était insatiable. Quant à Julian, lorsqu'il croisa mon regard, il pouffa de rire, il n'était pas surpris et lâcha même un "évidemment".

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