Chapitre 13 : Anaële

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Une partie de la famille du marié avait décommandé son aide pour l'organisation et ne viendrait que le jour du mariage, un ami proche avait été renversé par une voiture et se trouvait entre la vie et la mort. Maria, l'une des sœurs de la mariée, m'avait alors appelée en catastrophe, complètement paniquée, à la recherche de main d'œuvre. Elle m'avait suppliée de passer la semaine sur place, les mariés ne faisant appellent à aucune entreprise, toute aide était la bienvenue. Elle avait fini en soulignant qu'ils avaient réservé un hôtel jusqu'au jour j, réduisant toutes mes échappatoires à néant. Je n'aimais pas particulièrement les mariages, je trouvais cela plutôt inutile et ennuyeux, surtout concernant le mode de vie des Johnson. Néanmoins, ils étaient simples et cela l'emportait sur tout le reste parce qu'ils m'apportaient une stabilité dont j'avais éperdument besoin. Aussi, j'avais fini par me complaire dans cette amitié sans surprise avec Maria et le temps m'avait donné un certain attachement pour elle, ou du moins quelque chose qui y ressemblait.

Obligée d'accepter, je m'étais vue engager un psychiatre remplaçant et prendre une semaine de congés impromptue sous les regards interrogateurs de mes collègues bien trop curieux d'en apprendre plus sur ma vie privée autour de laquelle semblait planer une aura mystérieuse.

La première chose qui m'interpella lorsque j'arrivai à l'hôtel fut la décoration datée : les tapisseries murales vieillottes, les appliques aux formes farfelues diffusant une lumière jaunâtres et l'odeur de tabac froid flottant dans l'air. L'établissement semblait comme piégé dans une autre décennie tout en subissant les ravages du temps. La femme à l'accueil m'observait de ses yeux éteints, elle se trouvait sûrement là depuis bien trop longtemps et les bruits lointains de portes qui grincent me rappelèrent un film d'horreur vu la semaine passée. Un canapé, deux fauteuils et une table basse avaient été posés là, au milieu de ce que l'on pouvait associer à un hall, dans une tentative vaine de créer un espace accueillant mais les couleurs désuètes et le mobilier poussiéreux inciter plutôt à la fuite. Le cadre était loin d'être idéal mais les Johnson ne roulaient pas sur l'or et réserver je ne sais combien de chambres pour une semaine complète devait sûrement bien entamer leur budget.

Visiblement, j'étais l'une des premières sur place, l'hôtel était encore plongé dans un calme inquiétant. Habitant San Francisco, je ne me trouvais à même pas trois quart d'heure du lieu du mariage. Pour cette raison, j'avais décidé de rentrer chez moi et de revenir chaque matin mais Maria me l'avait formellement interdit, assénant qu'il s'agirait d'une perte de temps inutile.

-C'est à quel nom ? M'interrogea la réceptionniste d'une voix rauque, altérée par le tabac sans aucun doute.

Tandis que je lui épelais mon nom, son regard morne ne quitta pourtant jamais l'écran de son ordinateur, elle ne m'accorda même pas un coup d'oeil. Sur le mur, derrière elle, était accroché un immense cadre en bois divisé en une cinquantaine de casier associant chacun un numéro à une clé. Seules deux clés manquaient, témoignant d'une occupation vraiment légère de l'établissement. Le mariage et son organisation apporteraient sûrement un peu d'animation...

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