H- Hérésie

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Sebastian déglutit en regardant ses agresseurs s'approcher encore un peu plus de l'endroit où il se trouvait. Le chef d'entre-eux, un certain James, le regardait en souriant tandis qu'il continuait d'approcher. On aurait dit un chasseur qui avait enfin coincé sa proie et qui s'apprêtait à l'abattre. Sebastian était pris du piège, littéralement dos au mur des toilettes. Aucune échappatoire possible pour lui. Il était acculé.

Il ne savait pas ce qu'il allait lui faire. Il ne le connaissait même pas. Cela ne faisait que quelques semaines qu'il était arrivé dans ce lycée, pourtant, les autres le vénérait déjà comme un Dieu. Il ne savait pas exactement pourquoi ils agissaient de cette manière avec lui, ce qu'il avait de si spécial pour faire perdre la tête à tout ceux qui croisaient son chemin, filles aussi bien que garçons, mais honnêtement, il s'en moquait. Il ne voulait juste pas avoir de problèmes.

Sebastian affronta résolument ce regard posé sur lui quelques secondes avant de baisser les bras et d'abandonner en fermant les yeux. "Vas-y, lui disait-il simplement, presque inconsciemment, fait ce que tu veux de moi, maintenant. Ensuite laisse moi tranquille, à terre, brisé, laisse moi pleurer tout mon soûl et bander les plaies."

Il attendait cependant un coup qui ne vint jamais. Il battit des paupières pour ensuite rouvrir entièrement les yeux, troublé. Rien n'avait changé. La situation était toujours aussi désavantageuse pour lui, sinon plus car son nouvel ennemi s'était encore rapproché. Il était désormais si proche de lui que Sebastian pouvait presque sentir son souffle chaud lui effleurer le visage par vagues désagréables qui s'abattait sur lui comme si chacune d'entre elles lui promettait une souffrance à venir.

Puis James fit un vécue signe de la main et, soudainement, tout ses sous-fifres s'éclipsèrent, le laissant seul avec ce gars qui avait tout l'air d'un agneau terrifié face au grand méchant loup, pétrifié comme il l'était contre le mur des toilettes, comme si il s'apprêtait à se faire dévorer à tout instant. Un fin sourire vint étirer ses lèvres pâles.

Sebastian observait lui aussi son vis à vis. Ce-dernier souriait comme si il était un chasseur qui avait enfin réussit à capturer sa proie, faible et stupide. Le plus jeune renifla. Il savait ce qui allait arriver. Il était habitué à être harcelé, habitué à être frappé, à être traité comme si il valait encore moins que rien. Il en avait juste... assez. Une larme solitaire roula sur sa joue sans qu'il puisse l'arrêter, mais il tenta de le cacher, essayant vainement de conserver ce qu'il lui restait encore de dignité.

- Ne pleure pas..., souffla doucement l'adolescent en face de lui en essuyant la larme de son index droit.

Sebastian ouvrit de grands yeux horrifiés avant de repousser la main qui l'avait touché et de se protéger le visage de ses mains, par réflexe. Il ne voulait pas que les coup - qui, il en était sûr - ne tarderait pas à s'abattre, à pleuvoir sur lui, atteignent son visage. Sinon, son père lui poserait encore des questions auxquelles il espérait ne jamais avoir à répondre honnêtement. Que penserait alors son père, lui qui était si fier ? Qu'il avait élevé un raté, un loser ? C'était inaceptable.

Les secondes s'écoulèrent lentement sans que rien ne se passe, créant une atmosphère pesante pour chacun des deux adolescents. Sebastian cessa finalement de se protéger, et, baissant sa garde, il demanda, confus:

- Tu ne vas pas me frapper ?

L'étonnement qui transperçait dans sa voix aurait parût ridicule pour tout autre personne que lui. Mais le concernant, c'était différent. Depuis le temps qu'il se faisait harceler, il avait apprit à attendre les coups avec une sorte de crainte mêlée d'attente comme si il était presque impatient d'en finir, car il savait qu'après avoir reçu ces fameux coups, tout serait alors finit. Ils le laisseraient tranquille. Pour la journée du moins.

ABCD...MormorWhere stories live. Discover now