A- Abattu

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Sebastian n'avait pas dormi de la nuit. Encore une fois. Il n'y arrivait pas. Plus depuis qu'il était parti.

Cela faisait plusieurs jours que Moriarty n'était pas venu le voir le soir, et ça le blessait affreusement. Il était complètement abattu. Mais il avait surtout peur que son état ait un rapport avec ce nouveau criminel "exceptionnel" dont son Boss n'arrêtait pas de vanter les qualités. Ce qui l'énervait au plus haut point mais évidemment, le criminel ne se rendait compte de rien.

Il se remémorait encore ses paroles : " Oh, Sebastian tu devrais voir comment il a réussi à abattre ces hommes pour moi, c'est de l'art !" Comme si lui, Sebastian Moran, tireur d'élite de renom n'aurait pas pû les tuer pour lui de manière tout aussi "artistique" que cet espèce d'énergumène qui cherchait juste à se faire remarquer.

Il était jaloux, indubitablement. Il savait qu'il ne devrait pas l'être - après tout, Moriarty ne lui appartenait pas - pourtant, il ne pouvait s'en empêcher. Contrairement à lui, qui lui appartenait corps et âme, Moriarty ne s'embarrassait pas des sentiments des autres à son égard. Il ne s'embarrassait pas de beaucoup de choses qui concernait quelqu'un d'autre que lui-même, d'ailleurs  Et c'était une des choses qui faisait son charme après tout, ce certain détachement de tout et cette arrogance qui le rendait absolument irrésistible.

Soudain, son téléphone vibra.

Moriarty !

L'ex-chasseur se jeta littéralement sur celui-ci et, dans sa précipitation, se trompa deux fois de code de verrouillage, ce qui ne manqua pas de l'agacer encore plus.

Heureusement, le cellulaire fini par se laisser déverrouiller - "Enfin !" - et il pû accéder aux messages reçus. Deux nouveaux apparaissait dans sa boîte de réception, tout deux du seul Moriarty.

Quatres cibles à abattre. Oxford University. Aujourd'hui. 16h37. Rapide. Discret.

Le deuxième message était juste un MMS où l'on voyait la tête des quatres condamnés à une mort certaine.

C'était si...froid ! Juste des ordres, sans même le flirt habituel qu'ils échangeaient perpétuellement, ou même une touche de cet humour si étrange qui n'appartenait qu'à son criminel consultant.

Sebastian sentit son cœur se serrer, glacer ses sentiments puis se solidifier. La seule chaleur du corps du criminel consultant contre le sien aurait pû le réchauffer. Mais il n'était pas là. L'ancien chasseur était seul, complètement seul dans cet appartement qui l'oppressait horriblement tout à coup.

Sebastian jeta un coup d'œil à l'heure et soupira. 15h40. Il allait devoir se dépêcher si il voulait être à l'heure au rendez-vous. Il prit son précieux sniper noir chromé, celui que Moriarty lui avait offert après son second meurtre sous ses ordres, un pure merveille à laquelle il tenait autant qu'à la prunelle de ses yeux, si ce n'est plus. Il le fourra dans un grand sac de sport bleu et s'échappa de son appartement froid et solitaire.

A 16h35, deux minutes avant l'heure dite, il se trouvait posté sur le toit d'un des bâtiments de la prestigieuse Université d'Oxford, du haut duquel il jouissait d'une vue exceptionnelle sur une cour pavée dont il était pratiquement sûr que ces cibles allait la traverser.

Et en effet, à 16h36, il vit les silhouettes dégringandées de ses victimes se mouvoir dans la cour. Il attendit impatiemment l'heure que Moriarty lui avait indiqué avec une  délicieuse sensation d'attente, mêlée à l'adrénaline que lui procurait son doigt nonchalamment posé sur la gâchette.

Enfin à 16h37, il les regarda une dernière fois à travers son viseur puis visa et les abattit méthodiquement et rapidement, un par un, avant que la panique ne les fasse s'enfuir en courant et criant comme des poulets que l'on égorge... Ce que ne manquèrent pas de faire leurs stupides camarade en les voyant s'effondrer, un fleur rouge décorant nouvellement leur poitrine.

ABCD...MormorWhere stories live. Discover now