Jour + 19

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Il est à peu prêt trois heures du matin et je suis crevé. Je voudrais fermer les yeux au moins une heure ou deux mais je n'arrête pas de penser, comme d'habitude. Je m'en veux un peu de m'être braqué après notre conversation avec Douze, je crois que je suis un peu trop difficile ces derniers temps. J'en ai marre de m'apitoyer mais ce qui se passe dans ma tête n'est pas toujours contrôlable. Je dérive et dérive sur tout un tas de choses si bien que je ne sais même plus par quelle pensée j'ai commencé à me prendre la tête. Pourquoi est-ce que je fais toujours ça ? Me retrouver à jouer ma complainte sans savoir sur quelle note j'ai débuté. Il n'y a aucune putain de raison qui me pousse à ne pas parler à Douze si j'en ai envie même pas lui, il me l'a dit. Peut importe l'heure, il répondra.

Je tâtonne sur la table de nuit à côté de moi pour trouver mon téléphone portable tandis que je suis totalement dans le noir, allongé sur mon lit ayant dégagé la couverture sur le côté parce que j'ai beaucoup trop chaud. J'ai toujours dit qu'il faisait une chaleur insoutenable dans cette maison et j'ai beau ne porter qu'un boxer, j'ai l'impression d'être au mois d'Août. Je ne me redresse même pas en trouvant mon téléphone mais je plisse les yeux en allumant l'écran. La lumière beaucoup trop lumineuse me brûle la rétine, je passe donc mon bras sur mes yeux le temps de m'habituer peu à peu et cherche un peu à l'aveuglette le numéro de Douze. Lorsque j'ai enfin le doigt dessus, je n'hésite pas plus longtemps et appui sur le bouton d'appel.

Maintenant que c'est fait je dois avouer que je commence sérieusement à stresser. Je l'appelle mais je ne sais même pas quoi lui dire exactement. Par contre j'ai besoin de savoir qu'il est là même s'il ne dit rien, d'ailleurs est-ce qu'il va répondre ? J'ai compris depuis que l'on a débuté nos conversations, qu'il était plutôt timide. Parler à l'oral c'est plus difficile que de parler par message mais j'espère qu'il répondra. Même si je n'entends que sa respiration c'est pas grave, au moins je saurais qu'il est là...

Je grimace parce que les sonneries défilent et il ne répond toujours pas. Je ferme les yeux un instant en tenant mon portable contre mon oreille. Pourquoi j'ai peur qu'il ne soit pas là alors qu'il m'a dit qu'il répondrait n'importe quand ? C'est vrai que nous n'avons jamais parlés de s'appeler mais c'est pas si différents que de lui parler à l'écrit pour moi sauf que je veux sentir sa présence d'une manière ou d'une autre. Il est trois heures du matin ça justifie peut-être son temps de réaction mais je crois de toute manière, que je vais devoir me contenter du long signal sonore qui m'indique que je suis bien en train de lui téléphoner. Il ne répond pas.

Je soupire en lâchant mon mobile qui glisse sur mon oreiller juste à côté de moi. Je laisse le dos de ma main posé sur mon front, mes yeux grands ouvert vers le plafond mais de toute façon je ne vois rien du tout dans l'obscurité. Le bruit de mon vibreur me sort finalement de ma torpeur et je sursaute à moitié en voyant l'écran s'allumer. Je me redresse légèrement pour prendre l'appareil dans ma main et voir que Douze me rappelle. Je dégluti avant de répondre. Sur le coup je n'entends que sa respiration, il ne dit rien du tout mais moi, je ne tarde pas à parler.

- Douze... Ma voix est rauque, ça fait quelques heures qu'aucun son n'est sortie de ma bouche. Je suis désolé, tu n'es pas obligé de me parler. Je voulais juste t'entendre un petit peu.

Je ne sais pas vraiment de quoi ça a l'air mais le fait qu'il ait rappeler me donne une impression bizarre. Je me sens bien ? J'ai envie d'arborer un grand sourire juste parce qu'il n'a pas mentit, peut importe l'heure, il est toujours là.

- Je veux bien te parler.

J'écarquille les yeux en entendant enfin le son de sa voix. Je ne pensais pas qu'il dirait un mot et même si un silence s'est installé suite à ma dernière phrase, je pourrais m'en contenter.

Two Months { ZIAM } ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant