25 - Le sous sol

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Il était sur le côté, endormi. Dans son sommeil il continuait pourtant de serrer ma main dans la sienne. Pour ma part,je ne pouvais me résoudre à fermer les yeux. J'ai glissé mes doigts or de son étreinte et suis sortie du lit, ramassant au passage une chemise et un short sur le sol.

Le couloir était sombre et lugubre. J'ai toqué à la porte d'Emilie. Après une minute de silence, elle a ouvert et m'a faite entrer sans un mot. Ses yeux semblaient fatigués. Je me suis demandée quelle heure il pouvait bien être... Nous nous sommes assises sur son lit toujours en silence. Elle s'est frottée le visage et m'a regardé comme pour que je prenne la parole.

- Je ne voulais pas te réveiller... Ai-je dit.

Elle a secoué la tête :

- Je ne dormais pas.

- Il faut que je te parle de quelque chose... Je... Il se passe des trucs étranges depuis le début des vacances et...

- Tu parles de l'aile droite hein ? Tu sais que je suis d'accord avec toi. Mais qu'est ce que tu veux qu'on y fasse..?

J'ai saisis l'opportunité :

- On a qu'à aller voir.

Elle a eu l'air effrayé par ma proposition et s'est    braquée.

- Or de question. Je ne veux pas y retourner. Tu ne sais pas ce que j'ai vu là-bas. Ma mère m'a prise pour une cinglée pendant des mois ! Maintenant je suis passée à autre chose. Je ne    veux pas y retourner.

- Emilie ! Tu ne te rends pas compte du bordel que c'est actuellement dans ma vie. Je veux juste aller jeter un coup d'œil...

- Qu'est ce qui peut bien t'arriver qui soit en rapport avec l'aile droite ? Ecoute... C'est ridicule.

- S'il te plait....

Elle a secoué la tête. J'ai demandé à nouveau et    elle a soufflé.

- Pas longtemps. Et tu m'expliqueras quel est ton problème en même temps.

Nous sommes sorties de sa chambre avec une lampe torche pour nous diriger vers notre objectif. J'espérais que la porte soit déverrouillée. Lorsque Aiden et moi avions voulu nous y rendre la première fois, dans les alentours de minuit, elle ne l'était pas. Au contraire, le jour où j'avais dansé, tôt le matin, elle l'était.

- Quelle heure est-il ? J'ai demandé.

- Je ne sais pas... Surement trois heures...

Nous sommes arrivées devant la grande porte en bois et Emilie a tourné la poignée. Fermée. J'ai poussé un soupir et Emilie a fait demi-tour.

- Attend ! Tu vas où ?

- Je retourne dans ma chambre, tu vois bien que ça ne mène à rien.

Sur ces mots j'ai laissé transparaître ma frustration et me suis résignée à la suivre jusqu'à ce que des pas se fassent entendre depuis l'escalier. Emi et moi nous sommes figées derrière le même pilier en pierre que la nuit où Aiden et moi avions surpris Sophie qui parlait à la porte. Cette dernière a surgit sur le pallier et a tourné en direction de la porte en bois. Elle a eu un regard circulaire, s'est appuyée sur une pierre dans le mur de droite et cette dernière à coulissée avec un bruit de frottement assez rauque. J'étais captivée par la scène, et Emilie, penchée au dessus de moi, l'était tout autant. Nous avons observé Sophie    s'emparer d'un trousseau de clés qui se trouvait derrière la pierre, remettre cette dernière en place, glisser dans la serrure une de ses trouvailles et refermer la porte derrière elle.

J'ai tourné la tête vers Emi pour croiser son regard. Sans rien dire elle a hoché la tête et nous nous sommes retrouvée derrière la porte. Le grand couloir était calme, la vue depuis la grande baie vitrée laissait voir un ciel étoilé extraordinaire. Nous sommes passées devant la salle de danse, puis nous nous sommes avancées dans la partie plus sombre du couloir, où les murs étaient recouverts de dessins. La torche parcourait chacun d'eux avec méfiance, nos pas étaient prudents.

- Est ce que tu sais où ce couloir mène ? J'ai    chuchoté.

- Je...

Un bruit a résonné soudain, comme un long grincement sortit des profondeurs de la terre, et nous sommes tombées nez à nez avec un escalier semblant s'y enfoncer étroitement.

- Désolée mais je ne vais pas descendre.

Emi a lâché la lampe. Sa voix tremblait. J'ai voulu lui dire que tout allait bien mais elle marchait déjà vers la sortie et je ne voulais pas la forcer. J'ai ramassé la lampe et ai entamé la descente vers le fond, invisible, qui se profilait.

Au file des marches j'examinais les murs à la    recherche de dessins, mais rien ne semblait être inscrit. Au total j'ai du facilement descendre l'équivalent de deux étages avant d'arriver sur du plat. Un instant je me suis demandée comment Sophie pouvait bien faire ce chemin de nuit avec son état physique mais un bruit a attiré mon attention.

Des grognements envahissaient l'espace. J'étais    entourée de mur en béton, humides, il faisait atrocement lourd et une odeur nauséabonde planait dans l'air. Une faible source lumineuse rayonnait derrière une cloison mais je ne m'en suis pas rapprochée. J'écoutais, aux aguets, les mots qui me parvenaient de derrière cette même cloison. Deux voix distinctes résonnaient en plus des grognements. Celle de Sophie et celle d'un homme.

- Regarde comme elle souffre, c'était imprudent de ne pas venir avant.

- Elle souffre de toute façon. C'est pour ça qu'elle repousse l'échéance de plus en plus. Tu le sais. Le traitement à un effet atroce sur elle.

Cette voix masculine m'était familière mais j'avais du mal à poser un visage dessus. Toute la vapeur moite qui planait dans l'air me remplissait les poumons comme du miel et mon esprit était trop concentré sur ce fait pour pouvoir chercher à identifier son propriétaire.

Les grognements étaient rauques. Maintenant qu'il en parlait ils ressemblaient bien à des manifestations de douleurs. J'ai été tenté de me rapprocher un peu. La part curieuse de moi    même aurait voulu pouvoir voir à travers la cloison sans bouger de là où j'étais mais, si j'avais développé des dons nouveaux, ce super-pouvoir n'en faisait pas partie. J'ai fait quelques pas dans l'obscurité et j'ai penché la tête. Sophie était de dos, assise en face de John qui était affairé devant une table de contrôle remplie de boutons de toutes sortes reliés à des câbles transparents. J'ai suivi ces derniers du regard avec appréhension. Un corps de femme était allongé sur un lit de fortune, relié à tous ces fils. Je ne distinguais que son bras nu, ballant dans le vide à côté du lit, et sa poitrine plutôt volumineuse. A son poignée je distinguais un petit bracelet de couleur sombre, comme un ruban, enroulé plusieurs fois autour de sa peau qui se dévoilait par parcelle entre chaque lanière. Son dos se cambrait à intervalles réguliers laissant penser qu'elle recevait des décharges ou qu'elle souffrait de manière permanente. Mon sang était glacé dans mes veines et il l'a été davantage quand un nouveau grognement terrible a résonné, sortant tout droit de sa gorge.

J'ai reculé précipitamment et dans cet élan    d'angoisse me suis emmêlée les pieds. Un petit bruit est sortit de ma bouche. J'ai entendu de l'agitation derrière la cloison et sachant que je n'avais aucune chance de retrouver les escaliers sans me faire surprendre je me suis fondue dans l'obscurité, me tapissant dans un recoin de mur un peu enfoncé et retenant ma    respiration.

John s'est approché, méfiant, il a fait quelque pas dans ma direction en plissant les yeux pour parvenir à décrypter la noirceur ambiante. Les escaliers n'étaient qu'à une dizaine de mètres de moi mais il paraissaient vraiment très loin à ce moment précis.

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⏰ Last updated: Jun 21, 2020 ⏰

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Histoire de luneWhere stories live. Discover now