13 - Complicité

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J'ai ouvert un œil, puis deux.... La pénombre de la nuit avait envahit la chambre et mon portable indiquait qu'il était presque minuit. Tout semblait calme ailleurs... aucun bruit de pas, ni de chuchotement, juste le silence. J'ai vaguement laissé le temps à mon cerveau de faire une mise à jour et ai repoussé la couette blanche d'un coup sec.

Je ne saurais dire si je m'étais réellement évanouie ou si j'avais juste piqué du nez soudainement, mais cette petite sieste m'avait fait un bien fou. Comme un gros lavage de cerveau. J'avais l'impression de tout dédramatiser.

Sous mon poids le parquet a couiné discrètement. J'ai retiré mes vêtements pour enfilé quelque chose de plus confortable et d'un peu plus chaud. Puis, en deux temps trois mouvements, j'étais dans le long couloir sombre. Je savais qu'Aiden ne dormait pas... Premièrement parce qu'il était constamment fatigué en cours et que c'était cramé direct qu'il n'était pas ''couche tôt'' ( à peu près comme moi quoi ) et deuxièmement parce qu'il y avait de la lumière qui filtrait de sous sa porte.

Je suis entrée. Il était étendu sur son lit, un casque audio sur les oreilles, un cahier posé contre ses cuisses repliées et il fredonnait une mélodie presque inaudible tout en écrivant. J'ai refermé tout doucement la porte derrière moi pour éviter qu'il ne m'entende et ai glissé le long du mur à sa gauche.

Ses lunettes glissaient de temps en temps le long de son nez et il les remettait en place calmement. Je ne le voyais quasiment jamais les porter... Ça lui donnait un certain charme. Peut être se réveillait-il en moi le fantasme des hommes à lunettes. J'ai souri à cette pensée. Que pouvait-il bien écrire dans ce carnet ? De là ou j'étais je pouvais distinguer des lignes noires et rien d'autre. Je pouvais donc seulement imaginer ses mots. Imaginer qu'il parlait de moi, ne serai-ce qu'un peu, même si j'avais du mal à y croire réellement.

Quelques minutes sont passées avant que je ne réalise que mon comportement était bizarre et qu'il est mal poli d'espionner les gens de cette façon. Je me suis relevée sans un bruit et ai avancé vers le lit en demandant assez fort :

- T'écoutes quoi ? Je connaissais évidement la réponse... même fredonné  Skillet reste incontournable.

Il a retiré à toute vitesse son casque et a fermé son cahier en même temps qu'il a retiré ses lunettes. Ça m'a tiré un sourire. S'il savait...

- Skillet... Tu connais ?

J'ai hoché la tête.

- On y va ?

Il s'est levé, a sorti une lampe torche de sa valise presque entièrement déballée et s'est dirigé vers la porte, suivit par moi-même.

La pénombre mangeait la quasi totalité du manoir. Seules quelques bougies étaient allumées par ci par là. Sans plus. Nous avons marché dans le silence quelques minutes puis la grande porte de l'aile droite est apparue. Stoïque, imposante. J'ai sautillé d'excitation sans faire exprès... Aiden m'a jeté un coup d'œil rapide, a attrapé la poignée et l'a baissé. Rien. Il a essayé plus fort et pour seule réponse, un long gémissement strident est parvenu jusqu'à nos oreilles. Comme si sa source était loin. Dans les tréfonds de l'univers.

Mes deux mains se sont machinalement jointent contre ma bouche tandis que Aid a réagi au quart de tour et m'a attrapé l'avant bras. Nous avons trottiné en sens inverse et il s'est arrêté derrière une colonne en pierre, à une douzaine de mètres de l'aile :

- Qu'est ce que tu fous ?! J'ai demandé

- Chuuuut. Attend.

J'ai haussé un sourcil mais ça ne lui à fait ni chaud ni froid. Il s'est contenté de fixer la porte.

Histoire de luneWhere stories live. Discover now