10 - Mystères

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Emilie se trouvait par terre, une des petites étagères en bois qui recouvraient les murs du couloir, sur le haut du bassin, un tas de livres étaient étalés sur le sol. La moitié du groupe était déjà réunis.

J'ai plongé vers elle pour ramasser tous les livres éparpillés pendant que Jane l'a débarrassait de l'étagère et l'aidait à se relever.

Après un bref instant Sophie a débarqué dans le couloir, les cheveux un peu dérangés comme si elle avait eu le temps de refaire une sieste depuis que nous étions montés, et a interrogé Emilie sur la cause de ce vacarme. Jane lui a répondu du tac au tac :

- Vous mettez trop de livres sur de si petites étagères madame... J'ai remarqué qu'elle avait des difficultés à contenir son agacement.

- J'en est trop... Un problème qui ne t'arrivera jamais.

Visiblement mal à l'aise, Emilie a repris sa grand-mère d'un regard glacé et lui a assuré que ça allait. Puis tout le petit monde est retourné à son rangement, sauf moi qui entassais encore machinalement les livres les uns sur les autres, très mal à l'aise de devoir laisser une vieille dame comme Sophie ranger le couloir bordélique. D'ailleurs, la réaction de celle ci face à la remarque de Jane me laissait penser qu'elle en avait déjà entendu parler et qu'elle ne la portait pas vraiment dans son cœur...C'était compréhensible.

Elle m'a remercié, j'ai levé la tête dans sa direction et nos regards se sont entrechoqués. Elle m'a dévisagé un instant, m'a autorisé a allez déballer ma valise et je me suis exécutée.

Je n'avais pas une folle envie de ranger mes habits dans la commode, alors je me suis affalée sur le lit et ai contemplé le plafond intensément. Sont alors nées dans mon esprit toutes les questions et toutes les remarques négatives que j'avais refoulé jusque là.

Aiden n'avait pas vu l'homme sur la coline,

le casier était à Isaac Roft,

Sophie nous avait interdit d'aller dans l'aile droite,

la station,

le caissier,

le sang.

Tout ça ne tournait pas rond. Je voyais des choses que j'étais seule à voir, et ça, à part quand on est schizophrène, ce n'est pas normal. Je n'étais pas devenue schizophrène du jour au lendemain quand même..!

Il y avait un problème de fond. Quelque chose que je redoutais comme étant énorme. Beaucoup trop grand pour pouvoir le gérer toute seule. Mais quoi ? Là était la question. Et est ce qu'il valait mieux chercher à comprendre au risque d'être anéantie à mon tour à nouveau, ou simplement lâcher prise ? Arrêter de nager ?

Ma tête s'est mise à tourner et j'ai su qu'il valait mieux que je me change les idées avant d'imploser.

Je me suis levée et suis sortie doucement, vérifiant que Sophie n'était plus accroupie par terre en train de ramasser les livres, pour aller examiner toutes les autres chambres du couloir.

La première porte a ma gauche était celle de Kate.

La pièce était composée d'un lit simple, d'une vieille armoire en bois massif, d'un tapis en fourrure installé juste au pied du lit, et d'un bureau qui offrait à sa disposition une machine à écrire, du papier à lettres, une plume et de l'encre. Cette même machine a semblé me sourire un instant avant que je ne détourne la tête :

- Le lit n'est pas assez confortable ? J'ai demandé en voyant mon amie étalée sur le tapis, son portable à la main.

- O que si ! Mais j'ai un penchant pour la fourrure. Le jour où j'aurais un tapis comme ça dans ma chambre je peux te dire que le lit ne sera plus d'une grande utilité.  

Histoire de luneWhere stories live. Discover now