CHAPITRE 6 [Corrigé]

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J'emballai tout ce qui m'était essentiel dans un grand sac à dos. Je n'avais qu'un sac. La plupart des vêtements que je portais, il y avait de ça quelques semaines, étaient subitement rendus désagréables à revêtir, surtout maintenant avec cette paire d'ailes. Ma mère et moi, nous étions cotisées pour rendre ma garde-robe confortable, mais ça n'avait pas été très loin.

Argent, brosse à dents, pyjama, trousse de maquillage, téléphone, le tout entrait aisément dans mon sac à dos. J'accrochai mon sac à mon épaule droite et le transportai dans les escaliers. Mes sentiments me semblaient étrangers, je n'avais aucune idée de ce que je ressentais à l'idée de partir, il semblerait que la réalité ne se soit pas encore installée, comme si j'attendais toujours que quelqu'un dise « Joyeux anniversaire ! ».

Maman se tenait près de la porte d'entrée, l'air perdu et bouleversé. Depuis toujours, elle me ressemblait, si ce n'était qu'elle avait les cheveux courts et le visage ridé à force de rire. Je scrutai ses grands yeux gris et une bouffée de tristesse me submergea. Comment ma mère aimante et organisatrice avait-elle pu me laisser partir du jour au lendemain ?

— Tu vas bien ? s'enquit-elle souriante, son regard trahissant sa peine.

Comment pourrais-je aller bien ? J'allais dans un trou paumé et je n'aurais même pas la chance de dire au revoir à mes amis.

— Je survivrai, répondis-je.

—On se voit bientôt, insista-t-elle. La maison te reste ouverte.

Je m'approchai d'elle et la serrai fort pendant une bonne minute, l'embrassai sur la joue. Je pouvais agir avec nonchalance presque tout le temps, mais j'aimais ma mère.

— Ne t'inquiète pas. Ça va aller. Je t'aime, maman.

Mon père s'approcha et me toucha le bras.

— Je crois que tu devrais y aller. Bonne chance ma grande, sourit-il.

S'il avait voulu se débarrasser plus vite de moi, il ne s'y serait pas pris autrement. Je m'éloignai de mon père en colère et blessée. Je ne savais plus comment me comporter. Je l'avais supplié, imploré, pleuré, mais rien n'avait fonctionné. J'allais partir dans une académie au milieu de nulle part.

Sans dire un seul mot à mon père, et en me jurant de ne pas pleurer devant ma mère, je me dirigeai vers la porte pour atteindre mon destin.

***

J'avais appris une chose au fil du temps, c'était de toujours porter un parapluie, mais je ne pensais pas devoir en apporter un aujourd'hui et maintenant, je marchais sur une route déserte, trempée jusqu'aux os sans rien d'autre qu'une cape blanche. Je portais un jean et une chemise en dessous, mais comme je n'avais pas de manteau de pluie, j'étais trempée.

Le système GPS que papa m'avait donné avec l'adresse de Sérail sentinelle était sous ma chemise, souffrant de ma tentative de le sauver de la pluie. Les commandes pour tourner à gauche ou à droite venaient très lentement parce que je marchais au lieu de conduire comme j'aurais dû.

Plus tôt dans la soirée, le chauffeur de l'autobus m'avait déposée à quelques pâtés de maisons devant un panneau de Sandiago sans issue, disant qu'il n'y avait rien en travers. J'avais haussé les épaules et j'étais sortie, m'attendant à ce qu'il soit à proximité, mais bien sûr que non. Au moins, le GPS que papa m'avait donné avait été magiquement modifié pour me montrer les itinéraires des endroits qui n'étaient pas sur la carte. Sérail Sentinelle était l'un d'entre eux.

Je continuai de marcher pendant environ une heure, quand j'aperçus d'énormes portes de fer gardant un grand bâtiment plus loin derrière. Juste au moment où j'allais tourner à gauche, le GPS m'indiqua exactement la destination d'une voix de femme robotique.

"Tournez à gauche vers votre destination."

Je regardai le GPS avec admiration pendant un moment avant de me précipiter vers les portes, de les secouer et de les supplier de s'ouvrir, mais bien sûr, elles ne bougèrent pas.

Maudites portes de fer.

Je mis l'appareil dans mon sac à dos pour le garder à l'écart et me préparai à sauter au-dessus des portes, quand j'entendis des pas venir vers moi. Mon corps se figea et mon cœur battit dix-huit fois plus vite à cause de la peur. Je jetai lentement un coup d'œil sur le côté pour voir une silhouette sombre s'avancer vers moi.

La personne était grande alors j'étais sûre que si je courais avec mes longues ailes de trois kilos, elle pourrait me rattraper. Complètement apeurée, je décidai de sauter plus vite par-dessus le portail en plaçant mon pied sur le côté de la clôture pour me donner un coup de pouce. J'étais sur le point de mettre mon autre jambe sur la barrière quand une main attrapa mon bras et me tira vers le bas.

En tremblant, je posai mes pieds sur le sol et me tournai vers l'étranger. C'était définitivement un homme, car la main qui tenait mon bras était trop forte pour appartenir à une femme. La nuit sombre ne me permettrait pas de bien distinguer l'individu mais j'aperçus tout de même le visage de l'étranger et à distinguer quelques traits.

Ses yeux étaient de couleur sombre, peut-être un bleu foncé ou un marron chocolat et ses cheveux étaient d'un brun plutôt foncé. Il avait une structure de mâchoire solide et un sourire narquois et espiègle. Même si je ne pouvais pas voir complètement son visage, je restai bouche bée, le dévisageant. Remarquant sûrement mon regard, il gloussa et se pencha vers moi.

— Je sais que tu étais sur le point de sauter ces portes, mais la façon dont je vais te faire franchir cette barrière est beaucoup plus efficace et sans blessure, répondit l'homme avec arrogance.

— Oh et comment allons-nous passer à travers ces portes ? je demandai-je d'une voix étonnamment moqueuse

Je ne suis pas du tout fragile. Bon travail Angel.

Il me tint par les épaules, regardant droit devant. J'attendais qu'il dise quelque chose, mais toutes mes pensées se dispersèrent tandis que je me sentais quitter le sol.

Je baissai les yeux pour voir que je flottais dans les airs. C'était la sensation la plus électrisante et la plus effrayante que j'avais jamais ressentie et je devais admettre que l'étranger me fit effectivement traverser les portes en fer.

Trop tôt, le trajet fut terminé et je fus rapidement déposée au sol. Étonnée, je fronçai les sourcils. Pourquoi m'avait-il aidée ? Alors que j'allais poser la question, je remarquai qu'il était déjà repassé de l'autre côté des portes.

— Hé ! Quel est ton nom ? lui criai-je.

— Débrouille toi pour le découvrir, me répondit-il taquin.

Je pouvais presque entendre le sourire au ton narquois dans sa voix.

— À bientôt, petit ange.

Sur ces mots, il me fit un signe de la main et je me surpris à lui répondre, après un dernier regard, alors qu'il s'éloignait rapidement, disparaissant dans la nuit noire.

Peut-être que ce garçon n'était pas si arrogant après tout. Me retournant devant l'académie, je pris une grande inspiration puis plaçai un pied devant l'autre enfin de rejoindre Sérail Sentinelle.

———

Voilà !!!!
Le sixième chapitre de l'histoire D'ange et de Démons. En espérant que vous êtes heureux de l'histoire.
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M.p

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