Sérail Sentinelle

CHAPITRE 1 [Corrigé]

— Angelina Gabriella Sophie Leafsun ! cria une voix autoritaire.

Surprise et démasquée, je restai plantée sur le seuil de la fenêtre, un pied à l'intérieur et l'autre suspendu dans le vide, la bouche grande ouverte comme une idiote, mon sac à dos à la main. Ma meilleure amie éclata de rire en voyant la tête que je faisais tandis que j'essayais de reprendre mes esprits.

— Alors, Angel, maintenant, on fait de l'escalade illégale ?

— Bien sûr que non, je n'oserais pas. Et sinon ça va, toi ? dis-je d'une voix peu assurée.

Ma meilleure amie leva les yeux au ciel, un sourire aux lèvres et jeta un regard à la porte de sa chambre afin de s'assurer que ses parents ne risquaient pas d'arriver à l'improviste. Puis, elle me fit signe d'entrer l'index collé à sa bouche, pour m'avertir de ne pas faire trop de bruit. Silencieuse, je m'extirpai de la fenêtre et fermai les volets en soufflant un coup, rassurée de ne plus faire de bruit.

— Bon, désormais, dis-moi, tu n'as jamais eu l'autorisation de tes parents pour la fête ?

— Eh bien... si ? déclarai-je avec le regard fuyant.

— Angelina, tu ne changeras donc jamais, soupira-t-elle désespérée.

Après un sourire coupable, je m'avançai puis me regardai dans son miroir, arrangeant mes cheveux, déjà habillée pour la soirée au club Drinks & dances. Techniquement, mes parents n'avaient pas accepté que j'y aille, mais comme à mon habitude, je m'en moquais éperdument. Terminant d'arranger ma coiffure, je lissai ma robe. J'avais opté pour une robe courte à sequins blancs. J'aurais préféré mettre la longue robe moulante que Connor, mon petit ami, avait choisie pour moi, mais j'aurais eu de la difficulté à sortir de la fenêtre de ma chambre.

— Comment vas-tu expliquer ta disparition à tes parents ?

Je haussai les épaules et jetai mon sac sur son bureau. A vrai dire, je n'avais pas préparé d'excuses. Sans répondre, je me tournai vers Kate et changeai de sujet.

— Que portes-tu ? lui demandai-je.

— Euh... déclara Kate d'un regard coupable.

Je haussai les sourcils, la regardai de haut en bas.

— Des vêtements, me répondit-elle simplement.

— Non, pas maintenant. Ce soir.

— Des vêtements, répéta Kate.

— Tu me fais marcher, j'espère ? Tu n'allais pas aller en boîte comme ça ?

— Non, j'aurais pris probablement un jean et...

— Un jean ? la coupai-je. Oh, non, non, ça ne va pas aller.

Je fonçai droit vers son placard, ouvrit la porte coulissante pour fouiller dans ses affaires. Il n'y avait pas grand-chose là-dedans, du moins si on le comparait au mien. Si elle devait faire la lessive toutes les trois semaines pour ne pas finir nue, j'étais certaine que j'avais assez de vêtements fourrés dans mon placard pour tenir au moins une année. Je regardai les vêtements un à un jusqu'à sortir une longue robe noire à manches longues volantes du placard en éclatant de rire.

— C'est exactement la même robe que mon arrière-grand-mère portait dans son cercueil.

— Angel, s'écria Kate à demi-hilare. Je ne te permets pas !

J'éclatai de rire et repris le vêtement pour le remettre dans le placard, puis continuai la recherche d'un trésor caché. Au bout de trois minutes, je soufflai désespérément.