Chapitre 13: Un lendemain des plus difficiles

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Oh ma tête...

Étalée comme une loque sur mon lit, j'ouvre péniblement un œil. Je ne sais pas quelle heure il est, mais je constate que le soleil est levé. Je grimace et me frotte le front, souffrant comme je l'avais redouté de maux de tête. Je me suis prise une de ces cuites cette nuit comme je n'en avais jamais eu auparavant. Quand le minibus nous a ramené chez Beverly, j'ai eu un mal fou à me rendre dans ma chambre. Je crois que j'y suis parvenue péniblement à quatre pattes... Je fixe un point sur le plafond et respire lourdement, me remémorant les souvenirs de la veille.

Mon dieu qu'ai-je fais ?

Je me lève avec peine, les cheveux en bataille. Je constate que mon portable est posé sur une des deux tables de chevet. Je l'observe longuement, mais n'ose pour l'instant pas le consulter. Avant toute chose, il faut que je prenne un cachet d'aspirine, puis une bonne douche bien chaude pour débarbouiller mon cerveau. Je me regarde brièvement devant la glace de la salle de bain et ce n'est pas beau à voir. Je suis cernée et même pas démaquillée.

Heureusement, une fois lavée, je commence à me sentir mieux. Je m'habille confortablement et me brosse soigneusement les cheveux face au miroir. J'essaye d'y faire abstraction, mais mon attention est à chaque fois dirigée vers mon mobile. Lorsque mes yeux se posent sur lui, mon palpitant grimpe. Je sais que lorsque je le prendrai en main, ce ne sera pas joli à voir.

Par conséquent, je décide de reporter ce mauvais moment en me dirigeant vers la cuisine pour prendre un petit-déjeuner revitalisant. J'y trouve Beverly, dans le même état que moi semble-t-il, le visage terne et fatigué. A mon agréable surprise, elle est en train de préparer le café et de faire griller du pain de mie.

- Coucou... J'arrive au bon moment. Ça sent bon.

Elle se retourne vers moi et me sourit chaleureusement.

- Hey, salut ma belle. Ça va tu as réussi à bien dormir ? Tu n'as pas trop mal au crâne ? Moi laisse tomber, je n'arrivai même pas à me déshabiller ni à me coucher sur le lit hier soir. Alors j'ai dormi en robe et par terre à même le sol, comme une chaussette! Je suis une vraie catastrophe. Tu le gardes pour toi hein?

Je pouffe suite à sa confession. Je m'imagine bien la scène, un gag à elle toute seule.

- Désolé pour toi, mais c'est trop drôle.   J'ai mal à la tête, mais j'ai pris une douche et de l'aspirine, alors ça commence à aller mieux. J'ai failli faire comme toi tu sais, mais par chance ma robe a été facile à retirer et j'ai pu grimper, non pas sans mal, sur le lit. Promis, cela restera entre nous deux.

Nous rigolons, peu fières de nous. Être saoule c'est sympa sur le moment, mais ça l'est moins le lendemain. Tu te sens mal physiquement et mentalement. Afin de prendre des forces, je nous sers une bonne tasse de café chacune, et Beverly apporte sur la table du pain de mie grillé, du beurre et du jus d'orange fraîchement pressé.

- Mmh, ça fait du bien d'avaler autre chose que de l'alcool.

- C'est clair ! Tu as eu des nouvelles d'Evan ?

Je cesse mes mouvements et met un temps pour répondre.

- ...Non.

Elle m'observe du coin de l'œil, le regard sérieux, en pleine réflexion.

- Il ne t'a pas envoyé de texto ?

- Je ne suis pas encore allée vérifier. Fis-je hésitante.

- Il a dû surement s'excuser, quelque chose du genre.

J'avale péniblement ma bouchée et ne manque pas de me racler la gorge.

- Je ne suis pas sûre. Je suis même certaine qu'à l'heure qu'il est, il est en colère contre moi.

- Ah bon ? Et pourquoi donc ? Fit-elle les yeux ronds.

- Hier soir, je me suis vengée d'une drôle de façon...

- Dis-m'en plus ? Car on n'a rien fait à part danser entre nous.

- Je n'ai pas fait que danser avec vous...

Elle pose sa tartine et s'avance un peu plus près de moi.

- Tu es sérieuse ? Qu'est-ce-que j'ai loupé ?

Honteuse, je n'arrive plus à soutenir son regard et le quitte, pour fixer lamentablement le sol. Nerveuse, je me met à secouer frénétiquement une de mes jambes. Puis, après une grande inspiration, avoue :

- Pour rendre jaloux Evan, Je me suis prise deux fois en photo avec un gars.

- Okay, et c'est tout ?

- Et... Je ne comptais pas les envoyer au départ. Mais... voyant qu'en fin de soirée je n'avais toujours pas de nouvelles de sa part, j'ai pété un plomb et les lui aient adressées. Sauf que... sur une des deux photos, ma bouche était posée sur celle du mec.

Mon amie qui sirotait jusque-là son café, choquée par ma confession, manque d'avaler de travers et recrache vivement sur moi sa boisson. Surprise, je sursaute et m'en retrouve toute éclaboussée sur le visage. Elle se lève d'une traite, gênée, et se saisie d'un chiffon:

- Oh pardon Angèle ! Attends, laisse-moi t'aider à t'essuyer.

- Ce n'est pas grave, ne t'en fais pas. C'est quelque part mérité? Qu'est-ce qui m'a pris...

- Hum... Disons que là, ça s'annonce compliqué en effet. Mais pourquoi as-tu agi ainsi ?

- C'était un tout, une accumulation. J'étais en colère contre lui, mais aussi peinée et triste. J'avais ce besoin qu'il réagisse, qu'il se mette à ma place aussi. Si j'avais été clean, jamais j'aurai fait ces photos. Mais, étant dans un état totalement contraire, j'ai pété un plomb... Je suis pathétique.

- Ne dis surtout pas ça de toi Angèle. Tu t'es comportée de cette façon, car tu es avant tout une femme amoureuse. Malheureusement, tu t'es égarée, car tu t'es sentie blessée. Tant, j'aurai réagi comme toi, voire bien pire. Ça ne va pas être simple pour recoller les morceaux, mais attend de voir. Puis, lui aussi te dois des explications.

- Oui, tu as raison. Rien que d'y penser, j'ai mal au ventre.

- Allez courage.

Sur ces mots, je termine mon petit déjeuner et retourne d'un pas lourd dans ma chambre. Je m'installe sur le lit et me pousse à examiner mon portable. Dépitée, Je découvre avec stupeur qu'il a tenté de m'appeler pas moins d'une vingtaine de fois et laissé des dizaines de sms.

Angèle, rappelle-moi !

Rappelle-moi !!!

Pourquoi tu ne réponds pas ?

C'est quoi ces putains de photos !!!

Tu cherches quoi ?? Rappelle-moi !!!

Purée... J'ai trop peur de l'appeler... Honteuse, je n'ai pas le courage de me confronter de vive-voix avec lui. Je me résoud donc à lui écrire lâchement un texto.

Bonjour Evan. Je viens de prendre connaissance de tes appels et messages. Sache que ce n'étais pas moi hier soir, j'avais beaucoup bu et je ne sais pas ce qui m'a pris. Sûrement un excès de colère mal géré. Après tout, pourquoi m'avoir délaissé ainsi? Tu t'attendais à quoi sérieusement ? Surtout après ce que tu m'as fait...

Quelques instants s'écoulent et mon portable sonne. Evan souhaite visiblement en découdre avec moi, autrement que part des messages. Mais pour moi, c'est encore trop tôt, je ne m'en sens pas capable... J'ai trop peur, je n'ose pas décrocher... Ça vibre à nouveau, il tente un second appel. Je fais les cents pas, stressée au plus haut point et des sueurs commencent à perler sur mon front. Angoissée, je suis en cet instant, totalement incapable de répondre. Je triture mes doigts, en pleine réflexion sur la bonne attitude à avoir dans ce genre de situation, quand soudain, un sms arrive. La sentence tombe. Mon cœur se serre en lisant ces quelques mots :

Je crois qu'on a besoin de prendre de la distance tous les deux.

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