Chapitre 21

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La vie avait repris son cours : je suis retournée au lycée et j'ai repris les cours. Loriane était revenue elle aussi et nous avons pu avoir cette fameuse discussion, elle m'a invité chez elle un soir, comme on avait l'habitude de le faire autrefois. Elle m'a tout raconté : les messages menaçants qu'elle avait reçu d'Adelya, mais aussi les lettres et les mots dans son casier. Elle a passé son temps à s'excuser encore et encore. Lorsque je lui ai demandé ce qui l'avait poussé à changer d'avis elle m'a dit qu'elle avait fait un rêve dans lequel elle se retrouvait à ma place. C'est ce qui l'a poussé à témoigner malgré le risque.

Nous avons beaucoup pleuré. Je lui ai raconté tout ce que j'avais vécu en prison, je lui ai parlé de Jonas aussi et du soutien que Dieu m'avait apporté tout au long de mon séjour. Elle aussi m'a posé beaucoup de questions comme "mais comment tu sais que Dieu est avec toi ?", "comment tu fais pour L'entendre ?" et plein d'autres.

Je lui ai dit que je lui pardonnais et elle a accepté de se pardonner elle-même. Ensuite nous avons effacé tout les messages menaçants d'Adelya de son téléphone, comme pour se dire qu'on passait à autre chose, une bonne fois pour toute. Tout était à peu près redevenu normal entre nous, peu à peu nous avons retrouvé notre complicité d'avant. Je sais que même si elle ne me l'a pas dit clairement, cette expérience l'a amené à se poser des questions sur Dieu et surtout à comprendre que oui, Il est bien réel et qu'Il agit véritablement.

Mon père aussi a eu pas mal de remise en questions à ce niveau là. Premièrement nous sommes allés nous acheter une Bible ensemble. Ayant donné la mienne à Jonas, j'en voulais absolument une nouvelle et mon père a eu envie de s'en prendre une aussi, ce qui m'a étonné.

Au début il venait sans cesse me voir parce qu'il ne comprenait pas grand chose, mais je lui expliquait que c'était normal et que moi aussi au début tout les passages me paraissaient incompréhensibles. C'est là que je lui ai parlé du Saint-Esprit. Mais mon père était plutôt réfractaire alors je n'ai pas forcé.

Néanmoins j'ai beaucoup prié pour lui et un jour alors que j'étais dans le jardin, il est venu me chercher pour me proposer d'aller à l'église le dimanche suivant. Évidemment j'ai accepté !

Nous avons cherché une église qui correspondait à nos convictions ce qui a été plutôt compliqué. Malgré le fait que l'on croit tous en Jésus, il existe plusieurs "mouvements" qui viennent des différentes interprétations que les hommes ont de la Bible. Nous avons changé deux ou trois fois d'églises avant d'en trouver une où l'on se sente à l'aise.

Mon père a ainsi recommencé à chercher Dieu et à se rapprocher de Lui. Dans les mois qui ont suivi il s'est fait baptisé en même temps que l'un de ses collègues à qui il avait parlé de Dieu.

De mon côté, je voulais moi aussi, être baptisée, mais Dieu m'incitait à attendre. Il voulait que j'attende que Jonas soit sorti, pour qu'il soit là lui aussi.

Durant deux ans je suis allée le voir au parloir, à chaque fois, il me posait comme à son habitude pleins de questions, et je me suis sentie comme mon ami à l'époque, à qui je demandais mille et une chose sur Jésus.

J'étais impressionnée par Jonas, parce qu'il s'accrochait, il continuait de prier malgré les mauvaises choses qu'il pouvait vivre en prison. Il subissait des persécutions, par l'un de ses nouveau voisin de cellule qui l'insultait et le maudissait nuit et jour, mais Jonas avait maintenant un tel zèle qu'il continuait de lui parler de Dieu.

Son cheminement a été très dur, comme pour tout chrétien, parfois il lui arrivait de retomber, de finir par insulter à nouveau mais il s'est accroché à Dieu et Dieu l'a aidé. Du côté de sa famille, cela a également été très compliqué. Sa place dans sa famille ne tenait déjà qu'à un fil auparavant, mais lorsque son frère a appris sa conversion tout a été chamboulé. Son frère n'est plus jamais venu lui rendre visite. Jonas m'a raconté que lorsqu'il avait appris son amitié avec Jésus, son frère voulait s'en prendre à lui mais qu'il s'était retenu par rapport à ce qu'il avait fait pour lui dans le passé, pour qu'il soit guéri.

Ses parents ont fini par l'apprendre eux aussi et il a reçu une lettre de leur part lui disant qu'ils étaient tristes et déçus. Eux qui avaient déjà eu du mal à accepter qu'il ait volé, cette nouvelle a fait l'effet d'une bombe dans leurs cœurs.

Alors qu'il me racontait ça Jonas souriait et au vu de la situation je ne comprenais pas pourquoi. Il me dit alors qu'il était heureux parce que lorsqu'il atterré après la lecture de la lettre, Dieu lui a fait la promesse que toute sa famille serait sauvée.

Dieu a fait des choses merveilleuses dans sa vie, il lui donnait le courage de parler aux autres détenus malgré la violence de certains. Si, souvent, ceux-ci rejetaient son message, beaucoup d'entre eux l'ont reçu et ont eux aussi, vu leur vie transformée.

L'amour de Dieu est pour tous, pour les coupables comme pour les innocents, pour les riches comme pour les pauvres, pour les enfants comme pour les adultes, pour ceux qui sont méprisés comme pour ceux qui sont adulés. Il est gratuit mais demande de notre part la volonté de laisser tomber sa vie passée, pour vivre une vie à l'image de Jésus : en fuyant le mal et le péché. En retour, nous avons cet accès à l'amour inconditionnel du Seigneur, qui dépasse tout ce que l'on peut imaginer.

C'est avec toutes ces choses dans son cœur que Jonas est sorti de prison deux ans plus tard. Rapidement, Dieu lui a permis de trouver un travail, malgré ses antécédents. Il s'est installé à quelques kilomètres de chez moi et venait à l'église avec nous. Nous nous sommes fait baptiser en même temps et avons continué à s'apprendre des choses mutuellement.

Jésus a fait de grandes choses dans sa vie, Jonas voyageait énormément avec quelques personnes de l'église et racontait à tous comment Dieu était venu le chercher, comment Il avait touché son cœur alors qu'il était encore pécheur. Il me disait souvent qu'il se sentait comme Paul et qu'il voulait partir, lui aussi, partout dans le monde pour témoigner. Nous sommes devenus très proches lui et moi, parce que désormais il n'était plus simplement un ami, il était devenu un frère.

Malgré les persécutions, les coups bas, il n'abandonnait pas, Dieu le relevait et je savais que désormais tout irait bien pour lui, où qu'il aille.

Parce que Dieu était désormais avec lui.


Derrière le murWhere stories live. Discover now