Chapitre 3

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Je n'ai pas réussi à dormir cette nuit là. Le lendemain matin, mon père et moi n'avons pas dit un mot, nous étions angoissés. Nous sommes allés au lycée en silence et nous sommes entrés dans le bureau du directeur, la boule au ventre. C'était la première fois depuis que j'étais au lycée que j'y mettais les pieds.

-Asseyez-vous. Nous dit-il.

Nous nous sommes exécutés. J'avais une boule dans la gorge et mon père ne cessait de s'essuyer les mains sur son jean.

-Je vous ai fais part de la situation Mr.Devis je suppose que vous avez pu en parler un peu avec votre fille ? Commença le directeur.

-Oui on en a discuté hier soir après votre appel...Répondit mon père en jetant un coup d'œil vers moi. Mais elle n'a rien à voir avec cette histoire. On s'est demandé si vous n'aviez pas confondu avec une autre élève.

-Ah non monsieur je suis catégorique il s'agit bien de votre fille ! J'ai ici le mail envoyé par les parents d'Adelya. Dit le directeur en tournant son ordi vers nous. Vous voyez c'est écrit ici.

-En effet...Constata mon père.

-Alors évidemment nous sommes ici pour nous expliquer mais j'espère que vous avez conscience des peines qu'encourra votre fille si tout ceci s'avère vrai ?

-Oui oui mais croyez-moi Jeanne serait incapable de faire une chose pareil vraiment ce n'est pas elle !

-Écoutez on va tenter de résoudre ça, d'abord je vais dans un premier temps discuter avec votre fille seul à seul, puis j'aurais également une discussion avec Adelya pour avoir chacun des points de vue. Mais suite à ça, ça ne dépendra pas de moi puisqu'il y a, à côté de ça, une enquête menée par la police. Moi je suis simplement là pour comprendre ce qu'il s'est passé et prendre les précautions nécessaires mais je ne pourrais rien faire de plus.

-D'accord. Répondit mon père.

-Bien, alors je vais vous demander de sortir le temps que je m'entretienne avec votre fille et après ça je vous demanderais de la ramener chez elle.

-Très bien. Dit mon père en se levant et en quittant le bureau. En passant il posa sa main sur mon épaule en signe de soutient.

A vrai dire je n'avais pas été très attentive à ce que le directeur avait dit. Je tremblais.

-Jeanne, l'année dernière Adelya et toi, vous étiez dans la même classe ?

-Oui.

-Et comment ça se passait avec elle ?

-Ni bien ni mal, elle s'entendait bien avec une de mes amies alors on se côtoyait en quelque sorte. Répondis-je en imitant des guillemets à la fin de ma phrase.

-Qu'entends-tu par côtoyer ? Est-ce que vous étiez amies ?

-Non, en fait elle discutait beaucoup avec mon amie et j'essayais de la connaître un peu mais disons que c'était compliqué.

-Donc vous ne vous entendiez pas très bien ?

-Non, c'est juste qu'elle m'ignorait. Quand je la saluais, elle détournait le regard, quand j'essayais de lui poser des questions pour apprendre à la connaître, elle répondait froidement puis changeait de sujet. Alors j'ai arrêté de lui parler.

-Hum, donc il y avait des tensions entre vous deux.

-Non, juste on ne se parlait pas.

-Et ça t'a énervé qu'elle agisse comme ça avec toi ?

-Non ! Juste je n'ai pas compris alors je me suis éloignée mais jamais je ne l'aurais harcelé !

-Comme je l'ai expliqué à ton père ce n'est pas à moi de juger, mon rôle c'est simplement de comprendre ce qui s'est passé.

J'étais nerveuse je me triturais les doigts.

-Comment s'appelle ton amie, celle qui s'entendait bien avec Adelya ?

-Loriane.

-Loriane Jefferson ?

-Oui.

-Est-ce que tu as pu à un moment donné en vouloir à Adelya de se rapprocher de Loriane ?

-Non pas du tout, Loriane ne m'appartient pas.

-Peut-être qu'inconsciemment tu as pu avoir peur de la perdre ?

-Et même si ça avait été le cas je n'aurais pas poussé Adelya à se suicider ! C'est cruel et je veux dire...Depuis que je suis au lycée vous n'avez jamais entendu parler de moi jusqu'à aujourd'hui ! C'est même la première fois que je mets les pieds dans votre bureau ! Jamais je n'aurais été capable de faire ça je vous assure...C'est forcément un malentendu !

Le directeur ne répondit rien, il se contenta de prendre des notes.

-Cette après-midi je m'entretiendrais avec Adelya et je vous reconvoquerais toutes les deux demain pour faire le point. Tu peux rejoindre ton père.

Avant que nous partions mon père et moi, le directeur lui parla en privé, puis nous sommes rentrés chez nous. Alors que j'enlevais mon manteau mon père me dit :

-Jeanne j'espère que tu comprendras, le directeur m'a demandé de te prendre ton portable et ton ordinateur pour éviter que tu puisses communiquer avec qui que ce soit...

Je me suis mise à pleurer.

-Tiens. Dis-je en lui tendant mon portable.

-Est-ce que tu veux me parler de ta conversation avec le directeur ?

-Non. Dis-je en reniflant. Je vais monter un peu dans ma chambre.

-Hum je comprends. Si tu as besoin je suis là.

-Je sais.

Je suis montée dans ma chambre et je me suis laissée glisser contre la porte en laissant mes larmes couler. Comment est-ce que j'ai pu en arriver là ? Comment Adelya a pu m'accuser de l'avoir harcelé alors que nous n'avions pas de contact ? Elle qui m'a toujours rejeté, qui m'a toujours ignoré, pourquoi s'en prenait-elle a moi maintenant ?

Je ne pouvais pas appeler Loriane j'étais toute seule dans ma chambre et je ne savais pas quoi faire alors j'ai prié.

"Seigneur je ne comprends pas ! Pourquoi Adelya m'accuse ?! Est-ce que je lui aurais fais du mal sans le vouloir ? Si j'ai pu la blesser par le passé je m'en excuse Seigneur mais toi tu sais que je ne lui ai rien fais ! Tu sais que je serais incapable de faire une chose pareil ! Je...J'ai peur de ce qui pourrais arriver s'ils me jugent coupable ! Je risque d'aller en prison Seigneur, pour quelque chose que je n'ai pas fait ! Je t'en prie aide moi ! Ne me laisse pas toute seule...".

Je pleurais encore et encore. Je m'attendais à une réponse de Dieu, une sensation de paix mais rien, il n'y avait que mes pleurs. Alors j'ai décidé d'ouvrir ma bible et je suis tombée sur ce verset : "Je leur ai donné ta parole et le monde les a détestés parce qu'ils ne sont pas du monde, tout comme moi, je ne suis pas du monde." (Jean 17:14)

J'ai séché mes larmes et me suis quelque peu ressaisie. Je suis innocente, je ne dois pas m'inquiéter, elle n'a aucune preuve pour m'accuser de quoi que ce soit. Dieu me protégera.

Non je ne dois pas me laisser impressionner.

Derrière le murWhere stories live. Discover now