Prologue

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- Pourquoi tu me fais chier avec ton truc là ?

Ça doit bien faire une heure qu'il me bassine avec ça, une sorte de programme de rencontre si l'on peut appeler ça comme ça ; en fait je crois même que c'est l'explication officielle d'ailleurs, même si on ne rencontre pas les gens physiquement ce qui fausse un peu l'énoncer non ? Bref. J'ai pas capté toutes les règles de ce truc parce que j'ai pas écouté la moitié de ce qu'il m'a raconté mais en gros ça consiste à échanger son numéro avec un inconnu sans révéler son identité et parler avec pendant deux mois.

- Parce que ça a l'air trop cool ! Je hausse les sourcils avec un mais bien sûr prêt à sortir de ma bouche mais je préfère lui demander autre chose à la place.

- Alors pourquoi tu le fais pas toi ?

- Alors non, pas moi. J'ai déjà quelqu'un dans ma vie.

Pourtant il a l'air tellement excité par ce programme qu'on croirait que c'est lui qui cherche une nouvelle relation. J'ai aucune envie de faire ça et il me fatigue franchement avec sa nouvelle idée.

- Je croyais que c'était pas le but premier ?

Je croise les bras en le regardant, j'ai aussi haussé un sourcil et s'il ne me connaissait pas autant, il pourrait croire que je le prend de haut. Je ne comprend même pas pourquoi il tient tant à ce que je participe à ce programme, c'est pas comme si j'avais envie de me remettre en couple maintenant et puis je peux tomber sur n'importe qui ; et si c'était un vieux pervers ? Ou une vieille en manque ?

- Putain fais un effort Liam, tu peux pas rester comme ça. Il hausse le ton en se redressant, on va parler de choses qui fâchent.

- Arrête de m'emmerder Louis tu me saoul ! Je prend la mouche parce que j'ai pas envie d'en parler.

- Tu penses pas ce que tu dis.

- Et toi tu comprends rien.

Je sais qu'on est parti dans un dialogue de sourd. Je sais que c'est ma faute parce que j'aime pas admettre que Louis a raison et qu'il me connait mieux que personne.

- Je suis ton meilleur ami non ? J'veux que t'arrêtes de te morfondre. Il pense à mon bien-être si il veut mais moi j'ai pas envie.

- Et tu crois que c'est en parlant à un inconnu que je vais me sentir mieux ?

- T'as que moi dans ta vie ! Ça te ferais du bien. Je grimace un peu parce qu'il se rend pas compte que c'est vexant, il me balance ça comme si c'était facile à admettre pour moi.

- Outch.

Ses paroles n'ont rien de gentilles mais je sais très bien qu'il n'a juste pas fait attention. Je vois son visage se crisper alors qu'il se mord la lèvre comme s'il venait de faire une bêtise. Je ne lui en veux pas pour ça parce que je sais très exactement pourquoi il fait ça même si il est parfois (souvent) un peu maladroit.

- Désolé. Il murmure dans sa barbe alors qu'il croise les jambes dans son lit.

- C'est rien, t'as raison après tout... Je le regarde du coin de l'œil.

Il se redresse avec un sourire et je sais qu'il a déjà l'impression d'avoir gagner même si je n'ai rien fait pour le laisser penser que j'acceptais son programme d'échange et d'ailleurs je ne l'accepte toujours pas.

- Calme tes hardeurs, j'ai juste dit que t'avais raison mais il est hors de question que je participe à ton truc.

- Putain t'es vraiment pas drôle ! Il fait la grimace et j'ai envie de lui tirer sur la joue comme si je faisais face à un gamin.

Je soupire en ramassant ma veste par terre. Louis me regarde en croisant les bras alors que j'enfile le vêtement sur mes épaules.

- Tu rentres ? Tu veux pas rester là ce soir ? Le sol est pas si dur, je te prêterais un coussin.

- Trop aimable. Je lance ironique alors que je me dirige vers la fenêtre. Mais non, je rentre.

- T'es sur de chez sur ?

Il me lance un regard inquiet toujours assit sur son lit. Je me retourne vers lui pour ébouriffer ses cheveux, décidément je le prend vraiment pour un gosse, et lui adresse un sourire.

- Ça va j'te dis. Je rentre.

Il lève les yeux au ciel et replace ses cheveux correctement même si franchement avec la tignasse qu'il a, c'est presque peine perdu. Sur ces belles paroles, j'enjambe le rebord de la fenêtre pour sortir de la chambre de Louis, qui pour mon plus grand soulagement, se trouve au rez-de-chaussée. J'ai dû franchir cette fenêtre des centaines de fois en remerciant intérieurement ses sœurs d'avoir choisis les chambres de l'étages plutôt que celle du bas, ça m'évite de devoir escalader la façade. De tomber et de me casser probablement une jambe, ou le coccyx, ou de finir avec un traumatisme crânien en tombant sur la tête, ou de mourir en me tordant le cou. Enfin, on a saisie l'idée.

Dehors il fait nuit et frais, vraiment frais mais on est en plein mois de Décembre alors c'est plutôt logique. Le 28 Décembre plus exactement et je n'ai pas envie de rentrer chez moi même si j'ai dit à mon meilleur ami que j'allais le faire. Je soupire et une fumée blanche s'échappe de ma bouche tandis que je marche le long du trottoir trainant presque des pieds.

Moins de vingt minutes plus tard et je suis devant chez moi. Je ne peux empêcher un nouveau soupire de sortir de ma bouche alors que je me dirige vers la porte d'entrée. Il n'y a pas de lumière, en tout cas on dirait pas, alors j'abaisse la poignée avec la plus grande discrétion et entre à l'intérieur. Ce qui me frappe en premier c'est la chaleur qu'il fait ici, le chauffage doit vraiment être mal réglé mais au delà de ça, même si l'air est presque irrespirable lorsque l'on vient de l'extérieur, ironiquement cet endroit m'a toujours parût froid et triste. Je n'aime pas rentrer ici et pourtant c'est chez moi. Enfin, c'est supposé être chez moi.

- C'est à cette heure ci que tu rentres ? Je reconnais la voix de ma mère.

Elle appuie sur l'interrupteur de l'entrée pour allumer la lumière alors qu'elle s'approche en robe de chambre. Comme si il faisait assez froid ici pour porter un truc aussi épais. J'enlève mes chaussures avant de répondre quoique ce soit et les repousse à l'aide de mon pied pour les mettre un peu sur le côté.

- J'étais chez Louis, pour réviser. C'est un mensonge, en tout cas pour les révisions.

- Te fou pas de moi Liam.

- J'étais vraiment chez Louis. J'ai relevé les yeux vers elle avec un air complètement sérieux.

- Ton père dors alors ne fais pas de bruits. Je ne lui dirais rien mais fais bien attention.

Je sais pas comment le prendre, on dirait une menace et ça ne m'étonne pas vraiment. Cela dit, je n'ai pas vraiment envie de la contredire ou d'en discuter plus longtemps alors j'acquiesce sans un mot en posant ma veste sur le porte manteau. Elle me tourne le dos pour monter à l'étage et avant qu'elle disparaisse dans l'obscurité je lui lance deux petits mots sans importances.

- Bonne nuit.

Pourtant c'est bête mais j'aurais bien voulu qu'elle me souhaite une bonne nuit à moi aussi.

Two Months { ZIAM } ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant