Une plage de sable blanc, une mer sans vagues, des champs à ne plus en finir, un vieux monsieur qui parle bizarrement, et Jun. C'est là qu'il s'est réveillé par hasard, sans avoir la moindre idée du pourquoi du comment. Et puis il y a eu cet homme q...
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Nous marchons pendant de longues minutes. Plus le temps passe, plus le nombre de personnes présentes diminue. On se trouve dans une espèce de petite ville, qui, d'après mes connaissances ressemble à l'Allemagne, où la France ; en réalité je ne sais pas grand chose, j'ai juste vu des photos. Il y a une très grande majorité de bâtiments à colombages. C'est un style que j'aime beaucoup, mais du coup je suis encore plus perdu et même désespéré ; je ne suis pas en Corée du Sud, j'ai voyagé dans un endroit que j'ignore. Et puis, après avoir passé une petite ruelle, voilà que nous sommes devant un champ de fleurs. En m'approchant un peu plus, je vois ce qui semble être des cactus.
— Évite de te piquer et va dans le sentier sur ta droite, me surprend Ho-dong.
Je m'exécute. Le vieil homme me suit de très près, ce qui a le don de ne pas me rassurer. Il ne m'a toujours pas dit ce que je faisais là. Nous parcourons quelques mètres l'un derrière l'autre avant de nous retrouver en bas d'un immense rocher. Je regarde autour de moi pour voir s'il n'y a pas un chemin, mais je suis déçu de constater que la promenade semble s'arrêter ici. Ho-dong et assez loin derrière moi, alors, étant donné que les fleurs ne sont pas hautes, je tente de les enjamber. Mais les cactus ne sont pas d'accord, et je me fais piquer. J'ai senti un cactus bouger pour se rendre au-dessus de mon genoux gauche, sur le côté de ma cuisse, donc je ne suis définitivement pas sur Terre.
— Si le chemin s'arrête c'est qu'il y a une raison, tu ne penses pas ? Me lance le vieux.
— Déjà si vous m'expliquiez ce que je fous là, ce serait bien ! Dis-je assez sévèrement. Où on est ici ? En Nouvelle-Zélande ? Sur Mars ? Dans un rêve ? Éclairez-moi si vous êtes si intelligent.
— Tu as déjà été en couple ?
Je suis abasourdi. Je suis l'homme le plus perdu du monde, et Monsieur Kang Ho-dong que je connais depuis une heure seulement me demande des informations sur ma vie amoureuse. Il change complètement de sujet, ce que j'apprécie très peu. Je mets un certain temps à lui répondre, puisque je me demande pourquoi il me pose une question si étrange dans ces circonstances. Il me lance un regard insistant. Il ne lâche pas l'affaire.
— Oui, plusieurs fois, répondis-je assez hésitant.
— Ces histoires étaient-elles sérieuses ? Quand as-tu eu ta première petite amie ?
Comment sait-il que j'ai été avec des filles ? J'ai de plus en plus peur. Je veux m'enfuir, mais en me retournant, je fais face à une étendue de cactus soudainement devenus hauts. Alors je regarde l'homme qui m'accompagne que je vais décrire comme mon guide. Il n'a pas l'air de se soucier de mon état. Donc je fais ce qu'il me demande, peut-être que cela pourra m'éviter la mort.
— La première que j' ai eu ça a duré presque deux ans. La fille d'après, un peu plus. La suivante, que quelques mois, et Minghao... Je ne la considère pas finie, même s'il n'est plus là. Et donc la première c'était quand j'avais 15 ans.
— Tu vas sur tes 26 ans mais tu n'as pas chômé pendant ces dix dernières années. J'aimerais savoir pourquoi tu t'es séparé d'elles pour aller en retrouver une quelques temps après.
— À la rentrée du lycée, je me suis mis en couple avec une fille que je connaissais bien, Fang-yu. Mais au bout d'un an à peine, je suis allé voir ailleurs, avec une certaine Da-xia. Fang-yu l'a appris alors elle m'a quitté. Donc après j'ai fait ma petite vie avec Da-xia, mais je trouvais qu'elle allait trop se faire désirer auprès d'autres hommes parfois bien plus âgés. Je l'ai quittée. Puis j'ai trouvé Xiao-tong. Mais il ne se passait rien avec elle. Donc d'un accord commun, on s'est séparé. En y repensant, je crois ne jamais avoir ressenti de réels sentiments amoureux envers ces filles. Mais c'est quand j'ai rencontré Minghao que j'ai compris que je m'étais trompé. J'aimais les hommes, c'est tout.
Suite à mon monologue, le silence commence. J'attends toujours une quelconque réaction de la part d'Ho-dong. On dirait qu'il réfléchit à mes paroles. Il fait les cent pas dans le tout petit espace qu'il reste. Je reste planté comme un piquet pendant plusieurs minutes sans savoir quoi faire. Puis, je perçois un petit sentier se dessiner. Bien trop curieux, je commence à marcher d'un pas rapide tout en contournant cet immense rocher. Mais mon euphorie s'arrête vite quand je constate que comme au début, je me retrouve devant une plage.
