Chapitre 19 : bertlham

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La guerrière se retourne juste à temps pour parer un coup de mek'leth avec son d'k tagh. Le corps décapité de son ami s'effondre au sol. C'est comme si le temps s'arrêtait. Elle ne connaît pas le guerrier qui l'attaque, derrière lui se trouve Toral, fils de Duras et encore derrière, une jeune klingonne se relève après avoir égorgé Jaglom Shrek. Le trio s'est probablement téléporté à bord de la navette après avoir compris sa stratégie.

La tête tranchée de son ami la regarde. Un souvenir puissant explose dans ses tripes. Un souvenir de douleur, de rage et de sang.

Un voile rouge s'interpose devant son regard.

Le temps reprends son cours.

Sans laisser l'occasion à son adversaire de réagir, avec sa main libre, elle attrape la sienne, celle qui tenait le mek'leth, puis tout en se décalant sur le côté exerce une torsion, elle coince le coude avec son poignard puis d'un mouvement brusque, lui brise le bras. Une odeur de moelle osseuse lui monte aux narines. Puis elle l'égorge avec sa propre arme.

Toral lève son disrupteur dans sa direction, mais malgré son âge avancé, elle est plus rapide que lui et lui tranche le poignet d'un coup de mek'leth avant d'enfoncer son d'k tagh entre les côtes jusqu'à son cœur. Puis de toutes ses forces, elle jette le corps sur la klingonne encore dans le couloir.

Elle est armée de deux mek'leth, mais entre le cadavre de son chef et les parois, elle n'a pas assez d'espace pour les utiliser convenablement.

Krivat lui saute littéralement dessus, elle la mord dans le cou, puis lui coince les bras en s'agenouillant dessus. Et elle frappe, elle frappe sans s'arrêter jusqu'à ce que le visage ne soit plus qu'une bouillie informe.

Sans se relever, elle rampe en glissant à moitié dans les flaques de sang jusqu'à la tête de Pègrwi', elle le regarde dans les yeux, puis relève la tête en hurlant.

Rage et colère.

Le calme après la tempête.

Un bruit de toux et de gargouillis se fait entendre. Elle se relève. L'yridien est mourant mais toujours en vie. Il la voit, et essaie de parler.

Elle s'approche et s'agenouille devant lui.

— Tu a la gorge tranchée, tu ne pourra pas parler, dit-elle.

— Si, mon corps ne fonctionne pas tout à fait pareil que le tien, répond-il d'une voix faible.

— Tu survivras ?

— Non, laisse moi parler. Il y a une chose que je ne t'ai pas dit, je sais aussi pourquoi le trio qui a trouvé l'arme ne l'a pas ramenée, que ce soit à Kronos ou à Boreth. Je ne sais pas si c'est un phénomène physique ou juste psychologique mais cette arme rends les klingon·ne·s fol·le·s d'ambition, les deux klingons de l'expédition ont failli s'entretuer pour elle. Explique-t-il de manière entrecoupée par plusieurs silences, quintes de toux et épanchements sanguins.

La klingonne attend pour voir s'il a terminé sa phrase, elle le regarde agoniser un court moment puis elle saisit un regard implorant. Elle ramasse le disrupteur de Toral, se met debout et l'achève d'un tir dans la tête. Des morceaux de cervelle brûlée éclaboussent son visage, les parois et les corps alentours.

Une odeur de fer dans les narines, Krivat desserre ses poings tendus par le sang en train de sécher, le visage baigné de la lumière des étoiles trinaires, elle regarde dans le trou de la coque à travers le champ d'intégrité structurelle, l'arme légendaire, le bat'leth merveilleux flotte dans le vide de l'espace. Des reflets dorés chatoient à sa surface au gré des rotations.

Elle ressent la tentation, la terrible tentation de l'objet. Mais elle résiste.

Il n'est pas temps.

L'empire doit retrouver les racines de son honneur chancelant. Le fond du propos de Kahless. Elle, qui l'a étudié toute sa vie, elle n'est toujours pas sûre de l'avoir compris.

Elle se remet aux commande de navigation, outrepasse toutes les sécurités et programme un passage en distorsion. Dans l'état où est la navette, elle se désintègrera dans le subespace sans laisser de traces.

Elle n'est pas sûre de savoir ce qu'est l'honneur, mais elle est sûre de ce qu'il n'est pas. Une collection de victoires guerrières, un ramassis de phrases toutes faites, une accumulation de titres et de pouvoirs, un héritage familial, un code génétique que l'on peut répliquer ? Rien de tout ça.

Ce qu'elle sait par contre, c'est qu'elle est droite dans ses principes, au clair avec elle même.

En elle-même elle se dit :

— bIQ'a'Daq 'oHtaH 'etlh'e', il n'y a plus de retour possible.

Sereine, elle enclenche la commande.

La bulle subspatiale se forme, la carlingue brisée du vaisseau s'étire et se désagrège dans un éclair flamboyant.

Juste avant de mourir une dernière phrase se forme dans son esprit.

— reH tlhIngan wo' taHjaj!

Fin

qeylIS lorQoD je lut ja' QIvat - Krivat conte : La légende de Kahless et LorkrodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant