Epilogue ou le besoin d'essayer

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Dire au revoir, dire adieux. C'est tellement difficile de vivre avec une personne, de la côtoyer jour après jour ; et de devoir accepter son départ. Brutalement comme ça. Sans pouvoir y faire quoi que ce soit, sans pouvoir lui dire au revoir ou lui dire "je t'aime" une dernière fois. Je déteste la vie de nous faire subir ça.

De ne pas nous préparer avant de nous forcer à accepter. On aurait pu passer tellement plus de bons moments, on aurait pu se voir plus souvent. C'est à ces moments là que tu percutes en fait, que tu regrettes, que tu culpabilise d'avoir dit certaines choses. De n'avoir pas mis certaine de tes priorité sur pause. D'avoir raté ces moments où tu aurais pu gagner un peu plus de temps.

Ces dans ces moments là où tu te prends une claque dans la gueule. Tu te demande pourquoi c'est arrivé, pour c'est sur cet humain que le sort à décidé de s'acharner. Pourquoi maintenant, pourquoi l'un de tes parents ?

Personne n'est jamais prêt à subir ça. Je crois même qu'on ne s'y attends même pas. Du jour au lendemain tu disparais. Tu ne peut plus me parler, m'engueler ou me prendre dans tes bras. Et moi je ne ne peux plus continuer à prendre soin de toi.

Alors peu à peu je me souviens. Je me souviens de toutes ces fois où je voulais mais où je n'ai pas osé, ces fois où l'on s'est disputés. Je me souviens de tous ces bons et mauvais moments passés. La vie les a envolé. C'est se rendre compte que ce ne sera plus jamais pareil. Tout vas changer, un énorme vide va s'installer tandis que le soleil va continuer à se lever.

Tu es partis mais tu resteras toujours avec moi, dans mes pensées, dans ma tête, sur les photos et les vidéos. Et ce prochain soir d'été j'irais faire la fête. T'es partis mais je ne t'oublierai pas, jamais.

Tu laisses plus qu'un vide derrière toi, tu laisses une falaise entière. A la mer je dédie cette prière... Il y aura toujours un abîme à l'intérieur de moi, mais je veux laisser le vent y entrer je crois. Car, il y aura toujours quelque chose qui me fera penser à toi.

Même si le temps et les mois passent je ne sais toujours pas si j'arriverai à vivre pleinement sans toi. Je ne sais pas si j'arriverai à sourire en entendant ton prénom, ni lorsque l'on me posera des questions. Parce que tu me manques et je pense que tu me manquera pendant longtemps encore, violemment et profondément.

Je me dis que la vie aurait pu attendre un petit peu avant de t'arracher à moi. Elle aurait pu me laisser un peu plus de temps avec toi. Si j'avais su, j'aurais fait le tour du monde à tes côtés sur un voilier. J'aurais profité de chaque seconde qui passait, je t'aurais dit « je t'aime » un milliard de fois. Mais ce n'est pas comme ça que l'on communiquait, hein Papa...

Pourtant je crois que je n'aurais jamais hésité à te prendre dans mes bras mais maintenant le seul souvenir que je garde c'est cette étreinte d'adieux que l'on s'est échangé ce jeudi sur ce lit. Je savais déjà que c'était fini quand je suis partie, que j'ai quitté cet endroit de blanc sachant que le lendemain on te permettrait de rentrer, enfin, comme les petits enfants.

Je ne sais pas où tu es mais sûrement dans le plus bel endroit que tu avais imaginé. J'espère sur cette plage, "ta" plage comme tu le disais. Mais surtout, surtout en paix pour que personne ne puisse t'embêter. Et, je ne sais pas si un jour je pourrais te retrouver, si comme on le dit quand je partirais je pourrais te rejoindre là où tu es.

Au milieu de tout ce qui est dur, une chose est sûre, je ne t'oublierai jamais. Ni toi, ni ton sourire, ni ta joie de vivre. Je n'oublierai jamais, je me rappellerai le héros que tu es resté, la belle et généreuse personne qui a tout fait pour essayer même à distance de me rendre heureuse. A ton sens de l'humour qui ne t'as jamais abandonné.

Merci. Merci d'avoir fait partie de ma vie et j'espère que de là haut tu es fier de moi. Fier de la personne que je suis devenue. Je t'aime, je t'aimerai toujours et peut être un peu plus de jour en jour. J'ai toujours mis énormément de temps à me remettre de mes blessures, à les accepter même, à être capable de les regarder. J'espère qu'un pas est fait, souvent je me retrouve encore paralysée.

J'ai perdu mon père, et toi, pire, tu as perdu ta fille à cause du cancer. Dernière et ultime barrière mais qu'est ce que l'on aurait pu y faire ? Condamné à quitter cette terre... Je n'avais pas le coeur assez grand pour te dire tout ce que je pense maintenant, un diagnostic mortel comme cadeau d'anniversaire à l'aube de mes 16 ans. C'était trop tôt.

Tu resteras toujours gravé à l'intérieur de moi. Et je te promet qu'à chaque fierté, à chaque erreur, à chaque obstacle je penserai à toi. Mais j'aimerai tant que tu sois prêt de moi, Papa.

Ma vie avec Toi CancerWhere stories live. Discover now