59] Insomnie

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Delaunay ne dort pas.
Cali non plus.
La nuit est tombée depuis longtemps.
Chacun regarde le plafond de sa chambre avec détachement.

Simultanément, comme s'ils étaient l'un à côté de l'autre, ils se redressent assis avant de retirer la couverture de leurs jambes et de se lever.
Lui prend son arme de service dans son tiroir. Elle un drap propre dans son armoire.

Ils vont jusqu'à leurs salles de bains où ils y allument la lumière avant de refermer la porte derrière eux. Ils se positionnent en face de leur miroir et fixent leur reflet comme s'ils pouvaient y voir Ange, ou leur propre âme.
Ils entrouvrent leur bouche et murmurent à leur disparue:

-J'ai cru que tu étais céleste, parfaite.
-J'ai cru que tu ne deviendrais pas ce qu'on m'avait prédit.
-Je t'ai aimé, tellement aimé.
-Je t'ai aimé, malgré tout.
-Je t'ai fait l'amour dans cette forêt, je t'ai donné mon âme.
-Je t'ai sorti de ma chair, je t'ai donné mon sein.
-J'aurais dû te tuer la première fois que je t'ai vue.
-J'aurais dû te tuer lorsque tu étais encore dans mon ventre.
-Mais j'étais aveuglé par la passion.
-Mais je ne pouvais pas m'y résoudre.
-Désormais tu ne feras plus jamais de mal à personne.
-Tu as rejoins ta sœur.
-Tout est ma faute.
-Tout est ma faute.

Delaunay désactive la sécurité de l'arme.
Cali attache une extrémité du drap à la barre du rideau de douche.

-Pardonne moi de t'avoir laissé souffrir.
-Pardonne moi de t'avoir laissé vivre.

L'homme pose le canon contre sa tempe.
La femme enroule l'autre extrémité du drap autour de sa gorge.

-Oh mon ange...
-Oh ma chérie...

Il appuie sur la détente.
Elle saute du rebord de la baignoire.

L'amant et la mère sont alors chacun recouvert d'une aile blanche et protectrice et, délicatement, l'ange les emporte, comme si jamais aucune souffrance n'avait frôlé la terre...







••• FIN •••

AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant