Ange est allongée sur le sol comme une étoile, les jambes et les bras écartés. Elle fixe le plafond sans cligner des paupières et respirant si doucement qu'on la croirait morte.
Elle est encore en sous-vêtements et le corps recouvert de sang.
La scie est à quelques mètres d'elle, sanguinolente, et les morceaux de viande sont dans des sacs plastiques dans le congélateur.
Lorsqu'elle aura nettoyé le liquide rouge qui recouvre son parquet, il sera impossible de savoir que le cadavre est encore là, prêt à être dévoré à tout instant.
Le goût de la chair est encore sur sa langue. Et tout en continuant de délecter le souvenir gustatif sur ses papilles, elle réfléchit à la stupidité de l'être humain.
Le cannibalisme serait la résolution de tout.
La résolution de la surpopulation, de la famine mondiale, de l'exploitation de la Terre.
Manger les personnes trop vieilles et trop inutiles pour faire vivre les personnes actives et jeunes. S'auto-suffire, sans se mettre au dessus d'une autre espèce. Et surtout, passer dans l'ordre des choses de prédateur à proie. Le cycle de la vie.
Mais non. L'humain préfère être égoïste. L'humain a peur. Alors il préfère continuer de détruire son environnement naturel en espérant que l'apocalypse qui l'attend soit encore trop loin pour que sa petite personne ne la vive.
Ange trouve cela totalement stupide. Mais elle ne s'en offusque pas. Parce qu'après tout, la fin de l'humanité qui approche si vite sera sans doute la meilleure chose qui puisse arriver à cette planète. Et elle aimerait voir cette apocalypse de ses propres yeux.
Elle ne sera triste en rien. Ni en colère. La fin est quelque chose d'inévitable. Alors quitte à mourir, autant que ce soit dans le chaos et les flammes, entourée de hurlements, de larmes et de désespoir.
Ce qu'elle trouve aussi stupide est encore cette manie que l'humain a pour le sexe.
Elle le sait. Depuis très longtemps. Et cela joue en sa faveur mais elle n'en revient presque toujours pas qu'à cause de ces pulsions si bestiales elle ait à son actifs deux morts.
Si ces deux hommes n'avaient pas été aveuglé par leurs envies primitives ils seraient l'un comme l'autre toujours en vie. Alors après tout, ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux même...
Mais au fond, Ange se demande réellement ce qu'est cette force inconnue pour elle qui les anime tous.
Est-ce identique à ce qu'elle ressent lorsqu'elle dévore de la chair humaine?
Au bout d'un moment, son corps finit par se ranimer et elle lève doucement sa main droite qu'elle fait glisser le long de son bas ventre et sous sa culotte.
Totalement au hasard elle se met à toucher et à caresser son sexe. Elle va lentement, rapidement; elle entre un, deux et même trois doigts en elle; elle joue avec ses lèvres; elle tapote son clitoris mais rien. Rien. Rien.
Au bout d'un dizaine de minutes sans le moindre résultat elle retire sa main, exaspérée de la situation et lâche un long soupire frustré en se redressant et en levant les yeux au ciel:
-C'est ridicule...
