Chapitre 12 : Sam ✔︎

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Je l'observe. Elle est magnifique. Ses yeux d'un bleu aussi clair que le ciel, ses boucles brunes qui retombent dans son dos et sa peau douce. Dommage qu'elle n'était pas mienne. Elle appartenait déjà à un autre, et cela me brisait intérieurement. Elle ne leva pas une seule fois les yeux, sans doute de peur de croiser mon regard.

Pourtant, je voulais qu'elle me regarde. Je voulais voir ses yeux bleus. Je voulais ressentir ce frisson qui me parcourait sans cesse quand nos regards étaient soudés... Mais elle s'obstinait à regarder tout sauf moi.

Je le voyais bien, et cela m'attristait.

Mon coeur était brisé. Mais par elle, c'était un honneur.

J'allais briser la glace (enfin j'allais essayer) quand une dame noire en blouse blanche vint nous interrompre.

Enfin, on ne peut pas dire qu'elle nous ait interrompus, étant donné la "densité" de la conversation...

— Jeunes gens veuillez me suivre, dit-elle, sans une once de gentillesse dans la voix.

Je levai rapidement les yeux vers elle, et la détaillai. La peau noire, ses tresses ramenées en un chignon bien soigné, elle me faisait peur avec son air sérieux... Elle ne nous regardait même pas, ses yeux étaient rivés sur une tablette qu'elle tenait dans ses mains. Elle bidouilla l'écran plusieurs fois avant de s'arrêter brutalement.

— Bon, vous allez lever vos fesses de ces chaises oui ou non ? J'ai pas tout mon temps, nous réprimanda-t-elle, irritée.

Cette phrase me mettait hors de moi. Comment osait-elle nous parler comme ça ?! S'il n'y avait eu que nous deux, je lui aurais bien réglé son compte.
Mais là, il y avait elle, donc je ne pouvais pas. Je ne voulais pas lui montrer mon côté violent de peur de l'effrayer encore plus.

Elle m'avait dit qu'elle détestait la violence, et les gens violents.

Quand nous étions en primaire, je ne me contrôlais pas du tout, et quand quelqu'un m'énervait, je le frappais, tout simplement. C'était ma logique, aussi idiote soit elle.

Mais Lia était arrivée dans ma vie, et avait réussi à me calmer, et elle m'avait énormément aidé.

Malheureusement, après l'incident, tout ce qu'elle m'avait appris c'était envolé. Je pris conscience de ma connerie, celle de ne pas avoir répondu à Lia, ma douce Lia. Celle qui m'émerveillait le jour, celle qui occupait mes rêves la nuit. Je l'avais laissée sans réponse, alors qu'elle m'aimait.

Je l'aimais aussi, mais je n'avais pas été assez fort pour le lui dire.

Ma violence avait alors refait surface. Je n'arrivais plus à me contrôler, et je frappais quiconque me tapant sur les nerfs, au grand désespoir de Lia.
Elle me voyait défiler presque toutes les semaines dans le bureau du directeur, principal, proviseur, parfois le visage ensanglanté, parfois avec les mains tachées de sang. Elle me voyait dans la cour, frapper les autres. Je voyais alors son visage déçu, et triste. Mais elle passait son chemin, n'ayant pas la force de se battre contre moi.

Il y eut un instant de silence avant que nous réagissons.

— O... Oui, nous balbutions tous les deux.

Elle se leva, avec son sac à main. Moi je restai là, comme à réfléchir.

— Tu... Tu viens ? me demanda-t-elle timidement.

— O... Oui, j'arrive, lui répondis-je, interloqué.

Elle avait parlé tout bas, mais je l'avais quand même entendue. J'étais éberlué par sa voix. Elle était pure comme du cristal. Elle était tout simplement magnifique.

Tout comme toi.

Lia.

Si proches... Et pourtant... [EN RELECTURE]Where stories live. Discover now